Les mythes de l’Histoire Moderne Jacques R.Pawels investig’action
Le système politique et socio-économique de la France d’avant 1789 est appelé l’Ancien Régime.
Cette appellation suggère que la Révolution naquit une autre France, nouvelle et moderne.
Les symboles de cette nouvelle France, désormais une république et non plus un royaume, sont le drapeau tricolore, Marianne qui incarne la République, ainsi que la Marseillaise.
Le symbole par excellence de l’Ancien Régime, était le lys royal, le blanc et le bleu étaient les couleurs typiques des bannières et des institutions liées au roi.
Les trois pétales du lys, évoquaient la Trinité.
En effet, depuis le baptême de Clovis, son fondateur, la France était un royaume catholique-surnommée « la fille aînée de l’Église »- dans lequel l’État et l’Église n’étaient pas séparés.
Alors que Jeanne d’Arc la dévote est utilisée comme symbole durant l’Ancien Régime, se fut Marianne qui pris sa place avec la Révolution.
Dans l’Ancien Régime, le petit peuple n’avait pas de pouvoir politique.
Le pouvoir était concentré dans les mains d’une petite minorité de nobles ainsi que d’évêques et cardinaux, appartenant également à la noblesse.
La Monarchie française était devenue une monarchie absolue, c’est pourquoi Louis XIV proclama « l’État, c’est moi. »
Les français étaient les les sujets du roi.
L’Ancien Régime était une société d’ « états », la noblesse et le clergé constituaient les deux premiers États et la population le « tiers état ».
Le tiers état était une combinaison de ce qu’on pourrait appeler aujourd’hui la classe moyenne et la classe inférieure.
La bourgeoisie, était riche, parfois même très riche, mais n’avait aucun pouvoir.
La Révolution fut l’émancipation des bourgeois du tiers état.
En 1789, les habitants de France cessèrent d’être les « sujets »du roi et devinrent des « citoyens » avec des devoirs mais aussi des droits.
Les non catholiques s’émancipèrent, désormais ils n’étaient plus des citoyens de second rang.
Après deux années de révolution, en 1791, la bourgeoisie avait réalisé ses objectifs révolutionnaires.
L’absolutisme royal, avec ses privilèges pour la noblesse et le clergé, avait dû céder en faveur d’une monarchie parlementaire dans laquelle les bourgeois tiraient les ficelles.
Le petit peuple quant à lui resta impuissant sur le plan politique.
Les mesures révolutionnaires exercèrent une pression sur le petit peuple et accentuèrent leurs difficultés de vie.
Les conflits entre révolutionnaires et contre-révolutionnaires propulsèrent Bonaparte au pouvoir afin que la bourgeoisie ne perdent pas son pouvoir politique au profit des royalistes ou des jacobins.
Officiellement chef suprême de la France, en réalité, il était au service des grands hommes d’affaires et surtout des banquiers de la haute bourgeoisie.
Pour conjurer le danger jacobin, Napoléon recourut à la guerre, éloignant ainsi ses adversaires de Paris, creuset révolutionnaires, pour les acheminés dans les coins les plus éloignés d’Europe.
Un grand nombre d’entre eux ne revinrent jamais.
La guerre régla également le problème de chômage, rendant obligatoire le service militaire et régla également le problème économique grâce au pillage des pays étrangers.
Les problèmes sociaux et économiques auxquels la France faisait face furent réglés par la guerre.
Du point de vue de la bourgeoisie, les guerres étaient aussi une affaire en or, permettant à nombres d’hommes d’affaires de s’enrichir.
L’accumulation de capital commercial en France sous Napoléon se fit grâce au commerce des esclaves et au pillage des pays attaqués.
Balzac avait raison quand il écrivait « derrière toute grande fortune se cache un grand crime. »
Officiellement, ces guerres devaient servir à faire partager au reste de l’Europe les bienfaits de la Révolution ( cette justification sera sans cesse reprise en faveur des colonialistes, colonisant le monde dans le but de civiliser les peuples inférieurs).
Sous ce prétexte Bonaparte réussit à justifier la guerre et à mobiliser les révolutionnaires les plus radicaux devenus gênants.
La France devint le symbole de l’impérialisme, le français la langue de la Révolution et les autres langues étaient anti révolutionnaires.
A travers l’Europe les paysans rejetaient en bloc la Révolution, les débordements de Robespierre avaient fait naître une répulsion illustrée par George Orwell « pour l’anglais moyen, la Révolution française ne signifie rien de plus qu’une pyramide de têtes tranchées. »
La carrière « glorieuse » de Napoléon se termina sur le champ de bataille de Waterloo, battus par les champions internationaux de la contre-révolution.
Tout ceci poussa certains historiens comme François Furet à décrire la Révolution française comme « une révolution sans révolution »!
Ou d’autres comme Heinrich Heine a dire « la révolution a commencé, mais elle est encore bien loin d’être terminée. »