Le concordat et les prêtres réfractaires

La philosophie des lumières prend la religion pour cible privilégiée, elle tend à opposer un déisme fondé sur la raison au superstition dont serait porteuse l’église.

Ce mouvement ne fut pas areligieux puisque la plupart des philosophes des lumières ont démontré la nécessité de la religion comme élément de base de la vie sociale, comme Rousseau dans le contrat social qui explique qu’une société ne peut vivre sans religion, fut elle civique.

La religion est un facteur d’ordre social, Napoléon le comprendra fort bien.

La révolution française modifie les rapports entre l’église et l’état, le pluralisme religieux est affirmé par la déclaration des droits de l’homme, le clergé perd son statut privilégié tandis que les protestants deviennent des citoyens à part entière, suivis par les juifs.

L’église perd ses biens qui sont nationalisés puis vendus, en échange l’état s’engage à subventionner le culte.

Une constitution civile du clergé est rédigée mais le Pape la récuse, l’église se fracture, d’un côté ceux qui se range du côté du Pape et les autres.

La fin du monopole de l’église entraîne la laïcisation de l’état et de l’état civil, l’église perd son influence sur l’éducation.

En 1793 commence la politique de déchristianisation.

Au même moment Bonaparte prend le pouvoir.

Les révolutionnaires s’en sont pris à tous les cultes mettant en place un culte du substitution sous la forme du culte de l’être suprême.

Ce courant « la theophilanthropie » émerge en 1796 et regroupe les déistes croyant en l’immortalité de l’âme mais soucieux d’un culte épuré, ils jouissent du soutien de l’état.

L’onde révolutionnaire touche d’autres pays d’Europe (Italie…) partout les cadres de l’église sont désorganisées et leurs biens confisqués.

En 1797 les autorités exigent des prêtres qu’ils prêtent serment de haine à la royauté, ce qui suscitent une vive opposition et une vague d’émigration des prêtres.

En 1801 Bonaparte signe le concordat et mets habillement en valeur son rôle de pacificateur et de restaurateur des cultes sachant que la paix civile passe par la paix religieuse.

A la veille du concordat l’église est divisée en deux, l’église constitutionnelle composée de prêtres ayant accepté la constitution civile et l’église réfractaire composée de prêtres ayant refusé le serment en 1791, dont les membres furent contraints à l’exil, déportés, emprisonnés ou exécutés.

Après la chute de Robespierre les prêtres réfractaires sont de retour et sortent de la clandestinité .

L’église réfractaire est la plus nombreuse, la cohabitation entre ces deux églises est loin d’être pacifique, les réfractaires chassant les prêtres constitutionnels.

Le retour des prêtres réfractaires crée un dynamisme et un retour des français à l’église.

Inquiet les pouvoirs publics décident d’arrêter plusieurs prédicateurs, rappelle l’interdiction de sonner les cloches, ordonne aux préfets de contrôler les églises et de fermer les édifices dangereux et d’interdire aux prêtres réfractaires l’exercice du culte.

Ces mesures sont insuffisantes pour freiner le retour à la pratique des français.

L’église fragilisée par la création en France d’une église constitutionnelle semblait vivre ses dernières heures.

Le 07/1/1801 est créé l’administration des cultes, sa première affaire sera de sélectionner de futurs évêques, dès lors ils seront toujours nommés par le gouvernement et ne reçoivent plus leur investiture canonique du pape.

Ces évêques choisissent ensuite leurs collaborateurs .

Après avoir redessinés les paroisses les évêques sont chargés de leurs attribuer un prêtre.

Napoléon crée un clergé au service de l’empire.

Ces chefs sont attachés au gouvernement.

Les évêques sont invités à raviver le patriotisme des fidèles.

En échange de leur soutien les évêques sont choyés par l’empire.

Cependant la surveillance du clergé ne se relâche pas, les sermons sont étudiés, le moindre écart de langage est signalé aux autorités.

Les lettres épiscopales sont soumises à la censure.

Napoléon veille à la bonne marche des affaires ecclésiastiques car il sait que le clergé peut constituer une force d’opposition redoutable.

Pour éviter toute opposition et tout fanatisme, Napoléon décide de préparer des successeurs plus éclairés en créant des séminaires qui seront au main des autorités, des écoles dirigées par des professeurs dévoués au gouvernement.

« La petite église » désigne les dissidents, les opposants au concordat, ils sont pourchassés à travers le pays, surveillés et arrêtés, ils ne survivent que dans la plus grande clandestinité.