Héritée de l’orientalisme du XIXe siècle, la réputation anti-soufi d’ibn Taymiyya n’a cessé de voiler la réalité de son œuvre à portée mystique.
Faire de lui un opposant à la mystique, reviendrait à négliger ses affinités et celle de son école avec la mystique musulmane.
Ses écrits témoignent non seulement d’une doctrine favorable à la mystique mais s’en trouvent fortement influencés.
Rappelons que le soufisme comme l’orthodoxie, ne désignent pas une doctrine fixe dans le temps et dans l’espace et comprennent une riche palette de types spirituelles donnant lieu à diverses doctrines et pratiques.
En analysant ses écrits à la lumière du contexte politique, social et religieux ont constaté qu’il est surtout opposé à une forme de soufisme.
Henri Laoust fut le premier à souligner les affinités d’Ibn Taymiyya avec le soufisme.
Georges Makdisi découvrir même des manuscrits indiquant son appartenance à la confrérie soufie Qadiriyya, dont il aurait suivi le rite initiatique.
Ibn Taymiyya dit « ce qui est correct, c’est seulement d’entériner ce qui, en cette voie et en d’autres est en accord avec le Livre et la sunna et de dénoncer ce qui, en elle et en d’autres, est en opposition avec le livre et la sunna. »
« A l’exemple de Hallaj, que les maîtres du soufisme, tel Junayd, le Prince de l’ordre ont désavoué et exclu de la voie. »
Ibn Taymiyya affirme que les soufis sont les hommes les plus méritants, du fait qu’ils ont atteint le degré de siddiq.
Le soufi n’est pour lui qu’un véridique parmi d’autres véridiques et que ce degré n’est en rien l’exclusivité des soufis.
Ibn Taymiyya s’évertue à présenter le soufisme originel qu’il oppose au soufisme financés par les sultans, qui se plaisent à se nommer soufis pour les bénéfices mondains qu’ils en tirent.
Il les qualifie de soufi des « apparences », de soufi qui n’ont du soufisme que le titre.
Au vu des écrits du shaykh al islam sur le soufisme, il est difficile de le décrire comme un ennemi acharné du soufisme.
Ses réactions, souvent virulentes s’expliquent notamment par son contexte sociopolitique.
En effet, l’instabilité politique, la crise morale et religieuse, la passivité des oulémas étaient tant de menace à la religion d’Allah, enseignée et vécu par le prophète ﷺ .
Ces griefs envers certaines doctrines et pratiques soufis s’inscrivent dans le cadre d’un réformisme religieux visant à débarrasser la shari’a et le tassawuf des innovations et des exagérateur.
Pour lui le tasawuf est une science islamique à part entière, au même titre que le fiqh, c’est la science des états spirituels.
Introduction à la traduction l’épitre des soufis