Animant ce mouvement, la standardisation des personnalités par les médias de masses systématise, normalise, les comportements les plus abjectes qui s’inscrivent ainsi dans un paradigme global purement matérialiste dont la fonction première est d’isoler l’individu de l’ensemble de ses appartenances, substituant le bien au lien, la possession à la relation.
Un tel totalitarisme neutralise alors l’ensemble de ses oppositions tout en alimentant son essor, s’appuyant sur les archaïsmes psychologiques d’individus qui se trouvent bombardés, infectés, pluri-quotidiennement d’injonctions publicitaires et normatives qui excitent les plus bas instincts et leur offrent dans le même temps des débouchés standardisés pour décharger ces pulsions, que ce soit dans l’acte d’achat ou l’acte sexuel.
La mobilisation de ces processus primaires – et parfaitement inoffensifs pour le Système – entraînant par ricochet une dégradation générale de l’intellect dont la source sublimatoire se trouve tarie par le jouir- sans-entrave qui s’y manifeste.
Dès lors, un cercle vicieux s’enclenche. Standardisés et aliénés, les individus renforcent par leurs comportements et leurs discours une pression sociale qui broie insidieusement le collectif et normalise le processus de décivilisation.
C’est là le caractère le plus abjecte de ce totalitarisme : sa domination ne repose ni sur la coercition, ni sur la force.
Elle s’appuie sur l’adhésion collective, sur un contrat tacite et inconscient par lequel l’individu renonce à son âme, et à ses responsabilités, en échange de la satisfaction.
immédiate de ses désirs, des désirs étant par ailleurs conditionnés par le Système (à travers les phénomènes de mode par exemple).
C’est la mort du corps social, tué de l’intérieur par ceux-là mêmes qui en dépendent.
Source « cendres » de Vincent Vauclin