Pendant 65 ans, les juifs territoires qui constituent l’Afrique occidentale française (AOF) étaient réunis au sein d’un même cadre institutionnel.
On pouvait par exemple voyager sans visa de Dakar à Abidjan ou de cotonou à Niamey.
La même situation prévalait en Afrique-equatoriale française (AEF).
La crainte du développement d’un mouvement indépendantiste radical conduira le colonisateur français à faire exploser ce cadre institutionnel en 1956, avec la loi-cadre « Deferre-Mitterrand » qui consacre la balkanisation de cet espace en accordant une autonomie interne à chaque territoire.
La loi-cadre créa des assemblées territoriales qui font tomber en désuétude les cadres de l’AOF et de l’AEF.
Les organisations nationalistes dénoncent alors la balkanisation de l’Afrique, dénoncent cette division et refusent le néocolonialisme que la France tente de substituer au colonialisme en crise.
Pour faire face à l’opposition, De Gaule en 1958 propose une nouvelle constitution, qui ne laisse aux peuples africains que deux choix: l’indépendance ou l’adhésion à une fédération dominée par la France, dont le président de la France serait le président.
Le choix est surtout assorti d’une menace: la fin de toutes les aides si l’option retenue est l’indépendance.
La menace Gauliste fonctionne, la crainte d’une faillite économique conduit à l’approbation de la constitution Gauliste dans l’ensemble de territoires à l’exception de la Guinée.
Sékou Touré, leader guinéen déclara lors de la visite de De Gaule à Conakry « nous préférons la pauvreté dans la liberté que la richesse dans l’esclavage. »
Paris met à exécution ses menaces: les aides financières sont immédiatement supprimées et les personnels techniques quittent la Guinée.
La faillite économique brandie comme menace, n’est cependant pas au rendez vous, de nombreux pays venant en aide au nouvel état (Ghana, union soviétique, chine…).
Sékou Touré annonce le 01/06/1959 avec Nkrumah, chef d’état du Ghana, la création des états indépendants africains afin de faire naître la première organisation politique panafricaine et s’imposer sur le plan international.
Les pressions françaises se multiplient pour tuer la nouvelle fédération dans l’œuf avec l’aide active d’autres états africains.
Paris change de stratégie, à partir de 1960, les états africains vont accéder à leur indépendance, mais après avoir été balkanisés.
La balkanisation africaine laisse chacun des anciens territoires dans un face à face inégal avec l’ancienne puissance coloniale.
Les politiques bilatérales concrétisées par des « accords de coopération » deviennent l’outil de l’installation puis de la reproduction d’un rapport néocolonial.
La zone franc et sa monnaie le France CFA, sont au cœur de ce rapport de domination.
Toute velléité de sortir de cette monnaie et de battre une monnaie nationale sera pour le mieux l’objet de menaces et pour le pire, un facteur d’ingérence politique, de déstabilisation et de guerre.