L’islam en Kabylie
Bejaia était une terre de savants, où régnait la piété.

Les savants étaient des guides et avaient de nombreux élèves.
Parmi ces savants:
-Abou Madyan Chou3ayv né en Andalousie, spécialisé dans le fiqh, ami d’Abdelqader al djilani, il a combattu au côté de Salah dine Al ayyoubi lors de la bataille de Hattin où il laissa son bras, par la suite il s’installa à Bejaia où il enseigna pendant 30 ans et forma de nombreux savants.
-Yahya ben Maati à Nahwi (1169-1231) est né sur les hauteurs de Djurdjura, il enseigna à la grande mosquée de Damas ainsi qu’à Al Azhar, il écrivit de nombreux ouvrages dont le plus célèbre est « ad dura Al alfiyya » un traité de grammaire en 1000 vers.
-Mohamed ben Ali ben Hammad essanhadji el Kalai est né à Bouira, il étudia à Bejaia puis à Alger et Tlemcen, durant le règne des Mouwahidine il fut nommé cadi en Andalousie.
-Mansour ben Ahmad ibn Abdelhaq Nassir ed dine El Machdali (1235-1335)
Il étudia le dogme, le fiqh et le hadith en orient puis occupa le poste de mufti à Bejaia.
Ibn Khaldoune elogera sa méthode d’enseignement dans sa célèbre « muqqadima »
-Abou Al Abbas Ahmad ben Idris,
Ibn khaldoun fut son élève et dit de lui « l’imam le plus grand savant de Bejaia ».
Il est né à Bejaia où il a étudié, il continua ses études à Al Azhar, à son retour il enseigna à Bejaia, on lui doit de nombreuses fatwa et un commentaire sur le précis de fiqh malikite « Al mukhtassar » d’ibn El Hajib.
-Cheikh Ibrahim ben Caïd az Zwawi né en 1343, il fut un interprète du Coran et se distingua dans son explication de mukhtassar Khalil, ses fatwas furent célèbres au Maghreb et en orient.
-Ibn Khaldoun né en Tunisie étudia à Bejaia et rappela le rôle de cette ville dans la diffusion de la science, il enseigna lui même dans la mosquée de la qasba de Bejaia.
-Mohamed Touati (1385-1495)
Il fut un des plus grands savants de Bejaia, ses exégèses étaient célèbres dans tout le monde musulman, il protégea la ville des espagnols, sa Madrassa enseignait toutes les disciplines et servaient de refuge aux conquérants marins, il reçu plus de 3000 étudiants.
Cheikh El Wartilani (1713-1778) disait « la science coulait des cœurs des gens de Bejaia comme coule l’eau des sources »
La chaîne des disciples Nasir Eddine ayant commenté à Bejaia le « mukhtassar » d’ibn Al Hadjib :

-Ibn El Kharrat (1116-1185) célèbre mouhhadith de la ville de Bejaia qui écrivit de nombreux livres sur le Coran, les finalités de la sharia…
Et bien d’autres savants.
La qasba de Bejaia où enseigna Ibn Khaldoune
Au moyen âge Bejaia était considéré comme le centre d’enseignement le plus important du Maghreb on venait y étudier au même titre que Le Caire ou Tunis. Il y avait de nombreuses Madrassa tel que bayt Al Hikma et madinat Al ilm
Le philosophe Catalan Raymond Lulle y séjourna en 1307 et eut de nombreux débats avec les savants de la ville au sujet des dogmes chrétiens et musulmans.
La ville connu également de grandes femmes savantes qui y étudièrent et y soutenir leurs thèses comme Rokia bent Abdelqawi et Aicha ben Amara.
Ibn Toumert y séjourna et fut le premier à traduire le Coran en langue tamazight.
Bejaia et ses savants contribuèrent à diffuser l’islam à travers toute l’Afrique.
En 1510 elle fut occupée par les espagnols qui détruisirent ses mosquées et ses écoles et brûlèrent ses bibliothèques.
Baba Arroudj et Kheiroudine tentèrent en 1512 de conquérir la ville aidés par 20 000 montagnards mais ils échouèrent.
Au temps de Salah Rais le pacha d’Alger accompagné de 40 000 montagnards et d’une flotte Ottomane libéra enfin la ville.
Durant la colonisation Française :
Le cardinal Lavigerie dit « il faut inspirer à leurs enfants d’autres principes que ceux du Coran »
Pour cela la France implanta des écoles françaises et s’attaqua aux Madrassa.
Puis dans le but d’effacer leur identité, les autorités françaises firent une loi sur la nationalité proposant la naturalisation à quiconque renierait ses coutumes et ses moeurs, les savants algériens déclarèrent apostat qui se naturaliserait.
Les Mosquées furent transformées en églises, en magasins, en casernes et même en étables.
La France tenta d’annuler la loi musulmane fondée sur le Coran et la sunna la limitant aux affaires personnelles comme le mariage uniquement.
Le gouverneur général De Gueydon, le 22/03/1874 déclara: la justice entre dans le cadre de la souveraineté. Le juge musulman doit fléchir devant le juge français.
Eugène Fourmestraux écrit en 1830 qu’avant 1830 presque tous les algériens s’avancent lire et écrire et qu’il y avait dans chaque village des écoles, après 1830 les français privèrent les algériens d’instruction.
Berbrugger raconte « nos expéditions militaires ont fait disparaître la majeure partie des livres et anéanti la plupart des madrassas. »
A partir de 1864 la politique d’évangélisation débuta, axant leurs efforts sur la Kabylie.
Se cachant derrière des actes humanitaires dans cette période de misère et d’épidémie les mères blancs et les sœurs firent leur apparition et gagnèrent la sympathie de la population, s’occupant des orphelins, des enfants…
L’historien Abou Al Qasim saad souligne que l’église catholique constituait la 5e colonne de l’armée.
La main du soldat qui brûlait et tuait était suivit de la main des hommes d’églises qui pensaient les plaies.
Mais les deux mains appartenaient au même corps.
Le 28/08/1874 un arrêté gouvernementale abrogea les tribunaux islamiques en Kabyles
Boudjellil était une ville connu pour son penchant religieux ou étudiaient de nombreux élèves chez le cheikh Oubelkacem connu pour son rejet de la politique d’assimilation.
A la proclamation de l’insurrection lui et ses élèves et la population de la ville s’engagèrent dans la bataille.
L’armée réprimanda brutalement la population.
La madrassa de sidi Saïd Ibn abi Daoud azzouaoui du village de Taslent (a proximité d’akbou) fut fréquenté par des étudiants du monde entier, ils y étudiaient la rissala d’ibn abi zayd ainsi que le résumé de khalil, la madrassa était spécialisée dans l’enseignement de la aquida, du tafsir du Coran et de la science du hadith.
Parmi les savants sortis de cette madrassa le cheikh El Bachir El Ibrahimi
Dans toutes les madrassa de Kabylie les savants appellent à l’insurrection à laquelle avait appelé le cheikh El Haddad
Quand certains soulèvements furent brutalement réprimé nombreux fuirent vers la Tunisie afin de se protéger des colons mais les autorités locales les trahirent et les vendirent aux français.
Les meneurs de la résistance furent Al Mokrani et Al haddad et les insurgés étaient appelés les khouan (les frères en religions).
Après avoir propagé la révolte dans tous les villages à partir d’avril 1871, les contingents se réunirent, ils coupèrent les fils télégraphiques de la région et déclenchèrent l’insurrection.
Le général Lapasset déclara l’insurrection a gagné tous le pays et le cheikh El haddad est devenu un sultan aux yeux des kabyles.
L’attaque de Bejaia fut dirigée par Cheikh M’hand et Cheikh Aziz, le 21 avril les combattants encerclèrent Bejaia, le siège dura 2 mois.
Du 8 au 13 mai les 20 000 musulmans attaquèrent Bejaia défendu par 2000 français qui ripostèrent par des feux nourris des forts de la ville forçant les insurgés à se retirer.
Des renforts arrivèrent, de nombreux musulmans moururent et les autres furent obligés de capituler, le cheikh El haddad fut arrêté.
Les causes de la défaite :
La présence importante de traitres dans les rangs des musulmans
L’expérience de l’armée française, son armement plus sophistiqué et les entraînements dont bénéficie les soldats face à des volontaires algériens n’ayant que la foi en Dieu mais sans stratégie, équipement et organisation
En conséquence les tribus furent soumises à des impôts élevés, leurs terres furent séquestrées et livrées aux colons, les insurgés arrêtés furent emprisonnés à vie, déportés ou exécutés.
Des villages entiers furent rasés.
Le cheikh El haddad fut condamné à 5 ans de prison, le jugement prononcé il mourut, de nombreux savants participèrent à la janaza, le gouverneur de la ville refusa de donner le corps à sa famille afin qu’il soit enterré en Kabylie et obligea son enterrement à Constantine lieu de son décès.
Afin de diminuer l’influence spirituelle de la famille El haddad leurs biens furent séquestrés.
Les insurgés arrêtés furent exilés en nouvelle Calédonie.
La traversée dura 5 mois, les prisonniers sont transportés dans des cages et leurs noms et prénoms sont changés par l’administration coloniale, ils ne voient pas le jour durant le voyage et souffraient d’une mauvaise alimentation ce qui entraîna de nombreux décès.
Ils sont ensuite parqués dans des dortoirs de 2 mètres de long dans des pénitenciers.
Certains étaient condamnés aux travaux forcés, d’autres au bagne et d’autres étaient libre de circuler.
« Yal menfi » le vieux chant des exilés:
Témoignage d’un déporté:
La population Canaque de nouvelle caledonie déclare la guerre aux colons français qui ne cesse de spolier leurs terres, certains déportés algériens se rangent du côté des françaises dans la répression des insurgés, ils seront alors graciés par l’administration en guise de récompense, quant aux autres ils prirent le parti des canaques.
Les déportés s’organisent ils construisent des baraques qui leur servent de lieu de prière, certains se marient avec des déportées françaises condamnées aux travaux forcés.
Le cheikh Aziz fils de cheikh Al Haddad réussit à s’échapper, il est le premier à s’échapper, à bord d’une petite barque il quitta la nouvelle caledonie puis il réussit à un intégrer un bateau à vapeur , il rejoint Sydney puis de Sydney il rejoint la Mecque en bateau en 25 jours, là il effectue le pèlerinage, s’y installe jusqu’à obtenir une réputation importante et une grande influence.
Il épousa là bas une éthiopienne.
Il tentera de rentrer en Algérie mais en vain.