La fatwa de Mardin

« [Ibn Taymiyya] –Qu’Allah lui fasse miséricorde !- fut interrogé sur le pays de Mardin.

S’agit-il d’un pays de guerre (balâd hârb) ou d’un pays de paix (balâd salm) ?

Pour le musulman qui y réside, est-il obligatoire d’émigrer (hijra) vers les pays de l’Islam ou non ?

Si émigrer est pour lui obligatoire, qu’il n’émigre (hâjara) pas et qu’il aide les ennemis des musulmans de sa personne ou de ses biens, pèche-t-il en [agissant] ainsi ? Et celui qui l’accuse d’hypocrisie et l’insulte en [le traitant d’hypocrite] pèche-t-il ou non ?

A Allah la louange ! répondit-il.

Le sang des musulmans et leurs biens sont frappés d’un interdit (muharram) où qu’ils soient, à Mardin où ailleurs.

Aider ceux qui sortent de la Voie/Loi (shari’â) de la religion de l’islam est aussi interdit, qu’il s’agisse des gens de Mardin ou autres.

Si celui qui réside [à Mardin] est incapable de mettre en œuvre (iqâma) sa religion, émigrer est pour lui obligatoire.

Si cela n’est pas [le cas], cela [reste] préférable [mais] n’est pas obligatoire.

Que [ces gens] aident l’ennemi des musulmans de leurs personnes et de leurs biens leur est interdit et il faut qu’ils s’en abstiennent par toutes les voies possibles : la dérobade, la subornation ou l’amadouement. Quand il ne leur est possible de le faire qu’en émigrant, [émigrer] s’impose à chacun d’eux.

Il n’est pas licite de les insulter d’une façon générale, ni de les accuser d’hypocrisie. Insulter et accuser d’hypocrisie se fait plutôt dans le cas des attributs mentionnés dans le Livre et la Sunna. Or ceci concerne les gens de Mardin et d’autres aussi.

[Mardin] est-elle une demeure de guerre ou de paix ? Il s’agit d’une [ville au statut] composite (murakkab), où les deux choses par-là signifiées [se retrouvent]. Elle n’est pas dans la situation de la demeure de la paix où les institutions (ahkâm) de l’islam sont d’application sur la raison que l’armée (jund) en est [composée] de musulmans. Elle n’est pas non plus dans la situation de la demeure de la guerre, dont les habitants sont des mécréants. Elle forme plutôt un troisième type [de demeure], où le musulman sera traité comme il le mérite et où celui qui sort de la Voie/Loi de l’islam sera combattu comme il le mérite. »

Ibn Taymiyya, Majmu’ al-Fatawa.

Traduit par maison-islam.com