Black power

Par « racisme » nous entendons une politique fondée sans ambages sur des considérations de race, dans le but d’assujettir un groupe racial et de la maintenir sous tutelle. Stokely « black power »

Le racisme est à la fois direct et indirect.
Il se manifeste de deux façons, très dépendantes l’une et l’autre: soit par des actes individuels commis par de Blancs à l’encontre d’individu noirs, soit par des actes collectifs de la communauté blanche envers la communauté noire.
Nous appelons cela le racisme individuel et le racisme institutionnel.
Le premier est le fait d’individus, qui agissent ouvertement en tuant, en blessant, en détruisant.
Il est visible et peut être filmé par des caméras de télévision; on peut constater le crime au moment même où il est commis.
Le second est moins franc, infiniment plus subtil, on le reconnaît moins facilement parce qu’il ne s’agit pas d’actes accomplis par des individus particuliers. Mais il n’en détruit pas moins la vie humaine.
Comme il a sa source dans les forces établies et respectées de la société, il a infiniment moins de chances que le premier d’encourir la condamnation public.

Quand des terroristes blancs bombardent une église noire et tuent cinq enfants, il s’agit d’un acte de racisme individuel que l’on déplore sans presque toutes les sphères de la société.
Mais quand, dans cette même ville, cinq cents bébés noirs meurent cause année faute de nourriture, de logements, de soins médicaux, et quand des milliers d’autres sont marqués à jamais et mutilés dans leur corps, leur cœur et leur intelligence, à cause des conditions de misère et de discrimination infligées à la communauté noire, il s’agit alors de racisme institutionnel.

Le racisme institutionnel s’appuie sur des attitudes et des pratiques anti-noirs, actives et subtiles.
Sur le sentiment de supériorité d’un groupe: les blancs sont « meilleurs » que les noirs, donc les noirs doivent être soumis aux blancs.
Telle est l’attitude raciste: elle imprègne la société au niveau individuel et jusque dans ses institutions, directement et indirectement.

Certaines personnes « respectables » peuvent se disculper en tant qu’individus: elles n’iraient jamais placer de bombe dans une église; elles ne chasseraient jamais à coups de pierres une famille noire.
Mais elles continuent de soutenir les fonctionnaires et les institutions qui perpétuent le racisme institutionnel.

Les noirs sont légalement citoyens des États Unis et possèdent pour la plupart les mêmes droits légaux que leurs concitoyens.
Mais par rapport à la société blanche ce sont des colonisés.
Ainsi, le racisme institutionnel a un autre nom: le colonialisme.

Ce sont les colons, les maîtres qui prennent les décisions politiques concernant les colonisés et qui les transmettent directement ou indirectement.
Sur le plan politique, les décisions affectant la vie des noirs ont toujours été prises par le « pouvoir blanc »:
Face aux revendications du peuple noir, les multiples factions blanches s’unissent et présentent un front commun.
Plus les noirs sont nombreux plus grande est la menace selon les blancs et en conséquence, plus les blancs répugnent à se montrer libéraux à l’égard des droits civiques.
Les blancs se retrouvent soudain unis pour protéger des intérêts qu’ils considèrent comme leur propriété et auxquels n’ont pas droit ceux qui, pour diverses raisons, ne font pas partie de leur groupe.

‪Ceux qui ont tendance à justifier et à défendre les privilèges et les droits sociaux, économiques et politiques existants, sont justement les individus et les groupes qui en sont les détenteurs. ‬

Ceux qui détiennent les avantages se considèrent comme partie d’un groupe et se soutiennent les uns les autres; le fait de réagir en tant que groupe semble apaiser tous scrupules quant à la justice du statu quo.

Le pouvoir blanc régente la communauté noire en se servant des noirs soumis aux leaders, au système blanc, au lieu de servir le peuple noir.
Ces politiciens noirs ne détiennent aucun pouvoir réel: il ne faut pas s’attendre à les voir défendre avec vigueur les revendications de leurs électeurs noirs: finalement, ce ne sont plus que des marionnettes.

Cette politique colonialiste assujettit l’homme noir et le réduit au silence quand il siège dans les assemblées blanches.

Il laisse ainsi passer l’occasion de parler haut et clair au nom de sa race et il parle d’opportunisme pour justifier son attitude.

Aussi, quand on évoque l’existence dans notre pays, d’un negro establishment, il s’agit d’un establishment qui s’appuie sur le pouvoir blanc, c’est à dire d’une poignée de noirs choisis par les blancs, et exposés aux yeux du public comme des mannequins dans une vitrine.
Ces leaders noirs n’ont en fait de pouvoir que celui que leur accordent ceux qui tirent les ficelles.

Ces leaders ont trouvé la réponse aux critiques: pour eux, c’est ainsi qu’il faut agir; il faut jouer le jeu afin d’obtenir le maximum de bénéfices.
Nous rejetons cet argument, car en définitive, il apporte peut-être certains avantages- une amélioration de statut et de gains matériels- au niveau des individus, mais il ne garantit pas la solution des multiples problèmes sociaux qui touchent les masses.
On nous dit aussi: si je parle, on ne m’admettre plus aux conventions du parti, je serai évincé et alors le peuple noir n’aura plus de porte parole ni d’accès au pouvoir.
Finalement cet argument n’est au mieux qu’une erreur de jugement, qui fait qu’on se préoccupe plus de la sécurité de l’individu que des avantages substantiels que l’on peut obtenir pour le groupe.

Avec le temps, on remarque que l’écart grandit entre les leaders et ceux qui l’ont élu.
La masse ne considère plus et avec raison les leaders comme ses représentants légitimes.
Elle en arrive à les tenir pour ce qu’ils sont: des émissaires de la société blanche.

C’est ainsi que s’est développé une classe de « leaders captifs » au sein de la communauté noire.

Il est parfaitement évident que la plupart de ces gens se sont accommodés du système raciste.
Ils se sont soumis au joug colonial en échange de la sécurité que leur procurent quelques dollars et vagues statuts.
Inutile de compter sur eux dans une lutte pour l’amélioration de la condition noire qui opposerait un défi fondamental à ce système raciste.

La société ne fait rien de valable contre le racisme institutionnel car la communauté noire a été créée et dominée par une combinaison de forces d’oppression et d’intérêts particuliers proposés à la communauté blanche.
Cela ne veut pas dire que chaque blanc, en tant qu’individu, opprime consciemment les noirs.
Il n’en a pas besoin.
Le racisme institutionnel a été délibérément maintenu par les autorités et grâce à l’indifférence, à l’inertie et à la lâcheté des masses blanches.

Face à de telles réalités, il est grotesque de reprocher au peuple noir de manquer d’initiative.
Sa condition actuelle ne provient pas d’une sorte de défaut de caractère.
Le pouvoir colonial a tout simplement écrasé la nuque des noirs sous la botte de l’oppression, après quoi il a déclaré ironiquement: “ils ne sont pas préparés à la liberté”.
S’il s’en remettait au bon vouloir de l’oppresseur, l’opprimé ne serait jamais prêt!

Chapitre II

Nous avons fondamentalement besoin pour commencer de libérer notre histoire et notre identité de ce qu’on peu appeler le terrorisme culturel, de la déprédation dont elles ont été victimes par la faute des blancs, qui voulaient justifier ainsi leur sentiment de supériorité.

Ceci s’appelle le contrôle psychologique de l’esprit des hommes.
L’exercice d’un tel contrôle implique que l’oppresseur essaie de faire admettre à l’opprimé ses définitions, ses conceptions historiques.

Les récits historiques qui relatent les rapports des États Unis avec les communautés indiennes et noires nous offrent des exemples de ce genre.
Ainsi, au cours des guerres entre les colons blancs et les indiens on appelait “victoire” une bataille gagnée par la cavalerie.
Mais les triomphes remportés par les indiens étaient des “massacres”.

Aujourd’hui le système scolaire continue par l’utilisation du vocabulaire, à renforcer les valeurs admises par la société.
Très peu d’Americains mettent en doute que ce pays soit “la terres des hommes libres”. On leur répète ces mots depuis leur plus tendre enfance.

Le racisme, ce n’est pas seulement exclure un autre pour des raisons raciales, c’est l’exclure pour le dominer ou continuer a le dominer.

L’absence totale de pouvoir engendre une race de mendiants.

L’Amérique a demandé à ses citoyens noirs de conquérir leurs chances en tant qu’individus alors que vous avions besoin qu’on nous donne notre chance en tant que groupe, au lieu de ne la donner qu’à certains Noirs choisis et agréés.

Nous n’avons pas à nous excuser de posséder cette forme de pouvoir collectif, car c’est en tant que groupe que nous avons été opprimés et non en tant qu’individus.

Que l’idée d’un pouvoir collectif appartenant au peuple noir ait besoin d’être expliquée-pour ne pas dire défendue-, voila qui illustre bien le racisme fondamental de cette société.
Aucun autre groupe n’accepterait d’être dirigé par d’autres.
Ce ne sont pas des italiens qui dirigent la B’nai B’rith….
Et pourtant quand des noirs réclament des organisations noires, dirigées par des noirs, on les classe immédiatement dans la catégorie du ku-klux klan.
La société n’imagine pas des noirs capables de gérer leurs propres affaires et beaucoup préfèrent qu’il en soit ainsi.

L’intégration n’est qu’un subterfuge pour maintenir en faite la suprématie blanche

Intégration veut dire que le peuple noir doit renoncer à son identité et renier son héritage.
Actuellement considérer l’intégration comme la solution du problème racial, c’est exiger que le noir se renie en tant que noir.
Or sa personnalité culturelle et raciale doit être préservée et elle doit conquérir sa liberté en gardant intacte son intégrité.
Personne ne peut être sain, adulte et complet s’il est obligé de renier une part de lui-même; or c’est ce que l’intégration a exigé des noirs jusqu’ici.