L’histoire se répète, même slogan, mêmes arguments, de la soutane au voile:
En 1905, le député radical-socialiste Charles Chabert, propose un amendement visant à interdire le port de la soutane dans l’espace public.
Cette interdiction figure dans le projet de loi de Combes.
Elle est repoussée par 391 voix contre 184.
Charles Chabert qualifie son port d’«acte permanent de prosélytisme» qui rend les prêtres «prisonniers» et crée une «barrière infranchissable entre eux et la société laïque».
Il faut «ôter sa robe» au prêtre pour «libérer son cerveau»: «en l’habillant comme tout le monde», transformons «cet adversaire du progrès en partisan de nos idées…De cet esclave, faisons un homme.»
Le changement de tenue devient une sorte de transsubstantiation de l’être humain, qui passe ainsi d’un camp à un autre, dans la représentation d’une société composée de deux camps irréconciliables.
Être citoyen implique «
l’adhésion à une profession de foi incompatible avec certaines doctrines».
Et comme on ne peut sonder les reins et les cœurs, c’est la visibilité par la tenue de ces doctrines supposées qui est pourchassée.
L’habit devient le symbole de l’allégeance.
Le but consiste à établir un «espace public homogène» où chacun porte l’habit de tout le monde, suscitant une complicité entre citoyens, combattants du progrès, qui par leur ressemblance, doivent se sentir «solidaires les uns des autres.»
Aristide Briand répond qu’une loi de liberté ne peut pas interdire de porter un vêtement.