On oppose souvent le hanbalisme en général et le wahhabisme en particulier au soufisme, qu’en est il réellement:
Georges Makdisi dans sa recherche intitulée « The hanbali school and sufism » note que certains des plus grands savants hanbalites, comme Abd Al Qadir Al Jili, Ibn Taymiyya et son élève Ibn Al Qayyim étaient soufis ou influencés par le soufisme, incluant certaines des œuvres des grands maîtres soufis parmi les sources qu’ils estimaient digne d’être étudiées.
Nombreux savants musulmans et même nombreux occidentaux ont décrit le hanbalisme comme extrémisme, rigide, fanatique et intolérant, opposé au soufisme, présenté comme inclusif, flexible et tolérant.
Ces spécialistes prouvent l’ouverture d’esprit du soufisme par leur tendance à intégrer dans le culte, les coutumes et les pratiques religieuses non musulmanes, alors que l’insistance du hanbalisme sur la pureté religieuse contrasterait négativement avec cette représentation du soufisme.
La description de cette école juridique et du soufisme en tant que pôles opposés doublés de l’hypothèse que les hanbalites rejetaient le soufisme ont abouti à la diabolisation du hanbalisme.
Cependant, les archives historiques présentent une image beaucoup plus nuancée.
L’examen des textes et des biographies des érudits hanbalites révèle non seulement l’absence de proclamation de la nécessité d’éradiquer le soufisme en tant que tradition mystique, mais aussi le fait que certains des plus grands savants hanbalites, y compris Ibn Al Qayyim, étaient des soufis.
En outre, le fondateur du premier et plus grand ordre soufi, Abd Al Qadir Al Jili était lui même un juriste hanbalite.
Ainsi, plutôt que de représenter des pôles opposés, le hanbalisme et le soufisme convergeaient sur de nombreux points.
Ces convergences brisent l’image du hanbalisme comme étant nécessairement opposé au soufisme en tant que tel.
Des différents substantielles subsistent mais pour le hanbalisme ce n’était pas le soufisme comme tradition mystique dans son ensemble qui posait problème mais les pratiques adoptées par certains soufis.
Ils faisaient la distinction entre le soufisme fondé sur les écritures et celui qui adoptait des pratiques non islamiques.
C’est dans ce contexte que l’approche d’Ibn Abd Al Wahhab vis à vis du soufisme doit être comprise et examinée.
Notre théologien, s’inscrit clairement dans la tradition hanbalite d’adopter des pratiques fondées sur le Coran et les hadiths, tout en désapprouvant des pratiques qui ne répondaient pas à ces critères.
Il est important à noter qu’il n’utilisa pas du tout le terme soufi.
Plutôt que de cibler le « soufisme » comme un phénomène ou un groupe d’individus, il dénonça plutôt des pratiques particulières en expliquant en quoi elles étaient blâmables.
L’approche d’Ibn Abd Al Wahhab est similaire à celle d’un autre hanbalite, Ibn Al Jawzi, dont le traité Tablis Iblis qui est une dénonciation du soufisme, vis à dénoncer certaines pratiques soufies et non le soufisme lui même, comme conclu Georges Makdisi.