L’histoire de la franc-maçonnerie et son évolution

La franc maçonnerie par René Guénon

⁃ La maçonnerie opérative

A l’origine la franc-maçonnerie est une organisation initiatique qui permet à une catégorie d’hommes d’opéré sa réalisation spirituelle en prenant appui sur le métier de constructeur (charpentier, tailleur de pierre…).

Dieu premier « architecte » à créé l’univers, l’homme vicaire sur terre ne fait qu’imiter ce geste à travers ses réalisations.

Cette organisation initiatique prend appui sur l’ésotérisme chrétien, dont le slogan de départ était « la fidélité à Dieu, à la sainte église et au roi ».

Les symboles de cette organisation le compas, l’équerre…sont rattachés à cette tâche que réalisait les premiers maçons alors bâtisseurs d’église…

La maçonnerie opérative comporte trois grades ascendants : le grade d’apprenti, de compagnon et de maître.

En 1314 quand l’ordre de templiers fut interdit par Philippe Le bel et accusé d’impiété, nombreux d’entre eux trouvèrent refuge dans les loges opératives.

⁃ La maçonnerie spéculative

L’avènement de la maçonnerie spéculative marque en Europe la première phase de la dégénérescence intellectuelle qui va affecter les organisations initiatiques.

Elle remonte au début du 18e siècle avec la fondation de la grande loge d’Angleterre par l’union de quatre loges récentes.

L’épithète « spéculative » signifie que cette nouvelle mouture de la maçonnerie se départit de l’exercice du métier comme support à la réalisation spirituelle au profit d’une connaissance purement théorique et verbale.

Historiquement elle est la transposition dans le domaine initiatique de la fracture doctrinale qui a séparé le protestantisme du catholicisme.

La marque la plus entre de cette inspiration protestante est la suppression du credo « la fidélité à Dieu, à la sainte église et au roi » .

Cette suppression entérine l’intrusion dans la maçonnerie du rationalisme philosophique.

De fait en intoxiquant la conscience du chrétien, le mythe de la raison discursive comme seul mesure du réel et de son sens à enfanté un autre mythe, celui du libre examen, en vertu duquel le protestant s’autorise à déclarer caduc tout ce qui dans la religion ne se laisse pas systématiser par la raison humaine.

Le rejet de « la fidélité à Dieu » signifie le rejet de la conception traditionnelle de Dieu, c’est à dire présent par le monde et dans le monde par Ses attributs et par le dogme, le rite et la loi, au profit d’une divinité théorique exclue du monde et étrangère à lui et que l’on s’efforce de justifier ou de rejeter par la spéculation philosophique.

Le rejet de « la fidélité à la sainte église » signifie refus de toute autorité spirituelle dépositaire de la connaissance et de la doctrine sacrée.

Ce qui permet de rejeter le dogme, le rite et la loi, chaque foi que leur intelligence échappe à la raison discursive.

Enfin l’évacuation de « la fidélité au roi » n’est que la conséquence extrême à travers le puritanisme de la logique protestante qui a toléré temporairement l’absolutisme royal comme bouclier contre l’église romaine avant de se retourner contre lui, dès qu’il est devenu un obstacle majeur sur la voie du mobile matériel couvé par le dogme presbytérien de « la séparation des deux royaumes ».

C’est toute cette dégradation intellectuelle dans l’ordre exotérique qui va être transféré dans l’ordre ésotérique lors de la fondation de la grande loge d’Angleterre en 1723.

De là naîtra la rupture entre les anciens maçons qui étaient catholiques et exerçaient le métier de constructeur et les nouveaux qui sont acceptés sans être des constructeurs.

La maçonnerie opérative va petit à petit disparaître pour être remplacé par la spéculative.

En 1865 la maçonnerie évacuera de ses statuts la foi en Dieu.

L’inconscience de cette chute intellectuelle qui a sanctionné le passage de l’impératif au spéculatif, n’a d’égale que la facilité avec laquelle toutes sortes d’influences ténébreuses pénètrent dans les loges, manipulent ses dignitaires et ses membres pour amener à terme, les organisations maçonniques à devenir antireligieuses et à servir d’auxiliaires du satanisme et de la subversion mondiale.

⁃ la maçonnerie déviée

Nous avoir parlé de la franc-maçonnerie dans sa perspective traditionnelle, puis son amoindrissement intellectuel à travers sa « protestatisation » qui a entériné son passage de l’impératif au spéculatif, dont la chute intellectuelle va produire la subversion des loges, l’esprit du rationalisme, les idées philosophiques du monde moderne développés par Freud, kant, Nietzsche et toute cette masse de fausses idées grisées par le progrès technique va pénétrer en force dans les loges pour enfanter le discours profane, séculier que l’on connaît dans la maçonnerie moderne.

Quant à l’activisme politique déployé par la maçonnerie du 19e siècle, il n’est que la décomposition logique de son détachement de toute perspective spirituelle.