L’illusion du libéralisme religieux

Dans la vaste cohue des athées, des déistes, des ignorants, des prétendus chercheurs, il y a des consciences faibles qui ne demandent qu’une religion commode et tolérante.

Des croyants fatigués, tentés, qui ne veulent pas être ouvertement apostats, ni rompre ouvertement avec le monde.

L’hérésie, qui ne nie pas tout à fait la vérité, qui n’affirme pas tout à fait l’erreur, ouvre un lit à ces gens qui s’y précipitent.

La gnose libérale répète alors que la religion doit être de son temps, en d’autres termes que Dieu doit être de son temps, cela revient à dire il n’y a pas de religion révélée et revient à ce que l’homme crée son propre Dieu.

Ces formules caractérisent notre époque.

Or le principe même de la religion est qu’elle ne s’applique pas à un temps mais à tous les temps; à une société mais à toutes les sociétés, à quelques hommes mais à tous les hommes.

La religion étant dictée à l’humanité par le créateur de l’humanité, partout la société humaine en a besoin.

Quand nous disons cela, la libre pensée crie à l’intolérance, par ce moyen elle trahit la vérité et empêche la revendication la plus légitime de la foi.

Dans la vie publique comme dans la vie privée, il n’y a qu’un moyen d’échapper au règne du diable, c’est de se soumettre au règne de Dieu.

Que signifie l’argument de la liberté humaine qui revient sans cesse dans la doctrine libérale:

L’homme à la faculté de faire le mal et de ne pas faire le bien.

Qui l’ignore et le conteste?

Mais la folie est étrange de conclure que Dieu, laissant à l’homme cette faculté, lui donne l’exemple et le modèle de l’indifférence entre la vérité et l’erreur, entre le mal et le bien.

Dieu seul est libre, à nous Il nous a donné le libre arbitre pas la liberté.

Ce que nous avons c’est la liberté de faire ce que la loi divine nous laisse impunément faire mais pouvons nous impunément désobéir et faire le mal?

La liberté illimitée est une folie et une hérésie.

Cette liberté dont ont hérité les gouvernements modernes est une liberté de perdition, la démence de la liberté illimitée n’est plus combattue par ces puissances séculières.

Tout ce qui émancipe l’homme du pouvoir de Dieu se dresse comme une barrière entre lui et le Paradis.

Ces gouvernements athées ne sont qu’une trahison envers le genre humain, ils ont éteint la lampe et sont complices des ténèbres dans lesquels l’homme est plongé.

Tertullien s’adressant au chrétien fabricateur d’idoles: « peux tu prêcher un seul Dieu, toi qui en fais tant d’autres? Prêcher le Dieu vrai, toi qui en fais de menteurs?

Je les fais diras tu, je ne les adore pas.

Même est la raison qui défend de les adorer, même la raison qui défend de les fabriquer: c’est des deux côtés, l’offense à Dieu. Mais tu les adores toi par qui l’on peut les adorer. Tu les adores et tu leur sacrifies la vie de ton âme; tu leur immoles ton génie, tu leur offres en libation tes sueurs, pour eux tu allumes le flambeau de ta pensée. Tu leur es plus qu’un prêtre car c’est par toi qu’ils ont des prêtres et c’est ton travail qui fait leur divinité. »

Suivre son temps demande la doctrine libérale, un temps d’ignorance, de mensonge et de péché, un temps de perdition auquel le croyant devrait s’adapter et se plier.

En négociant cet accommodement le religieux délibère contre Dieu, mêle le faux au vrai, le croyant ne doit pas abdiquer et abaisser sa dignité au nom de la liberté ou la conformité à l’époque.

Deux puissances vivent et sont en lutte dans le monde moderne: la révélation et la révolution, le parti des croyants fidèle à la révélation et celui des libéraux fidèles aux idéaux de la révolution, quant au troisième partie il est celui qui prétend concilier entre les deux, c’est le parti de l’impuissance et de la confusion.

La religion a sa constitution qui est divine, elle ne concède pas sur ses principes, la religion n’a pas à être asservie par la société.

Cette société libérale qui réclame toute liberté mais n’accorde pas à la religion sa liberté et cherche à la nier et la détruire par toutes les offenses et les moyens légaux qu’elle a mise en place.