L’islam « l’anti-opium » du peuple

Le cogito ergo sum annonciateur des funérailles nietz-schéennes est l’un des grands moments du double processus de détranscendantalisation de la divinité et de divinisation de l’homme ayant mené l’Occident vers la modernité.

A l’heure du libre choix, de la libre pensée, du libre examen…résultant de l’érection de chaque individu en pôle de réalité, d’aucuns ne sont cependant pas sans se demander si l’on n’assiste pas à l’aboutissement léthal de la dégradation de l’Humain, dans le désenchantement et la désillusion, plutôt qu’au règne souverain de l’Esprit, au sens hégélien.

Pour les musulmans, l’apothéose de l’Ego et le culte de la Raison, tels que promus par l’occident contemporain, manifestent tout au plus un débridement dangereux de l’imaginaire.

En islam, fonder sur l’une ou l’autre conscience ou activité de connaissance quelque poids ontologique ou souveraineté de l’homme serait en effet on ne peut plus vain: « la grandeur » de l’homme ne résulte pas de l’auto-affirmation d’esclave-adorateur (‘abd) soumis (Muslim) au Seigneur.

En d’autres termes, il n’y a de réalité qu’en et par Dieu et il n’est d’humanisme que dans l’hétéro-nomie, comprise selon sens étymologique.

A un cogito égaré en sa prétention, l’islam préfère la sobriété et l’humilité d’une conscience fondée sur un souvenir constant de Dieu.

La véritable lucidité est selon lui fonction d’une attention soutenue à la revendication du Seigneur Très Haut, là où elle s’exprime en son altérité la plus complète par rapport au projet autonomiste inscrit en la nature capricieuse de l’humain, c’est à dire en la Loi révélée.

D’où le refus de toute forme d’ivresse, non seulement des corps mais aussi dés esprits et des âmes, de l’Ego et du Cogito notamment.

D’où aussi les très nombreux appels à la raison rencontrés dans le Coran, cette raison ne pouvant jamais rejoindre le Vrai qu’en se tournant vers le divin, dans la dénonciation de toute forme de faux-semblant et d’auto-illusion.

Bref, l’islam comme « anti-opium » du peuple, panacée contre toutes les formes d’intoxication irréaliste, dont celles que sécrète le propre sujet humain.

« Et craignez Moi, Ô les doués de raison. »

Source « musulman en Europe »