Silence aux pauvres

Un profond mécontentement règne dans la paysannerie.

En 1789, 90% de la France est paysanne.

Les agriculteurs supportent mal la perception par les châtelains, de ces droits féodaux qui avaient pu avoir, jadis leur justification puisque les seigneurs protégeaient leurs manants contre les brigandages, mais qui avaient perdu leur raison d’être et se réduisaient à un pur et simple prélèvement autoritaire.

Impôt local abusif, ajouté aux impôts d’état et à cette dîme au surplus réclamée par l’autorité ecclésiastique.

Voltaire dit « le petit nombre fait travailler le grand nombre, est nourri par lui et le gouverne. »

Pour Voltaire l’état doit avoir à sa disposition une masse docile de « gueux ignorants », c’est à dire de prolétaires analphabètes, « n’ayant que leurs bras pour vivre et constituant cette vile multitude ».

L’abolition des droits féodaux n’aura lieu qu’en 1793, faisant suite à la déclaration des droits de l’homme du 26/08/1789, qui déclare que « tous les hommes naissent libre et égaux en droits » libres, tous les hommes? Rectification: les hommes blancs, les noirs des Antilles Françaises demeureront dans la servitude.

Le lobby colonial est puissant à l’assemblée; il veille au maintien de l’esclavage, si rentable.

Les français devant cesser d’être des sujets doivent devenir des citoyens, mais certains citoyens devaient être toutefois plus citoyens que d’autres, Michelet les appèlera « des citoyens non citoyens. »

Selon ces augures, le droit de vote, la participation aux affaires nationales…ne peuvent être consentis qu’à un possesseur de quelques biens, pour les autres « silence aux pauvres. »

Cette ségrégation s’effectuera selon un « cens » électoral, fixant les sommes nécessaires pour être électeur et pour être éligible.

Seuls sont admis comme électeurs les français au moins un peu aisés; seuls peuvent devenir représentants du peuple les citoyens riches.

Mesure de simple prudence pour la sauvegarde de la propriété.

D’autre part, l’autorisation d’avoir entre ses mains des armes ne fut autorisé qu’aux citoyens ayant de l’argent à défendre, la nation alors divisée en deux classes, dont l’une n’est armée que pour contenir l’autre.

La Fayette est l’inventeur du terme « les honnêtes gens » qui sont pour lui « les gens de bien » c’est à dire ceux qui ont des biens, a l’opposé des « gens de rien ».

La révolution permis à l’état de saisir les biens du clergé, évalué à quelques 3 milliards.

L’église spoliée n’ayant plus d’argent à donner, l’état doit chercher des alternatives pour sortir des ses difficultés financières, ces riches voisins deviennent la cible, le prétexte sera choisi: la guerre contre l’Autriche.

Depuis le 14 juillet, quantité d’aristocrates ont émigré dont un bon nombre d’officiers.

Robespierre n’est pas favorable à la guerre, comment remporter une guerre alors que la moitié des officiers a déserté.

Brissot, tient la guerre pour précieuse à la tranquillité publique, les revendications pressantes de l’accueil des pauvres au droit de vote et leur droit à l’armement pourront être mis de côté par cette guerre qui servira de diversion.

Le roi Louis XVI, est favorable à la guerre, il espère que les révolutionnaires s’y perdront et que le droit divin triomphera.

La guerre déclarée, Michelet s’adresse aux généraux « prenez tout. Il faut vider le pays. » ou encore « montrez à vos soldats les richesses de l’Allemagne. »

Deux ans plus tard le jeune Bonaparte, dira de même à ses soldats se dirigeant vers l’Italie « soldats, vous êtes mal chaussés, mal vêtus, mal nourris…mais regardez un peu la bas, à votre portée, ces riches plaines et ces grandes villes qui vont tomber, si vous savez vous battre à votre entière disposition. »

La mise à sac du Nord de l’Italie permit à Bonaparte d’expédier au directoire quelque 10 millions en numéraire volé, tantôt c’est par indemnité de guerre qu’il procède, tantôt par le chantage: ou vous le versez tant, ou je lâche sur vous les bandes; c’est ainsi qu’il extorquera 20 millions au pape.

Puis Bonaparte se tourne vers la Suisse, ou son objectif principal est le trésor de Berne, puis vient l’expédition d’Égypte.

Avec Bonaparte premier consul, puis consul à vie, puis changé en Napoléon, la France va se meure en une nation de proie, sans cesse en expansion.

Napoléon dira en 1810 « la guerre est la source de la richesse nationale. »