Parmi les fondements théologiques du « paulinisme » politique, la théologie de la domination, de la soumission à l’autorité, Paul recommandant aux esclaves d’être soumis à leur maître et de les servir de bon cœur, cette servitude étant la rançon du péché, le principe général formulé par Paul étant « que tout homme soit soumis aux autorités qui exercent le pouvoir, car il n’y a d’autorité que par Dieu et celles qui existent sont établies par Lui. Celui qui s’y oppose se rebelle contre l’ordre voulu par Dieu, et les rebelles attirent la condamnation sur eux mêmes. ».
Quand ses thèses se répandirent dans l’empire Romain, l’empereur Constantin vit tout le parti qu’il pouvait tirer de cette sacralisation de l’obéissance.
Il fit du christianisme la religion officielle de l’empire, il fallait pour cela mettre fin aux divisions idéologiques parmi les chrétiens, leur unité étant menacée par Arius, prêtre à Alexandrie.
Les œuvres d’Arius, à l’exception d’une lettre ont été détruite on ne sait de lui et de ses œuvres que ce que ses adversaires en ont rapporté.
Arius semble préserver l’unicité divine contre la tendance à lui substituer un Jesus-Dieu créateur prêché par Paul « Jesus christ, par qui toute chose existe. »
Tandis que le mot clé de l’arianisme est le verset de saint Jean « le père est plus grand que moi. »
« Je monte vers mon père et votre père, vers mon Dieu et votre Dieu. »
Constantin tente au départ la conciliation entre les chrétiens, celle ci échouant il convoque un concile à Nicée, Arius à le dessus car lui et ses adeptes maîtrisent parfaitement les écritures mais Constantin lui donne malgré tout tord, les arianistes sont contraints à l’exil et destitués, ils s’installent alors en gaule.
Le fond du problème n’était pas doctrinal mais politique, Nicée devait permettre d’obéir à l’empereur et de se débarrasser d’une image de Jésus insupportable à tout pouvoir, il fallait pour l’empire que ce Jesus fut un Dieu comme les autres, comme ce Jupiter à qui Constantin restera fidèle jusqu’à sa mort.
Un Jesus homme aurait été rival de l’empereur qui se voulait chef du peuple chrétien, un Jesus Dieu dans le ciel ne lui faisait aucune ombre puisqu’en tant qu’empereur il incarnait la volonté de Dieu sur la terre.
Le concile de Nicée en 325, établit définitivement l’orthodoxie Paulienne.
Ainsi Jesus est entré dans le dépôt commun des dieux, ce qui est pour Constantin le meilleur garant d’un consentement populaire.
De l’église persécutée hier on est passé à l’église institution d’état, les évêques deviennent des fonctionnaires au service de l’état.
Ils peuvent discuter mais c’est l’empereur qui décide.
L’obéissance aux lois est un devoir religieux puisque toute autorité est instituée par Dieu.
Saint Augustin évoquant Paul écrira qu’il faut obéir « même à des monstres pareils à Néron, la puissance souveraine n’est donnée que par la providence du dieu suprême quand il juge que les hommes méritent de tels monstres. »
En 1525 lors des soulèvements déclenchés par la réforme, Amsdorf écrit « un homme qu’on peut convaincre de rébellion est ah ban de Dieu et de l’empereur et tout chrétien doit l’égorger. »
S’adressant aux princes « chers seigneurs déchaînée vous…exterminez, égorgez. »
Il ajoute « s’il se trouve des innocents parmi eux, Dieu saura bien les protéger et les sauver. »
Voici l’application pratique du principe de pouvoir reçu de Dieu qu’il est un devoir de défendre .
Tout au long de l’histoire le paulinisme politique confortera la théologie de domination, lors de la naissance du colonialisme c’est encore la théologie de Paul qui sert d’argument.
Ce paulinisme politique et l’augustinisme politique jouent un rôle capital dans l’histoire du colonialisme européen en Amérique, les colons allant jusqu’à chasser les indiens pour s’emparer de leurs terres en citant Josué et ses exterminations des philistins.
L’inquisition se fondra sur la lutte contre les hérésies comme il fut le cas avec les arianistes…
Cette libération apporté par Jesus prophète, qui était offerte à tous les hommes, libres ou esclaves est devenu un outil de domination du pouvoir pour contraindre son peuple, Amsdorf écrit que le devoir des maîtres investis par Dieu « c’est de contraindre le peuple par La loi et le glaive à la piété extérieure comme on tient les bêtes fauves par les chaînes de la cage. »
N’ayant plus aujourd’hui le pouvoir de contraindre, l’église à tenté de tourner la page avec son histoire avec le concile de Vatican II, s’ouvrant ainsi au monde, l’église n’étant plus appelée à dominer le monde mais à le servir, passant de l’anathème au dialogue.
Le catéchisme de l’église catholique est alors remanié.
Est il pour autant possible aujourd’hui que la théologie de la domination est mise de côté de retrouver le message libérateur de Jésus ?
Source « avons nous besoin de Dieu? » De Roger Garaudy