Le dahir berbère du 16/05/1930 sera le catalyseur qui contribuera à donner au mouvement national marocain l’unité, se fondant sur le sentiment d’appartenance à une même communauté religieuse, l’islam et à une même nation, la nation arabe.
Le nationalisme arabe est née dans les régions arabes du moyen orient, appartenant à l’empire Ottoman, il est le fait d’intellectuels chrétiens pour qui l’arabisme constitue une défense de leur identité culturelle face à l’administration ottomane.
Ce sentiment d’appartenance à la nation arabe alors peut présent dans la communauté musulmane, attachée à Istanbul par des liens religieux se fera progressivement à mesure que la politique des jeunes turcs montrera des tendances nationalistes poussées qui soumettaient les autres nationalités de l’empire Ottoman à une suprématie de l’élément turc.
Le Maroc, à la différence des autres pays du Maghreb, resta indépendant du pouvoir Ottoman, le sultan du Maroc lui même chef spirituel n’avait jamais accepté l’autorité du calife d’Istanbul et le Maroc s’était toujours opposé à la domination ottomane.
Cependant, l’établissement du protectorat en 1912 et la soumission du sultan aux autorités françaises contribuèrent à ce que beaucoup de marocains rejoignent les positions nationalistes des tunisiens et des algériens.
Les théoriciens du colonialisme français ont toujours interprété l’histoire du Maroc sur l’idée que les populations berbères, habitants autochtones de l’Afrique du nord, avaient subi des vagues d’invasions successives, et que l’invasion arabe en était une parmi les invasions romaines et autres qui avaient eu lieu par le passé, qu’ils avaient embrassé l’islam comme dans le temps ils avaient embrassé le christianisme, ainsi ils pourraient une fois de plus redevenir chrétien et se franciser.
C’est ainsi que le colon s’attela à l’assimilation des berbères et leur naturalisation, par ce démembrement de la nation marocaine, la France espérait renverser la situation au profit de la France en comptant une majorité qui lui serait alors totalement acquise.
Mais la révolte d’Abdelkrim Al khattabi constitua pour la première fois un exemple de lutte anticolonialiste en milieu berbère, dont la revendication n’était pas la berberité mais l’islam et l’appartenance à la nation arabe.
Afin que ce phénomène ne se propage pas dans le reste du pays, la France décida de soustraire les berbères de la loi islamique afin de les éloigner de l’islam et de la nation arabe, pour cela elle encouragea le recours au dahir berbère (loi tribale).
En faisant cela les autorités coloniales ne s’attendaient pas à une réaction violente de la part des berbères qui s’opposèrent vigoureusement contre ce retour aux lois tribales, au lieu de réussir à diviser les marocains en arabes et berbères, le dahir et le dessein colonialiste créèrent chez les berbères un sentiment d’appartenance à la même communauté que les arabes, unis par l’islam et la loi islamique.
La promulgation du dahir berbère déclencha des vagues de protestations dans tout le monde musulman, parmi ceux qui jouèrent un rôle clé dans la protestation: Chakib Arslan.
Cette prise de position de sa part et de nombreuses autres personnalités musulmanes permis de faire prendre conscience au monde musulman que la lutte contre le colonialisme était la même quelque soit la région du monde touchée, favorisant la cohésion entre eux, c’est ainsi qu’Abdelkrim Al khattabi devint un précurseur dans la lutte pour la libération.
C’est ainsi que l’islam et l’arabité devinrent la force des peuples colonisés pour mieux lutter contre le colon et s’opposer à l’assimilation et le facteur de solidarité mutuelle, les musulmans de gaza condamnant les atrocités commises par le colonialisme français et inversement.
Dès lors être arabe n’est plus une question de race mais d’appartenance à la culture arabo-musulmane, à laquelle les berbères font intégralement partie.
Quand le dahir berbère fut promulgué les musulmans se réunirent dans les mosquées afin de prier Allah de les sauver de ce décret visant à diviser les arabes des berbères, des prières spéciales furent récitées.
Victor Piquet mettait ses espoirs sur le peuple berbère, « cette race aussi blonde que nous », il affirme « l’idée essentielle dont il faut se pénétrer est que le peuple marocain n’est pas arabe…quant à leurs lois (le dahir), elles n’ont aucun lien avec le Coran, il nous faut les renforcer et ne pas laisser le Coran s’implanter dans leurs régions. » (source: le peuple marocain)
Documents des archives de la société nation relatifs au dahir berbère du 16/05/1930 Maria Rosa Madariaga