L’Espagne musulmane

L’Espagne musulmane

En Espagne, la conquête musulmane fut facilitée par les querelles des Wisigoths entre eux. Sahm est le premier musulman espagnol à avoir entrepris une expédition au-delà des Pyrénées. Voici l’Espagne musulmane en quelques lignes.

Sahm le conquérant

Du temps de Tarik Ibn ziyad, quelques détachements arabes atteignirent le Rhône, Avignon et Lyon avant de se retirer.

Vers 720, Sahm franchit les Pyrénées en direction de Narbonne avec une véritable armée.

Là, il donna l’assaut et s’empara de la ville. Il se dirigera ensuite vers Toulouse qu’il assiégera. Eudes le duc d’Aquitaine arrivera à temps pour délivrer la ville.

De nombreux musulmans moururent dont Sahm.

La relève de Anbasa

Ghafiri le remplaça, ce qui mis en colère le gouverneur d’Afrique. Après de nouvelles querelles, Anbasa, un homme du gouverneur, pris le pouvoir. Après Narbonne, il occupa Carcassonne et Nîmes. Il se dirigea vers le Rhône, puis la Saône, les Alpes et la Bourgogne. Mâcon, Châlons tombèrent également.

Des tensions internes

Les tensions au sujet du pouvoir entre Arabes et Berbères éclatèrent et s’accentuèrent en 740. Les affrontements en Afrique du Nord gagnèrent l’Espagne où les Berbères se plaignaient du mauvais traitement que leurs infligeaient les Arabes.

Depuis la conquête de l’Espagne, aucun d’entre eux n’avait été nommé gouverneur alors qu’ils avaient participé activement à la conquête.

Les Berbères se révoltent

Les Berbères se révoltèrent et décidèrent d’expulser les Arabes d’Espagne, mais ceux-ci réussirent à prendre le dessus. Ils furent contraints de fuir et de se réfugier dans les montagnes.

La chute des Omeyyades

En 750, les Omeyyades sont défaits par les Abbassides qui font de Bagdad leur capitale.

Les Omeyyades sont assassinés. Abderahman parvint à s’enfuir et, après de longues années d’errance, s’installe en Espagne.

Il y rejoint les chefs Omeyyades locaux. Il a alors 26 ans et prend la tête de l’armée. Il s’attaque aux rivaux locaux des Omeyyades.

Abderahman l’usurpateur

Youssouf Al fikri, l’émir d’andalous est tué. La dynastie Omeyyade est restaurée en Espagne alors que, depuis déjà 6 ans, elle a été anéantie à Damas.

Elle gouvernera Al andalous pendant près de trois siècles. Le général Mughit fut envoyé par le calife Abbasside Mansour en 763 en Andalousie pour reprendre le pouvoir à Abderahman l’usurpateur et rattacher Al Andalous à l’empire des abbassides.

Sans succès. En 777 le calife Mahdi enverra un de ces hommes le détrôner.

Sans succès. De nombreuses autres tentatives de prises de pouvoir de la part des Berbères et autres opposants eurent lieu et furent à chaque fois réduites par la force.

Solliciter l’aide de Charlemagne

Leur insubordination était telle qu’en 777 plusieurs rebelles n’hésitèrent pas à proposer à Charlemagne une alliance contre l’émir d’Espagne.

Ce fut Ibn Arabi devenu gouverneur de Saragosse qui prit cette initiative « la première où l’on vit des musulmans solliciter l’aide des infidèles contre leurs frères. » Il lui garantit qu’il serait maître en peu de temps de la Catalogne. Cette coalition qui réunissait les rebelles et Charlemagne était une réelle menace pour Abderahman.

Un véritable fiasco

Arrivés à Saragosse il assiégea la ville, du côté du Rhin et à Cologne, les Saxons avaient repris les armes et mirent la région à feu et à sang, Charlemagne leva le siège sans délai pour regagner son royaume, quittant les lieux son armée fut attaquée et pris au piège, de nombreuses pertes leur fut infligées.

L’échec fut complet.

Une mort et des éloges

Abderahman mourut en 788 à Cordoue, il était de grande taille, aux cheveux blonds, distingué par son courage et sa science. Son adversaire Abbasside Al Mansour fit son éloge.

Il était admiratif de son parcours, lui, qui avait fui l’orient et parcouru l’Afrique pour établir un royaume en Occident qu’il réussit à sécuriser malgré les menaces des Abbassides d’un côté et des chrétiens de l’autre.

Il dit à son sujet que personne n’avait réussi à faire cela avant lui.

Un héritier plein de piété

Hisham le 2nd fils d’Abderahman succéda à son père à l’âge de 30 ans, il était né en Espagne, blond aux yeux bleus, c’était un homme pieux, sérieux et cultivé. Il organisa des raids vers les principautés du Nord qui harcelaient les musulmans. En 791, il se dirigea vers la vieille Castille

. En 793 il expulsait les francs de Gérone et de Narbonne. Ses succès se multiplièrent et lui permirent de réunir un grand butin.

Les Vikings sèment la terreur

Au début du 9è siècle, les Vikings apparurent en Europe, semant la terreur, pillant villes et villages. En 833, ils prennent Nantes, Bordeaux et se dirigent vers la péninsule Ibérique. L’armée musulmane se charge de défendre Al Andalous et réussit à les repousser. Ils quittent alors l’Espagne pour la France où ils dévastent Arles, Nîmes et Valence et se dirigent vers l’Italie. Quand Abderahman 2 mourut Mohammed le remplaça et eut à affronter de nombreuses révoltes chrétiennes. Beaucoup plus grave fut l’insurrection de Omar Ibn Hafs descendant d’un wisigoth, le compte Alphonse, dont le petit-fils s’était converti à l’Islam.

L’Andalousie embrigadée

Celui-ci vécut longtemps dans une Andalousie de brigandage, harcelant le pouvoir en place et organisant la rébellion en se liguant aux divers opposants. Il finit par s’emparer de Cordoue. Mohammed mourut et fut remplacé par Abdallah, âgé de 40 ans, de taille moyenne, aux yeux bleus et aux cheveux roux. Sa mère était une princesse franque. Connu pour sa piété, il était apprécié de tous. Il lança une offensive contre Omar, l’obligeant à se réfugier dans la montagne, s’emparant de Cordoue. Omar se convertit alors au christianisme. Il meurt en 917 sans jamais ne s’être incliné devant le pouvoir d’un émir andalou. Sa mort ne ramène pas la paix pour autant et d’autres révoltes éclatent entre Arabes et Berbères, entre Muwallads et Arabes…

Abderahman III prend le pouvoir

Abderahman III prend alors le pouvoir et développe Al Andalous. Il y fit de nombreuses constructions, renforça l’orthodoxie sunnite face à l’expansion des Fatimides en Afrique du Nord et pacifia le pays.

À sa mort, le pays était prospère et protégé de ses ennemis. Mansour régna par la suite sur l’Andalousie en véritable dictateur. Il n’hésita pas à assassiner des opposants. Il eut d’ailleurs à déjouer plusieurs complots montés contre lui. Il envoya une armée attaquer Ziri le vice roi du Maghreb, fondateur de la ville d’Oujda, qui s’était révolté contre lui. Ses territoires tombèrent au main des andalous.

Mansour : un règne sans pitié

Le roi Bermudo de Léon profita que Mansour était occupé au Maghreb pour ne pas payer la jiziya, Mansour monta une puissante armée pour prouver sa capacité de vaincre à la fois au Maghreb et en Espagne. Il décida de frapper les Chrétiens dans ce qu’ils avaient de plus sacré : Compostelle .

C’est un lieu de pèlerinage vers le sanctuaire supposé de St Jacques le majeur, l’évangélisateur de l’Espagne, dont le lieu de son enterrement aurait été découvert grâce au rêve d’un ermite du nom de Pelage. L’armée se mit en route vers ce lieu et conquis toute la région. Les portes de la ville furent démontées et utilisées pour la construction de charpente de la mosquée de Cordoue.

En 1002 il mourut et fut enterré à Alcazar. Personne n’avait défendu les frontières comme lui.

Les Almoravides

Les Almoravides (mourabitoun) sont une dynastie berbérophone originaire de l’embouchure du fleuve Sénégal. Ils avaient conquis le Maghreb au cours de la première moitié du 11e siècle sous l’autorité de leur chef Youssouf Ibn Tachrin. Ils fondèrent entre autres la ville le de Marrakech. Partisans d’un malékisme strict, ils appliquaient avec rigueur la sharia. Plusieurs fois, on fit appel à eux pour repousser les invasions chrétiennes en Espagne et remettre de l’ordre dans un pays en pleine anarchie religieuse et fiscale. En effet, ils étaient les seuls à avoir la force militaire et le rigorisme religieux suffisant pour repousser l’envahisseur et résoudre les discordes. Youssouf accepta avec l’intention d’annexer l’Andalousie à son territoire.

Un soutien des savants

Après avoir sollicité des savants malikites l’excommunication des émirs locaux accusés d’alliance aux chrétiens et de perception d’impôts illégaux, il put justifier son attaque de l’Espagne et l’illégitimité des émirs locaux, il fit envoyer cette fatwa aux plus grands savants d’Égypte et d’Asie afin de faire confirmer l’opinion des savants Malekites. Il passa le détroit en 1086 et obligea Alphonse VI à lever le siège de Saragosse. Ils reprirent Valence, Talavera, Grenade, Cuenca… Mais perdirent d’autres villes comme Lerida, Tortosa… Ils réussirent à éloigner le danger chrétien et à installer leur pouvoir sur la région acclamé par la population en héros.

L’expansion du malikisme

Youssouf est un modèle de dévotion, priant et jeûnant souvent, sur son ordre les savants entreprennent de réislamiser le pays, ils font la chasse aux buveurs de vin, aux danseuses…

Le malikisme se propage, les livres accusés d’hérésie sont brûlés. Ses successeurs Ali et Tasfin étaient eux aussi dévots. Par la suite, le pouvoir tourna à l’oppression et la population fut déçue. La ville de Tolède n’avait pas été reprise et les Almoravides faisaient preuve d’une trop grande rigidité vis à vis des Andalous.

Une répression sanglante

La population en 1121 se souleva. La répression fut vive. Les Andalous firent alors appel aux Almohades (Al mouwahhidun) qui avaient pris le pouvoir au Maroc en milieu Berbère. Leur chef Ibn Tumart avait étudié à Tunis, à la Mecque et à Bagdad. Il enseignait aux berbères la religion dans leur langue. À sa mort, Abd Al Mumin lui succéda occupant ainsi une grande partie du Maroc. Les armées de Abd Al Mumin firent face à celle de Ali près de Tlemcen. Ali mourut en chutant de cheval et ses armées furent battues. Fès, Oujda et Meknès tombèrent entre leurs mains, suivies de Marrakech.

Des conquêtes interminables

Abd Al Mumin pris le titre d’amir Al Muminin.Ils se dirigèrent vers l’Est et prirent Alger et Setif, puis Tunis, Sfax, Gabes et Tripoli. Dès 1147, une grande partie du sud de l’Espagne était tombée sous leur main. Son fils Abu Yaqoub lui succéda et continua sa conquête de l’Espagne. Il s’installa à Séville. Il possédait une flotte puissante. Salahdine Al Ayyoubi leur demanda appui lors du siège de St Jean d’Acre. Soucieux de ramener de l’ordre au Maghreb il quitta Al andalous pendant 8 ans, absence beaucoup trop longue. Les rois de Castille et Léon, ennemis d’hier se réconcilièrent afin d’attaquer les musulmans, les portugais également. Youssouf réunit une grande armée pour faire face mais il meurt au combat. Pris de panique, les musulmans s’enfuirent.

Une Andalousie multiculturelle

Son fils Abou Youssouf Yaqoub pris la relève. Intelligent et pieux, il sera l’un des meilleurs califes de sa dynastie. Installé à Marrakech, il fut surpris par une attaque d’Ali Ibn Ghaniya de la famille des Almoravides installés aux Baléares qui voulaient les renverser. Il constitua une grande armée, repoussa les insurgés et les frappa jusqu’aux Baléares. L’Andalousie est peuplée majoritairement de Berbères, d’Arabes venus d’Égypte, de Syrie et aussi de convertis espagnols. La ville de Tolède compte beaucoup de convertis qui partent étudier en Orient chez l’imam Malik ou à Qayrawan. De nombreuses familles converties portent le nom de leurs origines. On trouve par exemple les banou Angelino, les banou Karlo…

De la paix et de la science

Vivent ensuite les chrétiens et les juifs ; les juifs qui du temps des Wisigoths étaient persécutés et privés de liberté, virent l’arrivée des musulmans comme une libération et leurs droits leurs furent redonnés. Beaucoup montèrent en grade dans la société jusqu’à atteindre des rangs importants, se retrouvèrent dans les cours des sultans…

La rencontre des cultures arabes et latines eut pour conséquence de développer considérablement les sciences, tant religieuse que profane, de la médecine à l’astronomie en passant par les mathématiques. De nombreux ouvrages furent traduits de l’arabe au latin donnant accès aux occidentaux à des traités de science méconnus jusqu’alors .

La Reconquista

Les musulmans divisés, affaiblis par les luttes fratricides, affaiblis par les oppositions doctrinales opposants les Mouwahidounes aux Mouhabitounes, les Berbères aux Arabes, les Malikites aux adeptes d’Ibn Tumert… furent bientôt vaincus par les Chrétiens sur l’ensemble du territoire. Nombreux sont ceux qui s’enfuirent en Afrique du Nord.

Grenade tombe

L’Andalousie reconquise par les Chrétiens, les Musulmans sont petits à petits expulsés, expropriés, les tribunaux sont fermés, les impôts sur les musulmans augmentent… Seul Grenade tient bon et devient le lieu de refuge des musulmans. Les chrétiens voulant finir la reconquête, attaquent la ville et finissent par la prendre, massacrant au passage la population.

Tout doit disparaître

Une campagne de christianisation est organisée, les livres islamiques sont détruits, les coutumes musulmanes interdites… Les insurrections des musulmans motivées par les privations et les sanctions des chrétiens à leur égard, appuyées par les Ottomans poussent les dirigeants chrétiens à organiser une expulsion massive des musulmans.

Les musulmans ont le choix entre la conversion ou l’expulsion. Les juifs subissent le même sort. Ils sont expulsés. Ce sera l’empire Ottoman qui se chargera de les secourir et de les accueillir.