L’angoisse de l’homme sécularisé

L’angoisse de l’homme sécularisé:

La juxtaposition, si fréquente, des mots « Islam » et « terrorisme » est très caractéristique et illustre assurément un état d’esprit qui est combinaison, à doses variables, de divers ingrédients : ignorance crasse des réalités de l’Islam répandue que dans les milieux dits cultivés, préjugés et clichés demeurés au fond des consciences, préventions xénophobes ou racistes et, surtout, peur irraisonnée qui finit par donner sa couleur à toute la mixture.
L’Occident d’origine chrétienne qui, dans la première moitié du siècle, avait cru assister au déclin définitif et à la désintégration de l’Islam est désormais habité par la crainte d’un « péril islamique » rappelant celle du prétendu « péril jaune » de naguère, sentiment opaque dont les expressions peuvent souvent dépasser les limites de la raison. « De quel vertige sont donc saisis les Français qui mélangent l’Islam, le pétrole, la délinquance et leurs angoisses ? » se demandent Claire Brière et Olivier Carré dans un ouvrage au titre accrocheur, lui-même en forme d’interrogation : Islam, guerre à l’Occident ? ‘. Ils constatent que, sur un terrain préparé par de vieux réflexes antiarabes, a surgi « cette terreur toute nouvelle que l’on nomme intégrisme islamique » et qu’à la suite des événements d’Iran, a gagné tout le continent « Un spectre hante l’Europe, le fanatisme islamique ».

les diverses causes de pareille inquiétude, la plus évidente est sans doute la manifestation de la foi musulmane qu’une société sécularisée ne comprend plus et contre laquelle elle se sent impuissante:
« Une foi réveillée, ça ne se soumet pas ». En face des ouvriers qui, à la différence de leurs anciens, se sont mis à proclamer fièrement leur Islam, « ce qui fait trembler les Français [et certainement d’autres Européens avec eux] et redonne du corps à tous les racismes, bien plus que le fait de grève, c’est l’acte de foi».

Incontestablement la foi des musulmans et leur attachement à une religion traditionnelle et transcendante témoignent d’un comportement que l’homme sécularisé de notre temps, qui a lui-même perdu ses certitudes religieuses, ne comprend plus, qui l’effraie et le met mal à l’aise. Il se persuade à bon compte que tout cela n’est que « fanatisme » et
« obscurantisme », opinion dans laquelle le confirme tout ce que rapportent les médias sur le monde musulman.