Les faits
Jusqu’au 2 août 2018, voici ce qu’affirmait le § 2267 du Catéchisme de l’Église catholique à propos de la peine de mort :
« L’enseignement traditionnel de l’Église n’exclut pas, quand l’identité et la responsabilité du coupable sont pleinement vérifiées, le recours à la peine de mort, si celle-ci est l’unique moyen praticable pour protéger efficacement de l’injuste agresseur la vie d’êtres humains.
Mais si des moyens non sanglants suffisent à défendre et à protéger la sécurité des personnes contre l’agresseur, l’autorité s’en tiendra à ces moyens, parce que ceux-ci correspondent mieux aux conditions concrètes du bien commun et sont plus conformes à la dignité de la personne humaine.
Aujourd’hui, en effet, étant données les possibilités dont l’Etat dispose pour réprimer efficacement le crime en rendant incapable de nuire celui qui l’a commis, sans lui enlever définitivement la possibilité de se repentir, les cas d’absolue nécessité de supprimer le coupable » sont désormais assez rares, sinon même pratiquement inexistants » (Evangelium vitae, n. 56). »
Le 2 août dernier, le rescrit Ex Audentia SS.mi fait l’annonce suivante :
« Le souverain pontife François, dans l’audience accordée le 11 mai 2018 au préfet soussigné de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a approuvé le nouveau projet de loi no. 2267 du Catéchisme de l’Église catholique, en faisant en sorte qu’elle soit traduite dans diverses langues et insérée dans toutes les éditions du Catéchisme susmentionné. »
Voici la nouvelle version du § 2267 :
« Pendant longtemps, le recours à la peine de mort de la part de l’autorité légitime, après un procès régulier, fut considéré comme une réponse adaptée à la gravité de certains délits, et un moyen acceptable, bien qu’extrême, pour la sauvegarde du bien commun.
Aujourd’hui on est de plus en plus conscient que la personne ne perd pas sa dignité, même après avoir commis des crimes très graves. En outre, s’est répandue une nouvelle compréhension du sens de sanctions pénales de la part de l’État. On a également mis au point des systèmes de détention plus efficaces pour garantir la sécurité à laquelle les citoyens ont droit, et qui n’enlèvent pas définitivement au coupable la possibilité de se repentir.
C’est pourquoi l’Église enseigne, à la lumière de l’Évangile, que ’’la peine de mort est inadmissible car elle attente à l’inviolabilité et à la dignité de la personne’’ et elle s’engage de façon déterminée, en vue de son abolition partout dans le monde. »
Le Cardinal Ladaria, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, accompagne le rescrit d’une lettre qu’il adresse aux évêques. Dans celle-ci, il entend justifier ce virage dans l’enseignement de l’Église, en s’appuyant notamment sur certaines déclarations antérieures du pape François :
« Dans cette même perspective, le Pape François a rappelé que « de nos jours, la peine de mort est inadmissible, quelle que soit la gravité du délit commis par le condamné ». Quels qu’en soient les modes d’exécution, cette peine « implique un traitement cruel, inhumain et dégradant ». En outre, on doit s’y opposer « face au défaut d’appréciation du système judiciaire et à la possibilité de l’erreur judiciaire ». Dans cette optique, le Pape François a demandé une révision de la formulation du Catéchisme de l’Église Catholique sur la peine de mort, de manière à affirmer que «quelle que puisse être la gravité de la faute commise, la peine de mort est inadmissible, car elle attente à l’inviolabilité et à la dignité de la personne». » (§ 6 de la lettre)
Une trahison de la doctrine catholique
Notez bien la différence doctrinale entre la version publiée sous Jean-Paul II et celle voulue par François : la première mouture du § 2267 rappelle le principe énoncé par l’enseignement traditionnel de l’Église, pour en restreindre ensuite le champ d’application. Tout autre est le nouveau paragraphe, qui condamne la peine de mort dans son principe même : « l’Église enseigne, à la lumière de l’Évangile, que »la peine de mort est inadmissible car elle attente à l’inviolabilité et à la dignité de la personne ». »
Eh bien, non, l’Évangile n’a pas un seul mot contre la peine de mort et l’Église n’enseigne pas cela. C’est François qui l’enseigne. La seule référence par lequel il justifie ce nouveau positionnement est tirée de ses propres discours. C’est tout de même un peu maigre ! François ne constitue pas l’Église à lui tout seul ! Rappelons à l’inverse ce qu’enseignait Innocent III dès 1210 :
« Au sujet du pouvoir séculier, nous affirmons qu’il peut, sans péché mortel, exercer un jugement portant effusion de sang, pourvu que, pour exercer la vindicte, il ne procède pas par la haine mais par un jugement, ni avec imprudence mais avec modération. » (Denzinger, § 795)
Au début du XXe siècle, même son de cloche dans le Catéchisme de saint Pie X :
« Il est permis de tuer son prochain quand on combat dans une guerre juste ; quand, par ordre de l’autorité suprême, on exécute une condamnation à mort, châtiment de quelque crime, et enfin quand on est en cas de nécessaire et légitime défense contre un injuste agresseur. » (Grand Catéchisme, Troisième partie, chapitre 3, § 2)
Et le cinquième commandement ?
Le cinquième commandement, οὐ φονεύσεις (Exode XX, 13), qu’il vaudrait mieux traduire « tu ne commettras pas de meurtre » que « tu ne tueras pas », ne s’applique pas à la peine de mort. La meilleure preuve en est que dans le même discours où Dieu donne à Moïse ce cinquième commandement, il lui fait également les recommandations suivantes :
« Quiconque frappe quelqu’un et cause sa mort sera mis à mort. S’il ne l’a pas traqué mais que Dieu l’a mis à portée de sa main, je te fixerai un lieu où il pourra se réfugier. Mais si un homme va jusqu’à en tuer un autre par ruse, tu l’arracheras même de mon autel pour qu’il soit mis à mort. Qui frappe son père ou sa mère sera mis à mort. Qui enlève un homme — qu’il l’ait vendu ou qu’on le trouve en sa possession — sera mis à mort. Qui maudit son père ou sa mère sera mis à mort. » (Exode XXI, 12-17)
Dans sa Somme théologique, saint Thomas d’Aquin légitime lui-même la peine de mort par les termes suivants :
« Nous venons de dire que la mise à mort d’un malfaiteur est permise en tant qu’elle est ordonnée à la sauvegarde de la société. C’est pourquoi elle appartient à celui-là seul qui pourvoit au bien commun de la société, de même que l’ablation d’un membre corrompu revient au médecin auquel on a confié la santé du corps tout entier. Or le soin du bien commun est confié aux princes qui détiennent l’autorité publique. C’est donc à eux seuls et non aux particuliers qu’il revient de mettre à mort les malfaiteurs. » (IIa IIae, question 64, article 3, conclusion)
Au XVIe siècle, le Catéchisme du Concile de Trente soutient que la peine de mort ne constitue pas une infraction au cinquième commandement :
« Il est permis aux magistrats de faire mourir les hommes mêmes. Car Dieu leur ayant donné pouvoir de vie et de mort sur eux, ils ont droit, selon les lois, de faire punir les méchants, et de protéger les innocents. Ainsi lorsque la justice les oblige de condamner un homme à la mort, non seulement ils ne violent point ce commandement, et ne sont point coupables d’homicide ; mais au contraire ils témoignent en cela qu’ils y sont parfaitement soumis. Et en effet comme la fin de ce commandement est de conserver la vie des hommes, les magistrats qui sont les justes vengeurs des crimes, ne tendent aussi par les divers supplices auxquels ils condamnent les criminels, qu’à faire que l’audace et l’injustice des méchants étant réprimée par la crainte des supplices, la vie des hommes soit en sûreté. » (Catéchisme du Concile de Trente, traduction nouvelle, troisième édition, Paris, André Pralard, 1686)
Au XVIIIe siècle, saint Alphonse de Liguori, une référence classique de la théologie morale, ne tient pas un langage différent sur la question :
« Les princes et les juges ont le droit et même le devoir de condamner les malfaiteurs à la mort qu’ils ont méritée, et les bourreaux sont obligés d’exécuter la sentence. C’est Dieu lui-même qui veut que les coupables soient punis. » (Instruction au peuple, in Oeuvres complètes de S. Alphonse de Liguori, tome 16, traduit de l’italien par Léop.-J. Dujardin, Tournai, Casterman, 1877, p. 491-492)
On peut donc conclure qu’il existe en faveur de la peine de mort une tradition doctrinale catholique ininterrompue pendant des siècles… jusqu’au 2 août dernier.
Un « développement » doctrinal ???
Pour justifier ce qu’il faut bien appeler une rupture sans précédent, le Cardinal Ladaria, qui n’est apparemment pas jésuite pour rien, la qualifie dans sa lettre aux évêques de « développement ». Il ne le fait pas moins de cinq fois (§ 1, 3, 7, 8), un peu comme si le fait de répéter ce mot allait le rendre plus vrai. Le huitième paragraphe constitue le point d’orgue de ce processus incantatoire :
« All of this shows that the new formulation of number 2267 of the Catechism expresses an authentic development of doctrine that is not in contradiction with the prior teachings of the Magisterium. »
« Tout ceci montre que la nouvelle formulation du numéro 2267 du Catéchisme exprime un développement authentique de la doctrine qui n’est pas en contradiction avec les enseignements antérieurs du Magistère. »
Sachant que le nouveau paragraphe voulu par François contredit très exactement l’enseignement pérenne de l’Église sur la question, il fallait tout de même oser écrire une telle énormité ! Il peut bien sûr exister des développements de la doctrine catholique au cours des siècles, mais à condition que les nouveaux enseignements n’entrent pas en opposition flagrante avec ce que l’Église a professé auparavant. Sans quoi nous nous trouvons face à cet évolutionnisme théologique que le pape saint Pie X a condamné aux § 32 à 38 de son encyclique Pascendi Dominici gregis, et le pape Pie XII au § 30 de l’encyclique Humani Generis.
Pourquoi une telle trahison ? Quels en sont les enjeux ?
Un pied de nez à Benoît XVI ?
Le maître d’œuvre du Catéchisme de l’Église catholique n’est autre que le Cardinal Joseph Ratzinger lui-même, devenu Benoît XVI par la suite. Cet ouvrage ne semble avoir connu aucune modification depuis la publication de l’édition latine de référence, le 15 août 1997. La récente « correction » effectuée par le Pape François, du vivant même de Benoît XVI, et qui plus est pour adultérer un pan de la doctrine catholique, constitue donc un geste extrêmement fort, un geste qui n’est pas précisément marqué au coin du tact et de la délicatesse.
Quoique anecdotique en regard des autres enjeux, cet aspect de la question méritait d’être signalé.
Adapter un peu plus l’enseignement de l’Église aux droits de l’homme
Avez-vous remarqué à quel point certaines phrases du rescrit du Cardinal Ladaria et de la lettre aux évêques qui l’accompagne aurait pu être écrit par les militants d’Amnesty International ? Le tableau ci-dessous vous permettra de le constater par vous-même :
Discours d’Amnesty International
Discours de Ladaria et de François
« Aucun crime ne peut justifier la peine de mort » (source)
« La personne ne perd pas sa dignité, même après avoir commis des crimes très graves. » (nouveau § 2267 du catéchisme)
« De nos jours, la peine de mort est inadmissible, quelle que soit la gravité du délit commis par le condamné » (lettre aux évêques)
« Un ensemble d’études faisant autorité commandées par les Nations unies dans diverses régions à travers le monde ont même conclu à de nombreuses reprises que la peine de mort n’avait pas un effet plus dissuasif en matière de criminalité qu’une peine d’emprisonnement. » (source)
« On a également mis au point des systèmes de détention plus efficaces pour garantir la sécurité à laquelle les citoyens ont droit, et qui n’enlèvent pas définitivement au coupable la possibilité de se repentir. » (nouveau § 2267 du catéchisme)
« La peine de mort prive une personne de la possibilité d’expier un forfait, de réparer, de se repentir et de s’amender. » (source)
« La peine de mort et la torture sont la négation absolue de la dignité humaine. » (source)
« La peine de mort est inadmissible car elle attente à l’inviolabilité et à la dignité de la personne » (nouveau § 2267 du catéchisme)
« Amnesty International s’engage dans le monde entier et sans exception pour son abolition. » (source)
« L’Église s’engage de façon déterminée, en vue de son abolition partout dans le monde. » (nouveau § 2267 du catéchisme)
« La peine de mort est cruelle, inhumaine et dégradante. » (source)
« Cette peine « implique un traitement cruel, inhumain et dégradant ». (lettre aux évêques)
« Les erreurs judiciaires et les jugements erronés ne peuvent jamais être totalement exclus. » (source)
« On doit s’y opposer « face au défaut d’appréciation du système judiciaire et à la possibilité de l’erreur judiciaire ». (lettre aux évêques)
Vous l’aurez compris, le nouveau paragraphe du Catéchisme ressemble à s’y méprendre à un simple copier-coller de l’argumentaire d’Amnesty International (nous verrons plus loin que cette ressemblance ne relève absolument pas du hasard). Certes, on pouvait déjà identifier des points communs dans l’ancienne version, mais la modification récente n’a fait qu’aggraver les choses. « L’Église n’est pas une ONG », a dit un jour François. Force est pourtant de constater qu’elle n’y a jamais autant ressemblé…
En quoi est-ce problématique ? En ce que l’enseignement de l’Église se conforme de plus en plus à la mentalité droit-de-l’hommiste. Cette conformité s’avère gênante dans la mesure où les droits de l’homme (la déclaration de 1789 tout comme celle de 1948) ne constituent rien d’autres, en leur fond, que le nouveau « texte sacré »1 de l’homme auto-proclamé dieu, texte luciférien car censé remplacer par des droits humains les dix commandements divins2. À telle enseigne que le pape Pie VI les a qualifiés de « contraires à la religion » dans son encyclique Adeo Nota (1791).
L’Église prise au piège du langage de l’ennemi
François change le catéchisme sur la peine de mort. Cette rupture sans précédent avec la doctrine catholique traditionnelle résulte de la fâcheuse tendance qu’ont eu les papes de ces dernières décennies à adopter la langue des droits de l’homme, pourtant « contraires à la religion ». Peut-être par souci d’intelligibilité, Jean-Paul II s’est ainsi senti obligé de condamner l’avortement, non pas au nom du seul Décalogue, mais aussi en se référant aux « droits humains » (§ 5, 18, 19) et à un certain « droit à la vie ». Cette expression revient sans cesse sous la plume du pape polonais dans l’encyclique Evangelium vitae (§ 18, 20, 57, 72, 91, 93, 101). Où l’a-t-il trouvée ? Nulle part ailleurs qu’à l’article 3 de la Déclaration universelle des Droits de l’homme de 1948. Cette notion demeure tout simplement absente de la doctrine catholique traditionnelle (voir notamment ici).
Tous les pro-vies de la planète ont emboîté le pas à Jean-Paul II, estimant très intelligent sur le plan stratégique de retourner à l’ennemi ses propres arguments, même si l’on peut douter que cette tactique ait jamais sauvé un seul enfant à naître. Le « droit à la vie » est donc devenu le slogan incontournable de toute une génération anti-avortement. Et quelques vingt-cinq ans après Evangelium vitae, voilà le catholicisme empêtré dans l’étendard qu’il a si longtemps brandi : le pape trahit la doctrine catholique au nom d’une notion empruntée aux droits de l’homme ! Vous voulez une confirmation de cette analyse ? Lisez la lettre aux évêques qui accompagne le rescrit modificateur. Comme par hasard, l’encyclique Evangelium vitae y constitue la référence indépassable (cf. § 3 et 7), censée fermer la bouche à tous les éventuels contradicteurs !
Entendons-nous bien : oui, il fallait combattre l’avortement, et il le faut encore ! Mais cessons de nous cacher derrière des paravents laïcs. Le fondement de notre opposition à ce crime réside dans le cinquième commandement de Dieu : « Tu ne commettras pas de meurtre. » Arrêtons d’invoquer un « droit à la vie » qui reste ambigu et qui ne peut que se retourner contre nous dans le cas de l’euthanasie. En effet, tout droit en contient en lui-même un autre : celui de renoncer à ce même droit. Par exemple, le droit de vote implique la liberté de rester chez soi le jour des élections. De même, si l’individu a un « droit à la vie », il a nécessairement le droit de renoncer à ce droit à la vie… Avec cela, allez vous battre contre l’euthanasie au nom des droits de l’homme !
Quand le Pape obéit aux ONG…
Concrètement, comment en est-on arrivé à la modification du catéchisme ? C’est une histoire espagnole. Depuis le pontificat de Paul VI, María Asunción Milá de Salinas avait pris l’habitude d’écrire aux différents papes pour obtenir une modification de l’enseignement catholique sur la peine de mort (source). Cette aristocrate née en 1919 a été longtemps membre actif d’Amnesty International, dont elle a même occupé la vice-présidence. Elle a cependant pris ses distances avec l’ONG lorsque cette dernière s’est déclarée favorable à l’avortement (voir ses explications ici). Un mois après l’accession du cardinal Bergoglio au souverain pontificat, elle lui envoie donc une lettre dont voici deux extraits :
« De Séville et à l’âge de 93 ans, je viens vous supplier pour les plus pauvres parmi les pauvres, pour ceux qui, dans le couloir de la mort de nombreux pays, attendent qu’on leur enlève la dernière chose qu’ils ont, qui est la vie. »
« Nous demandons et supplions que soient retirée du catéchisme la légitimité qu’il confère à cet homicide, qui, puisque il est un acte programmé, légalisé et avec son propre rituel, est dépourvu des circonstances qui permettraient de le considérer comme un acte de légitime défense. »
Cette demande n’est pas immédiatement prise en compte. Toutefois, le 20 mars 2015, le Pape François adresse une lettre à Federico Mayor, Président de la Commission internationale contre la peine de mort. Il y déclare que la peine capitale « est inadmissible, quelle que soit la gravité du délit du condamné. » Une semaine plus tard, le 27 mars, il adresse à María Asunción Milá la lettre suivante :
« Chère Madame,
Merci pour votre lettre. Je vous remercie pour le témoignage de votre lutte contre la peine de mort.
Je prends en compte ce que vous dites sur le Catéchisme et je demanderai que le changement soit étudié.
Je vous souhaite une heureuse et sainte fête de Pâques. Que Jésus vous bénisse, que la Sainte Vierge prenne soin de vous, et, s’il vous plaît, je vous demande de prier pour moi.
Cordialement,
François »
María Asunción Milá est aux anges. Le 16 avril 2015, elle envoie à François les remerciements suivants :
« Cher Pape François,
Pendant deux ans, j’ai cherché avec persévérance à ce que ma supplique vous arrive, parce que j’avais confiance que j’y parviendrais, et aujourd’hui, tout émue et reconnaissante de votre réponse, je rends grâce à Dieu d’y être parvenue.
Heureusement, je ne doute plus de ce « changement » dans le Catéchisme, après avoir lu la lettre que vous avez envoyée à la « Commission internationale contre la peine de mort », puisque les qualificatifs que l’on y trouve employés pour caractériser ce meurtre légal rendent impossible sa légitimité.
Aujourd’hui, je rêve que ce changement se produise dans le cadre d’un acte solennel, comme un témoignage fort devant le monde du rejet de la culture de mort.
Merci, Pape François, merci pour votre proximité, merci pour votre humilité exemplaire, merci pour cette lettre qui m’a tant émue.
Que le Seigneur vous bénisse et vous aide toujours.
Avec toute mon affection et tout mon respect.
María Asunción Milá de Salinas »
Le jeudi 2 août dernier, la Secrétaire de la Communication extérieure du Vatican téléphone à la vieille dame pour lui annoncer personnellement le changement effectué dans le Catéchisme (source).
Un ballon d’essai
L’histoire ne s’arrête pas là. Elle ne fait même que commencer. Ceux qui ont compris que François travaille à un changement radical dans l’Église ne verront pas dans cet événement une initiative isolée.
Réfléchissez un peu.
Cette modification du catéchisme a lieu un 2 août, au moment où les catholiques sont le moins attentifs à l’actualité ecclésiale. En outre, il concerne un thème qui, après des années de propagande droit-de-l’hommiste, fait relativement consensus. Difficile, sans passer pour un vilain fasciste, un affreux nostalgique des heures-les-plus-sombres-de-notre-histoire, de risquer une critique sur cette trahison doctrinale.
Vous comprenez ?
Prudemment, en prenant des risques limités, le pape tâte le terrain : comment le clergé, comment les catholiques vont-il réagir à cette rupture ? Si l’expérience est concluante (et lorsqu’on voit le peu de réactions, il semble déjà qu’elle le soit), soyez assurés que nous assisterons bientôt à d’autres « corrections » du catéchisme.
Voici l’une d’entre elles.
Le § 2358 du Catéchisme de l’Église catholique présente la tendance homosexuelle comme « objectivement désordonnée ». Objectivement désordonnée. Pour certains, ce sont deux mots de trop, qui doivent disparaître du Catéchisme. Parmi eux, le jésuite James Martin, qui prétend « bâtir un pont entre l’Eglise et la communauté LGBT », pour reprendre le titre d’un livre qu’il a récemment publié. Malgré ses conviction pro-gay bien connues, James Martin a été nommé consultant au service de communication du Vatican en 2017. Son livre a été applaudi par au moins deux prélats à qui le pape a confié des responsabilités importantes : Kevin Farrell et Joseph Tobin, tous deux nommés cardinaux par François. Le pape lui-même, pour son Carême 2018, a choisi comme prédicateur un certain José Tolentino de Mendonça, prêtre portugais qui a préfacé avec enthousiasme un livre au titre évocateur : Nous sommes tous différents, pour une théologie queer, d’une certaine Sœur María Teresa Forcades. En mai dernier, le pape s’est adressé en ces termes à un homosexuel : « Dieu t’a fait ainsi et il t’aime ainsi. »3 Etc, etc, etc… Croyez-vous vraiment que François ait envie de résister à des revendications sur cette question ?
Et justement, les revendications n’ont pas tardé : le lendemain du jour où le pape a changé l’enseignement de l’Église sur la peine de mort, un collectif LGBT prétendument catholique a réclamé une modification du catéchisme sur l’homosexualité, arguant du tout récent changement de doctrine sur la peine de mort. La boîte de Pandore est désormais bien ouverte…
NOTES :
Expression du franc-maçon Jacques Fontaine. Cf. MARTIN, Antoine, Le Chant dans la fournaise, Paris, Kontre Kulture, 2015, p. 33.
Cf. MARTIN, Antoine, La Chute des astres, Paris, Kontre Kulture, 2017, p. 113-118.
Sachant que la personne en question a été agressée sexuellement par un prêtre dans sa jeunesse, et que son homosexualité provient peut-être de ce traumatisme, ces propos de la part du pape laissent songeurs : bévue monstrueuse ou cynisme absolu ?
http://gloriadeivivenshomo.hautetfort.com/apps/m/archive/2018/08/21/peine-de-mort%C2%A0-le-pape-francois-altere-le-catechisme-6073672.html