Le voile, une question coloniale

Sofiane Meziani dans sa conférence « modernité, voile, sunna »

Il y a parfois des questions qui ne nous appartiennent pas.

L’ambiance culturelle et le climat intellectuel déterminent nos interrogations.

Le philosophe, le sociologue et le théologien lorsqu’ils se mettent à interroger leurs sources ne se rendent parfois pas compte que l’interrogation qu’il se pose n’est pas la sienne mais le produit d’un climat, d’une forme d’aliénation qui ne dit pas son nom.

Le voile ne s’est posé par exemple qu’au lendemain de la colonisation.

Dans un climat sécularisé comme le nôtre, il y a une volonté de neutraliser la conscience religieuse dans la société.

En parlant du voile, il faut bien distinguer entre ce qui relève de l’obligation et ce qui relève de la contrainte.

L’obligation laisse le choix à l’individu alors que la contrainte non.

Or en islam, il n’y a pas de contrainte mais il y a des obligations.

L’obligation ne s’oppose pas à la liberté au contraire elle laisse le choix.

Le voile relève de l’obligation non de la contrainte.

Souvent on aborde le sujet du voile sous un angle purement normatif, alors que les obligations ont d’abord une dimension symbolique.

Le voile n’a pas pour objectif d’effacer la beauté de la femme ou l’atténuer mais pour donner une orientation, un sens, un cadre à sa beauté, c’est permettre à la femme d’exposer sa beauté dans un sens spirituel, qui va lui permette d’être le reflet de sa beauté intérieur.

La question de la visibilité, du voile…ne sont pas de véritable problème mais on en fait des problèmes.

Ce qui dérange dans la visibilité c’est surtout la croyance en l’invisible.

Atténuer l’aspect visible d’une pratique n’est qu’une étape dans l’éradication de la conscience religieuse.

Lorsqu’on fait le jeu de la « modernité »ou de la sécularisation sans s’en rendre compte on devient un agence de l’éradication de la conscience religieuse, la discrétion demandée n’étant qu’une étape dont le but est de neutraliser la conscience religieuse et tout ce qui relève du sacré afin de faire de l’individu un être purement profane.