Le « sauve-qui-peut » social

Aucun état temporel n’a pu au cours de l’histoire suppléer à cette unique source d’énergie humaine qu’est la foi.

La foi n’a jamais perdu son empire dans le monde musulman même en période de décadence mais il convient de ne pas confondre le salut de l’âme individuelle et l’évolution des sociétés.

Le catalyseur des valeurs sociales est la religion, quand celle ci traduit une pensée collective naît un état expansif et dynamique.

Mais à partir du moment où la foi devient individualiste elle n’a plus de rayonnement, sa mission historique est finie sur la terre où elle n’est plus apte à promouvoir une civilisation.

Elle devient la foi des dévots, qui se retranchent de la vie, fuient leurs devoir et leurs responsabilités.

L’histoire commence avec l’homme intégral, adaptant constamment son effort à son idéal et à ses besoins et accomplissant dans une société sa double mission d’acteur et de témoin.

Mais l’histoire finit avec l’homme désintégré, le corpuscule privé de centre de gravitation, l’individu vivant dans une société dissoute qui ne fournit plus à son existence ni base morale, ni base matérielle.

C’est alors l’évasion dans le maraboutisme qui n’est que la forme subjective du « sauve-qui-peut » social.

Source « la vocation de l’islam » Malek Bennabi