On lit souvent sur les réseaux sociaux ou on entend le commun des gens dirent « tel cheikh a dit » « il fait partie des grands savants », « moi je suis les kibars » et autres formules de ce genre.
Le cheikh Bachir al Ibrahimi fut interrogé sur ce genre de fatwa « ornée de cette appellation » diffusée par ceux qu’il appelle les partisans du « clientélisme », qui en disant cela affirment implicitement : « Je suis la fatwa d’un Cheikh de l’Islam, et cela suffit » se refusant à réfléchir et en imposant aux gens une fatwa qu’ils n’ont pas interrogé.
Il leur rétorqua alors:
« Non, fatwa, tu ne t’adresses pas à des esprits endormis ni à des ignorants. Tu affrontes des esprits libres qui ne se soumettent pas à de tels titres, même s’ils viennent d’une autorité reconnue, et des âmes qui ne se laissent guider que par l’argumentation, même si celle-ci provient de quelqu’un dépourvu de titre ou de rang. »
Il explique que dire un tel est Cheikh de l’Islam et non pas un tel, savant, nous distraits, nous empêchant d’examiner si cette fatwa relève véritablement du savoir ou non, en nous absorbant dans la critique de ce titre.
Accompagner une fatwa de cette appellation semble dire aux gens : « Ma force provient de cette désignation, ma renommée découle de sa célébrité. Cette appellation est pour moi ce qu’un insigne est pour un soldat. Et comme vous le savez, la puissance de cet insigne chez le soldat repose sur ce qu’il inspire de crainte bien plus que sur ses actes réels. »
Puis il conclut avec une touche d’humour
« Ainsi, cela ne nous importe guère si une fatwa provient d’un Cheikh quelconque, tant qu’elle est accompagnée d’une preuve solide. Mais cela ne t’apportera aucun crédit si tu viens de la part d’un « Cheikh de l’Islam » avec des contradictions flagrantes ou des interprétations absurdes. Abandonne donc ce masque, et débattons à visage découvert, bien que nous ne prônions pas cela pour les femmes élégantes. »
جريدة « البصائر »، السنة الأولى، العدد ٢٠، الجمعة ١ ربيع الأول ١٣٥٥هـ / ٢٢ ماي ١٩٣٦م.