La traite des noirs et le génocide africain

Roger Garaudy écrit dans « comment l’homme devint humain »

La traite des noirs et le génocide africain

C’est un mensonge de ne voir dans la traite des noirs que le prolongement de l’esclavage antérieur en Afrique.

Jamais l’Afrique n’avait fait de l’esclavage un mode de production comme dans la Grèce antique ou à Rome.

Il y avait dans les sociétés africaines, des esclaves domestiques, plus ou moins intégrés à la famille et des esclaves des champs (délinquants ou prisonniers de guerre astreints au travail forcé).

Mais la traite est un phénomène radicalement différent:

⁃ il s’agit d’une déportation

⁃ l’ordre de grandeur du phénomène est sans commune mesure avec l’esclavage traditionnel (100 000 par an au 19e siècle, soit environ 15 millions de noirs déportés)

⁃ la mortalité au cours du voyage tua 15% des esclaves ( environ 100 millions de morts)

⁃ la traite a été créée et développée en raison des exigences économiques du capitalisme naissant

⁃ après l’extermination de millions d’indiens en Amérique, la main d’œuvre la mieux adaptée au climat tropical était en Afrique; les terres à coton et à sucre et les mines d’or et d’argent en en Amérique, et les capitaux en Europe.

De là le circuit triangulaire classique: un navire part de Nantes avec un chargement de marchandises qu’il échange en Afrique contre des esclaves, emmène cette cargaison d’esclaves aux Antilles et ramène en France du sucre, des épices et les profits de l’opération.

L’esclavage ne fut aboli ni par la révolution des puritains anglais, ni par la révolution américaine de l’indépendance, ni par la révolution française.

C’est seulement avec la révolution industrielle, pour laquelle la traite des esclaves n’était plus rentable que les pays européens l’abrogèrent dans l’ordre même où ils entraient dans le circuit industriel: l’Angleterre d’abord, la France ensuite au milieu du 19e siècle.

Alors comme ça un autre cycle de pillage de l’Afrique: il devenait plus rentable d’exploiter l’africain sur place pour obtenir des matières premières a bon marché (la main d’œuvre étant payée de façon dérisoire).

La grande invasion des européens commença après la conférence de Berlin en 1885, qui fixa les règles de dépeçage de l’Afrique entre les concurrents occidentaux.

L’invention de la mitrailleuse, en 1883 vont à point pour faciliter ce qu’on appela pudiquement la « pénétration ».