L’émir abdelkrim Al khattabi

La différence entre la colonisation et le protectorat est que le protectorat est une colonisation indirecte, la dynastie en place conserve le trône mais transfère l’essentiel de sa souveraineté au pays protecteur. C’est ce que le Maroc accepta en signant le traité de Fez en 1912, en principe cet arrangement signifie que la France protège le régime marocain de toute menace extérieure, en réalité elle exerce le pouvoir par le biais du sultan et de son gouvernement.

Le protectorat échoua à garantir l’intégralité territoriale du Maroc, l’Espagne à des intérêts coloniaux depuis le 16e siècle, des forteresse installées le long de la côte qui sont des enclaves coloniales (comme c’est toujours le cas aujourd’hui: Ceuta et Melilla).

Ainsi la France et l’Espagne sont amenées à définir leurs droits respectifs, un traité offrant un protectorat espagnol sur deux zones est signé et le port de tanger devient sous contrôle international.

Le Maroc qui avait réussi à demeurer indépendant se voit à partir de 1912 devenir sous protectorat français et espagnole.

Afin d’appuyer son pouvoir la France tente de s’attirer les grâces des tariqas qui sont organisées comme des réseaux et peuvent à tout moment mobiliser la population contre les envahisseurs comme ce fut le cas en Algérie avec l’émir Abdelkader.

Également les français tentent de diviser pour mieux régner en propulsant le dahir comme système de lois au lieu de la charia pour les berbères dans le but de diviser la population en deux et d’éloigner les berbères des arabes et de l’Islam .

Alors que la France progresse dans son expansion coloniale, prenant possession de nombreuses villes, la résistance se fait entendre chez les berbères du rif, dans une zone contrôlée par l’Espagne qui n’est pas sous protectorat français.

A la tête de la résistance Abdelkarim Al khattabi surnommé abdelkrim.

De 1921 à 1926 il va mener la révolte contre les espagnols.

Il souhaite faire du rif un pays indépendant de la France et de l’Espagne et même du royaume marocain.

La région montagneuse et difficile d’accès, la résistance menée par des hommes défendant leur patrie, leur religion et leur famille permet à abdelkrim et ses hommes de prendre le dessus.

L’Espagne envoie des renforts en 1922 et parvient à reprendre le territoire dont s’était emparé abdelkrim.

Néanmoins les armes obtenus et les fonds reçus en échange de la libération des prisonniers permettent à abdelkrim de se proclamer émir et de recevoir l’allégeance des tribus de la région.

En 1923 et 1924, les rifains infligent une série de défaites aux espagnols.

Fort de ses victoires contre les espagnols les rifains décident de s’en prendre aux français et pénètrent en zone française, en 1925 abdelkrim appelle les tribus vivant sous protectorat français à rejoindre ses rangs pour chasser l’envahisseur, non seulement du rif mais du Maroc entier.

Les rifains font subir aux français de lourdes pertes.

Arrivés à 40km de Fez, l’émir envoi une lettre aux oulémas de la mosquée qarawiyyin afin de les gagner à sa cause, il accuse le sultan d’avoir livré le pays aux français et d’être entouré de corrompus, il éloge les oulémas de ne pas entretenir de relations avec les hypocrites et les infidèles mais ils ne rejoignent pas sa cause et quand le conflit éclate, ils se rangent du côté du plus fort, l’occupant.

En juin 1925 son armée se brise sur les remparts de Fez, les oulémas ne l’ayant pas suivi, la population ne pris pas part au conflit l’opposant aux français, il déclara « les Cheikhs des tariqa ont été mes pires ennemis et les ennemis de mon pays. »

Le ralliement à la France des oulémas et des familles puissantes ayant des intérêts à défendre, priva les rifains d’une victoire sur l’occupant en dehors de leurs terres.

Paris confie la tâche au maréchal petain de mater la rébellion, les rifains font désormais face à une offensive menée sur deux fronts par les français et les espagnols, la résistance cède, abdelkrim se rend et est exilé à la réunion.

Et l’émir Abdelkrim devint une source d’inspiration