Sous le croissant et sous La Croix
Claude Cahen dit « l’islam médiéval n’a rien que l’on puisse appeler spécifiquement antisémitisme. »
Haïm Hillel Ben Sasson, spécialiste de l’histoire des Juifs du moyen âge écrit « la situation juridique et la sécurité des juifs dans les pays musulmans étaient en général meilleures que dans la chrétienté parce que les juifs n’y étaient pas les seuls « infidèles », parce que par rapport aux chrétiens, les juifs étaient moins dangereux et témoignaient d’une plus grand loyauté à l’égard du régime musulman et parce que la rapidité et l’étendue des conquêtes musulmanes imposaient aux musulmans de relâcher leurs poursuites et de développer les possibilités de survie des membres d’autres confessions. »
Pour Benard Lewis, les juifs constituaient en terre d’Islam une minorité parmi d’autres, alors qu’en Europe ils étaient la seule minorité.
Persécutés en Espagne certains juifs avaient fui en Turquie, l’un d’eux, Isaac Sarfati écrivit à ses frères: Je vous proclame que la Turquie est un pays ou rien ne manque et ou, si vous le voulez,tout se passera bien pour vous. La route vers la Terre Sainte vous est ouverte via la Turquie.
N’est-il pas préférable pour vous de vivre sous la domination de musulmans,plutot que de chrétiens ? »
« Le sultan Bayezid , roi de turquie,ayant appris tout le mal que le roi d’Espagne fit aux juifs qui cherchaient un lieu de refuge,écrit Capsali, eut pitié d’eux et ordonna à son pays de les accueillir[les juifs] avec bienveillance »
Une série de chroniques de l’époque, pour la plupart écrites en Hébreu, après le traumatisme de l’expulsion d’Espagne en 1492 répandirent l’idée que le monde musulman était bienveillant envers eux.
Les historiens juifs appellent la période de l’Espagne musulmane du moyen âge « âge d’or », celle ci s’opposant à l’oppression dans laquelle ils vivaient dans la chrétienté.
Rudolf Kayser écrit « on peut considérer comme une sorte de miracle historique le fait qu’au moment même où le peuple d’Israël subissait ces terribles persécutions (les croisades) il ait connu en Europe méridionale un âge d’or sans équivalent depuis les temps bibliques. »
Heinrich Graetz écrit « la situation douloureuse des juifs en Palestine et dans divers états européens était très satisfaisante dans la presqu’île arabique.
Là ils n’étaient pas contraints de vivre comme leurs coreligionnaires européens, dans la crainte perpétuelle de s’attirer la colère du clergé ou le châtiment du souverain.
Là ils n’étaient pas exclus de toutes les fonctions et de toutes les dignités.
Libres et estimés au milieu d’un peuple jeune, actif et intelligent. »
En Espagne musulmane ils jouissaient d’une grande liberté, possédant leurs propres écoles et développant de nombreuses sciences, alors que dans le reste de l’Europe, les actes de violence délibérément dirigés contre les juifs se multiplièrent.
Accusés de tous les maux les communautés juives furent expulsées de certains états au moyen âge ce qui n’eut jamais d’équivalent en terre d’Islam.
Les musulmans du moyen âge avaient permis au juif Samuel ibn Nagrela de devenir le vizir de Grenade par exemple.
Chose inimaginable dans le reste de l’Europe et que même l’Europe moderne ne put accorder aux juifs alors que cela leur avaient été promis après la révolution française.
André Chouraqui dit « les juifs furent en définitive plus heureux en terre d’Islam que dans la plupart des pays d’Europe où ils furent là bas réellement en butte à une haine implacable. »
Carl J.Friedrich écrit « on peut établir un contraster intéressant entre l’intolérance religieuse de la culture chrétienne occidentale à cette époque et la relative tolérance de la culture musulmane.
Lorsque de nombreux juifs partirent pour le Levant à la suite des persécutions violentes dont ils avaient été victimes en Espagne, la tolérance avec laquelle furent traités ces juifs persécutés ainsi que la tolérance dont bénéficiaient les chrétiens suscitèrent la curiosité des auteurs s’intéressant à la politique.
Dans ses satires politiques, Boccalini auteur postérieur à Machiavel fait punir Bodin pour son éloge de la tolérance des Turcs. »
« Juifs et arabes ont cohabité dans la paix et l’harmonie sous l’autorité musulmane alors même que les juifs de la chrétienté étaient persécutés.
L’hostilité moderne a l’égard d’Israël date seulement du moment où les juifs mirent fin à cette ancienne harmonie en défendant les prétentions sionistes contre les droits des musulmans et des arabes sur la Palestine.
Par conséquent la haine des arabes disparaîtraient et l’harmonie ancienne serait restaurée si le sionisme renonçait à son entreprise « colonialiste » et à sa « nouvelle croisade. »
George Antonius, un arabe chrétien auteur de l’ouvrage pionnier sur le nationalisme arabe écrit « tant au moyen âge qu’à l’époque moderne et grâce essentiellement à l’influence civilisatrice de l’islam, les exemples de persécution délibérée ont été remarquablement rares dans l’histoire arabe, quelques-unes des plus grandes réussites de la race juive datent de l’époque de la puissance arabe où ils ont bénéficié de leur protection éclairée.
Aujourd’hui encore malgré l’animosité suscitée par le conflit palestinien le traitement des minorités juives installés dans les pays arabes continue à être aussi cordial et humain qu’en Angleterre et aux États Unis; à certains égards il témoigne d’une bien plus grande tolérance. »
Salwa Ali Milad écrit « l’islam s’est répandu grâce à ses caractères propres et ses enseignements éclairés, de la même façon que la tolérance arabe fut un des facteurs qui contribuèrent à sa diffusion.
Les arabes accordèrent aux peuples conquis la liberté religieuse, de même que les musulmans joignirent au souci de leur religion un esprit de tolérance a l’égard des fidèles des autres religions. »
Sallam S.M Sallam écrit « en Égypte les dhimmis connurent un âge d’or dans tous les aspects de la vie, dans une société baignant dans un esprit de tolérance et d’harmonie et ils bénéficièrent du merveilleux principe de la tolérance religieuse sous la protection des califes et des sultans. »
Heskel M.Haddad écrit « les exécutions sur les bûchers qui eurent lieu dans de nombreuses parties de l’Europe n’eurent pas d’équivalent dans le monde musulman.
Alors que les juifs d’Europe furent expulsés à plusieurs reprises de chez eux, on ne connaît qu’un exemple comparable dans l’histoire musulmane: en 1678, les juifs du Yémen reçurent l’ordre de se convertir à l’Islam ou de quitter le pays.
Ils partirent en masse et s’installèrent à Mauza, au bord de la mer rouge.
En 1681 ils furent autorisés à retourner au Yémen. »
Source « sous le croissant et sous La Croix » de mark Cohen