Le roi Jacques II d’Angleterre, réfugié en France depuis la révolution de 1688, vivait à saint Germain en Laye, bénéficiant de l’hospitalité de Louis XIV.
L’empereur du Maroc Moulay Ismail lui écrivit deux lettres, une en arabe et une en espagnol.
Le sultan marocain montre à travers ces deux lettres qu’il est versé dans la théologie, maîtrisant la science du Coran et du hadith.
Ces lettres sont une apologie de l’islam ainsi qu’une réponse au christianisme.
Il expose le dogme de l’unicité et réfute la trinité, défendant la prophétie de Jésus et réfutant la prétention des chrétiens qu’il serait le fils de Dieu.
Le but de sa lettre est de convaincre Jacques II à embrasser l’islam.
« Croyez moi, lui dit Moulay Ismail, suivez cette religion qui est la religion de vérité. »
Jacques II avait embrassé le catholicisme se faisant alors renier par son peuple protestant, il lui montre l’intérêt d’embrasser l’islam alors que quitter le protestantisme qui est la religion de son peuple pour le catholicisme ce qui lui a valu de se faire renverser n’a aucun intérêt stratégique, ni mondain, ni religieux.
Il argumente avec la conversion du Négus d’abyssinie afin de lui montrer qu’avant lui d’autres rois ont choisi l’islam.
Puis il clôture sa lettre en lui proposant son aide pour aller renverser Guillaume d’Orange en Angleterre.
Les auteurs européens surnomment encore jusqu’à aujourd’hui Moulay Ismail « grand et pieux sultan ».
Moulay Hassan épousa de nombreuses femmes, des soudanaises, des géorgiennes et des espagnoles, il rêva d’épouser une fille de Louis XIV et fit demander par son ambassadeur Ibn Aicha la main de la princesse.
La lettre fut traduite de l’arabe par Petis de La Croix secrétaire et interprète de Louis XIV, qui avait appris l’arabe lors de ses voyages en orient .
Après Loué Allah et imploré son aide, s’être présenté et rappelé son statut de descendant de Hassan, fils du Prophète, il écrit « Au « taghia »*des Anglais demeurant au pays de France. »
*Parmi les notes du traducteur « taghia » طاغية signifie: tyran, usurpateur, souverain d’une maison idolâtre. Ce nom est utilisé pour désigner les grands monarques non musulmans dans les premiers temps de l’islam, c’est ainsi qu’est désigné Charlemagne dan les chroniques arabes.
Dans ces lettres avec Louis XIV, Moulay Hassan le nommé parfois « le plus grand des Roum, chef du royaume de France » et parfois « le taghia de France ».
Louis XVI fâché de ne pas être appelé roi par les sultans du Maroc, leur envoya une lettre de mécontentement, exigeant qu’ils le nomment « Roi » et rappelant que lui les appelait « sultan », le sultan Sidi Mohammed lui répondit « quant à la demande que vous faites pour que nous vous donnions le titre de « roi » il faut que vous sachiez que l’on ne pourra reconnaître que dans l’autre vie qui sont ceux qui méritent ce nom.
Ceux qui auront été agréables à Dieu, qu’Il regardera favorablement, qu’Il revêtira de vêtements impériaux et auxquels il mettra la couronne sur la tête, ceux là seront digne du titre de « Roi »…
Quant à ceux qui seront dans cette vie l’objet de la Colère de Dieu, ils seront bien loin de porter ce titre.
Ne nous donnez plus désormais quand vous nous écrivez le titre de sultan, ni aucun titre honorifique et contentez vous de nous appeler du nom que nous avons reçu de notre père « Mohammed Ben AbdAllah » ainsi que nous le ferons nous mêmes en vous écrivant.
Quant aux lettre que vous recevez de la cour Ottoman qui vous appellent « roi » elles sont écrites par le vizir et ne sont pas mêmes lues par le prince Ottoman, car s’il les lisait il vous dirait la même chose que nous. »
Le sultan du Maroc dit aussi « je consens à appeler le roi de France « le juste » s’il peut prouver qu’il parait ainsi aux yeux de Dieu. »
Moulay Ismail continue sa lettre qu’il justifie par une raison religieuse et une politique, la religieuse étant de le dirigée vers la vérité pour qu’il est la réussite ici bas et dans l’au delà, rappelant le dogme islamique sur l’unicité, la croyance correcte au sujet de Jesus, la foi en tous les prophètes, la venue de Jesus à la fin des temps, il livre un récit complet de sa descente et sa mission sur terre face au faux Messie, puis lui cite des exemples de roi chrétien ayant embrassé l’Islam afin de le rassurer, comme le négus en Abyssinie et cherche à la convaincre que le pouvoir ne doit pas l’empêcher de se soumettre à Dieu comme l’a fait Heraclius, reconnaissant l’islam mais refusant de s’y soumettre de peur de la réaction de son peuple.
Il continue en lui exposant la religion « hanafienne » c’est à dire le pur monothéisme d’Abraham.
Enfin il lui donne un exemple faisant appelle à la logique pour le convaincre en lui racontant une anecdote:
Un docteur chrétien réunit des juifs, chrétiens et musulmans, il demanda aux chrétiens quelle est la meilleure des 3 religions, ils dirent « celle des chrétiens » puis il demanda qu’elle est la meilleure entre la juive et la musulmane, ils dirent « la musulmane ».
Il posa la même question aux juifs qui répondirent « la juive » et entre le christianisme et l’islam, « l’islam ».
Il demanda aux musulmans qui répondirent l’islam, il leur demanda et entre le christianisme et le judaïsme, ils répondirent aucune des deux car la seule religion véritable est l’islam.
Par ce raisonnement le docteur Chrétien admis que l’islam est la vérité car les juifs la reconnaisse comme meilleure que le christianisme, les chrétiens comme meilleure que le judaïsme et les musulmans ne reconnaissent qu’elle, jugeant fausse les deux autres.
Dieu dit dans la Coran « Et les Juifs disent : “Les Chrétiens ne tiennent sur rien” ; et les Chrétiens disent : “Les Juifs ne tiennent sur rien”, alors qu’ils lisent le Livre ! De même ceux qui ne savent rien tiennent un langage semblable au leur. Allah jugera sur ce quoi ils s’opposent, au Jour de la Résurrection ».
Quant à la raison politique, il lui indique que si il persiste sur sa fausse religion autant qu’il reste protestant pour éviter de ce faire rejeter de son peuple et perdre inutilement son pouvoir.
Puis il offre son aide pour reprendre le pouvoir contre sa fille et son mari Guillaume d’Hollande qui lui ont usurpé.
« Apologie de l’islam » Henry de La Croix Castries