Alexandre Dumas, l’auteur des 3 mousquetaires était noir

Le 30 novembre 2002, lors de l’entrée d’Alexandre Dumas au Panthéon, Jacques Chirac, Président de la République, rappelait: “Fils de mulâtre, sang mêlé de bleu et de noir, Alexandre Dumas doit alors affronter les regards d’une société française qui, pour ne plus être une société d’Ancien Régime, demeure encore une société de castes. Elle lui fera grief de tout : son teint bistre, ses cheveux crépus, à quoi trop de caricaturistes de l’époque voudront le réduire, sa folle prodigalité aussi. Certains de ses contemporains iront même jusqu’à lui contester la paternité d’une œuvre étourdissante et son inépuisable fécondité littéraire qui tient du prodige.”  Quelques heures avant, au Sénat, Claude Ribbe déclarait: “L’heure n’est-elle pas venue de jeter bas les masques ? L’heure de dire la vérité à qui voudra bien l’entendre. Quelle vérité ? Eh bien, tout simplement, que les Dumas étaient originaires d’Afrique et que la France en est fière. Mais si nous disons cela, chaque fois qu’un étranger frappera à notre porte, ne faudra-t-il pas se demander quand même, avant de la lui claquer au nez, si ce n’est pas le héros que la République appellera peut-être bientôt à son secours, s’il ne sera pas un jour le père d’un génie de l’Humanité ?”

L’usage constant du racisme à son égard témoigne à quel point ce quarteron aux cheveux crépus, fils d’un métis, gênait ses contemporains jaloux de son talent et de sa notoriété.

Mais plus terrible encore sont les quolibets, les imbécilités que les petits esprits vous jettent à la figure. « Eh bien ! c’est un nègre ! » disait ainsi de lui Balzac. On rapporte que la célèbre actrice appelée Mademoiselle Mars s’écria un jour après avoir reçu Alexandre Dumas chez elle : « Il pue le nègre, ouvrez les fenêtres ! » Autre circonstance, autre fait. « Dumas un jour entre dans un salon. L’un de ses ennemis le voyant arriver change de conversation et se lance dans une savante dissertation sur les « nègres », comme l’on disait alors. Plaisanteries fines d’un racisme ordinaire. Dumas ne bronche pas. L’autre élargit sa démonstration aux colorés de tous horizons. Dumas n’a garde de bouger, encore moins de répondre. Enfin, n’y tenant plus, l’odieux personnage apostrophe directement notre auteur :

– Mais au fait, mon cher maître, vous devez vous y connaître, en nègres, avec tout ce sang noir qui coule dans vos veines.

Dumas réplique alors, sans avoir à élever la voix au milieu d’un profond silence du salon dévoré d’anxiété :

– Mais très certainement. Mon père était un mulâtre, mon grand-père était un nègre et mon arrière grand-père un singe. Vous voyez, Monsieur : ma famille commence où la vôtre finit »

Surtout après le succès des Trois Mousquetaires et du Comte de Monte-Cristo, les critiques s’acharnèrent contre lui, et ne manquèrent pas une occasion pour rappeler ses origines africaines. « Grattez l’écorce de M. Dumas, écrit Eugène de Mirecourt, vous trouverez le sauvage. Il tient du nègre et du marquis tout ensemble. […] Le marquis joue son rôle en public, le nègre se trahit dans l’intimité ! » De leur côté, les caricaturistes ne lui épargnèrent guère les clichés racistes et se moquèrent sans discontinuer de ses ambitions d’écrivain. Le Charivari publia un dessin le représentant au-dessus d’une marmite dans laquelle il fait bouillir tout cru les personnages de ses romans : les yeux exorbités, il lance un regard démoniaque à un mousquetaire qu’il porte à sa bouche exagérément lippue prête à déguster de la chair blanche ! Après avoir commenté cette caricature, l’Américain Tom Reiss écrit : « Si son père était mulâtre, l’écrivain n’avait qu’un quart de sang noir mais, depuis la fin du XVIIIe siècle, les préjugés de couleur s’étaient ancrés dans les mentalités et le teint cuivré que le général avait légué à son fils suscitait moins l’admiration que le mépris » .

http://www.raphaeladjobi.com/archives/2014/03/01/29337574.html

https://www.youtube.com/watch?v=zK6hegi_wHE