La pensée de Hassan Al Banna en quelques citations

Le premier fait est celui de la faillite des fondements sociaux sur lesquels s’est constituée la civilisation des nations occidentales : le mode de vie de l’Occident, qui s’est appuyé sur les sciences de la matière, la technologie, la découverte, l’invention et la diffusion des productions intellectuelles et techniques dans tous les marchés du monde, n’a pas réussi à offrir à l’intimité de l’être humain une once de lumière, le moindre espoir ou un simple rayon de foi.

Cette civilisation n’a pas non plus tracé aux âmes angoissées les chemins qui mènent au calme et à la sérénité. Or, l’homme n’est pas une machine parmi les machines et c’est tout à fait naturellement qu’il se trouve dégoûté de cet état de fait strictement matérialiste et qu’il finit par chercher à se fuir. Le mode de vie occidental n’a trouvé d’autres moyens, pour permettre à l’être humain de se divertir, que de le réfugier dans les choses matérielles, elles-mêmes par la transgression, les séductions, l’alcool, la sexualité, les grandes fêtes assourdissantes, les apparences attirantes et excitantes qui certes le distraient un temps mais qui, ajoutant la faim à la faim, le rendent perpétuellement insatisfait. L’être humain sent s’élever alors les plaintes de son âme désirant détruire cette prison matérialiste pour se libérer dans l’espace et la paix vers le grand souffle de la foi et du soulagement.

Hassan al Banna

Cette civilisation moderne a prouvé son absolue incapacité à garantir la sécurité de la société humaine et à établir la sécurité et la paix.

Elle n’a pas réussi à offrir le bonheur à l’Homme, malgré les vérités scientifiques et les connaissance qu’elle a acquises, malgré l’opulence et la richesse dont elle dispose,

et malgré que les Etats européens aient pendant près d’un siècle exercé force et autorité sur le monde.

Certes la science a fait des progrès, de même que les techniques et la pensée ont évolué. Les ressources naturelles abondent et la vie est comme elle n’a jamais été. Le monde s’est développé, les hommes jouissent du bien-être et vivent dans le confort…

Toutefois, cela a-t-il apporté quelque bonheur,  permis quelque sécurité dans la vie ou encore apporté calme et tranquillité aux esprits ? Le sommeil en est-il plus paisible ? Les larmes ont-elles cessé de couler ? Le crime a-t-il été combattu ? La société s’est-elle libérée des méfaits des criminels ? Les divertissements et les plaisirs partout présents ont-ils aporté la consolation aux tristes ? Les populations connaissent-elles le repits et la paix ? Sont-elles à l’abri de l’assaut et de l’arbitraire des injustes ?

Rien de cela, messieurs ! Alors, quelles sont les vertus de cette civilisation par rapport aux autres ? Se réduisent-elles à cela seulement ?

Ne voyons-nous pas, d’un point de vue factuel et dans les chiffres, que de tels systèmes, enseignements et philosophies, s’épuisent, se détruisent et qu’après une longue expérience et d’immenses sacrifices, les Hommes en sortent avec l’amertume de l’échec, l’espoir déçu et la douleur frustration ?

Frères bien-aimés, contribuer à la paix mondiale et à la construction d’une vie nouvelle pour les hommes fait partie de votre message. (Comment ?) En montrant les qualités, en expliquant les principes et en présentant les enseignements de votre religion, pour répondre à la soif ardente qui dévore l’homme au cœur de cette impitoyable vie matérielle et mécanique.

Lorsqu’une nation connaît le bien-être, qu’elle prend l’habitude de vivre dans le confort et devient complètement matérialiste et superficielle ; lorsqu’elle oublie de porter ses responsabilités dans la difficulté, de se manifester dans les affaires graves et de lutter pour la vérité, elle perd toute dignité

… beaucoup continuent de donner à « système islamique » une acceptation tout à fait contraire à la réalité. C’est pourquoi ils ne l’acceptent pas et font la guerre au discours qui s’y rapporte. Alors que s’ils en saisissaient le sens exact, ils se raviseraient, seraient les premiers à en assurer hardiment la défense et à lui donner écho.

Les nations européennes qui sont entrées en contact avec l’Islam et les peuples musulmans, en Orient pendant les Croisades et en Occident avec les Arabes d’Andalousie, n’en n’ont pas retiré qu’un sentiment de force ou d’union et d’unité politique, mais parallèlement, elles ont bénéficié d’un important réveil intellectuel par l’acquisition d’une quantité de savoirs et de connaissances. Une renaissance littéraire et culturelle de grande envergure vit le jour.

L’Eglise réagit alors de toutes ses forces contre cet étonnant phénomène et, via les tribunaux de l’Inquisition, persécuta violemment les hommes de lettres et de sciences, et déchaina contre eux la haine des autorités et des populations. Mais tout cela fut parfaitement vain. Les enseignements de l’Eglise ne purent faire le poids face aux vérités et aux découvertes de la science, et la renaissance scientifique en sortit totalement gagnante.

L’Etat ouvrit les yeux et à son tour combattit l’Eglise jusqu’à avoir le dessus. La société européenne fut dès lors complètement affranchie de l’autorité cléricale ; elle cantonna les religieux aux lieux de prières et aux monastères, contraignit le Pape à s’établir au Vatican et limita l’action du clergé à un cadre restreint des affaires de la vie quotidienne, un cadre dont il ne pourrait ne plus guère sortir.Ainsi l’Europe n’aura conservé le christianisme qu’en tant que patrimoine historique et moyen de conquérir, coloniser et réaliser ses aspirations politiques.

En Europe, le champs de la science laissa place à celui de l’invention et de la découverte. Le machinisme doubla la production et donne un orientation nouvelle à la vie dans son intégralité. Cela alla de pair avec l’émergence d’Etats forts qui étendirent leur autorité à de nombreux pays et régions.

Le monde a de fait gâté les nations européennes : bénéfices de toute chose et richesses de toutes parts. Il était par conséquent normal que la vie et la culture européenne s’en tiennent au principe qui consiste à éliminer le religieux de toutes les secteurs de la vie sociale, plus particulièrement en ce qui concerne l’Etat, la loi et l’éducation et que prédomine un état d’esprit matérialiste, érigé comme critère absolu…

Il faut reconnaître qu’une violente vague (d’imitation occidentale) a d’un seul coup submergé les eprits et les consciences, à un moment ou les nations de l’Islam s’y attendaient le moins, et tandis que certaines s’enlisaient dans le confort… des principes et des discours émergeaient, des systèmes et des philosophies voyaient le jour, des civilisations et des cultures se développaient.

Tout cela est alors entré en concurrence avec l’idée de l’Islam dans l’esprit des fidèles et est venu à bout des nations islamiques sur leur terrain en les cernant de tous côtés, envahissant les pays, les foyers et les espaces privés, colonisant les cœurs, les esprits et les sentiments.

A cette fin, on déploya des moyens de persuasion, d’attraction de force et d’influence sans précédent : (cette vague d’imitation occidentale) envahit les nations islamiques dans leur totalité ; les Etats qui étaient profondément islamiques se laissèrent abuser tandis que les autres furent fortement marqués…

1. Les Égyptiens, noyé dans des problèmes sociaux profonds et tiraillés par les influences culturelles étrangères, n’ont plus confiance en eux-mêmes et en leurs valeurs. Une mentalité de victimes s’est développée dans les esprits des individus qui ne se considèrent plus comme des sujets de l’histoire et encore moins comme des agents porteurs d’un message universel adressé à toute l’humanité. Personnalité touchée, affectivité blessée, le problème de la société égyptienne est celui de toutes les identités qu’aucune fierté n’habite, qu’aucune dignité n’éveille, qu’aucun sens ne motive. Le mal est à l’intérieur et a atteint le cœur.

2. L’ignorance de leur propre identité est la chose la mieux répandue chez les Égyptiens. Les gens du peuple, pour la plupart, ne savent rien, ou presque, de la religion : ils la pratiquent par héritage ou imitation mais n’en connaissent souvent pas même les principes élémentaires. Il est impossible, si l’on tient compte du mal qui ronge les coeurs, de présenter l’islam comme l’ont toujours fait les auteurs classiques depuis des siècles avec une armature conceptuelle et théorique extrêmement rigide. Non seulement il faut donc apprendre au peuple les fondements de son appartenance religieuse et culturelle à l’islam, mais encore il est de première nécessité d’en revoir les modes de présentation afin de les adapter à l’époque…

3. Dans cet état de faiblesse, la tentation de l’imitation était réelle et, à l’époque, elle pouvait emprunter deux voix. La première est de se laisser emporter par les conceptions modernistes avec le lot des séductions véhiculées par le mode de vie occidental et de délaisser l’islam et ses enseignements. C’est la voie prise par de nombreux intellectuels et politiciens égyptiens, baignés dans des études et des comportements venus d’ailleurs, qui ne considèrent le salut du pays que dans l’assimilation aux « valeurs du vainqueur ».

4. C’est encore cet état de faiblesse et d’ignorance qui donne leur force à ces confréries soufies qui ne cessent de se multiplier en Égypte. Perturbé dans les affaires de sa vie quotidienne, on en vient à désirer s’éloigner du monde et à trouver dans la structure confrérique le réconfort et la paix. (On sait combien al-Banna était amoureux de la méditation et de la spiritualité, mais ce qu’il conçoit ici comme un danger, c’est une spiritualité-refuge, une spiritualité associée à la passivité, qui, de plus, accompagnée par une méconnaissance de l’islam, finit par être séduite par n’importe quel discours de shuyukh se présentant comme des saints (ou étant considérés comme tels) et qui ajoutent d’innombrables innovations religieuses (bida’) dans leurs rites et leurs actions. Ce type de spiritualité-passivité, de spiritualité-enfermement, est l’un des risques majeurs encouru dans une société déchirée, sans repères, et au sein de laquelle les intimités ne trouvent aucune sérénité.)

Le plus grand des complots qui a d’abord pris d’assaut le cœur et les esprits des musulmans, avant qu’il ne colonisât leur terre et leurs patries, fut cette influence du racisme, du nationalisme populaire sectaire et de cette haute considération de chaque nation pour sa race. Les musulmans en ont oublié l’enseignement de l’Islam qui avait mis un terme au racisme de l’ignorance et à cette fierté de la race, de la couleur et de l’origine

Mais cette civilisation occidentale nous a envahis avec force et agressivité au moyen de la science et de l’argent, de la politique et du luxe, des plaisirs et de la négligence, des divers aspects de la vie confortable, excitant et séduisante que nous ne connaissions pas auparavant.

Nous avons apprécié tout cela, nous nous y sommes pliés et cette invasion a eu sur nous le plus grand des effets au point que l’ombre de la pensée islamique a déserté la vie sociale égyptienne dans beaucoup de domaine essentiels. Nous avons commencé à modifier nos dispositions et à les colorer selon la mode européenne. Dans nos vies, nous avons limité l’autorité de l’Islam à nos seuls cœurs et aux tribunes du sermon du vendredi. Nous l’avons séparé des affaires concernant notre vie pratique, nous nous en sommes énormément éloignés et nous voilà menant une vie double, instable et contradictoire.

Cette vie occidentale, avec tout ce qu’elle possède d’artifices et de séductions, d’apparences, de force et de richesses, tente de mettre la main et de tenir sous sa coupe tout ce qui nous reste de spécificités.

Il viendra très certainement, et très prochainement, ce jour ou s’effondreront dans l’esprit des Occidentaux les citadelles de leur civilisation matérialiste. Ce jour-là, ils ressentiront une famine spirituelle persistante tenailler leur cœur et leur âme.

Les conceptions matérialistes ont produit dans la société européenne la perversion des cœurs , l’altération des mœurs et le laxisme dans la lutte contre la délinquance et la criminalité. Les problèmes ont augmenté, les prémices de l’effondrement sont apparues et les bouleversements destructeurs se sont embrasés. Les systèmes économiques, sociaux et politiques se sont mis à vaciller et ils n’ont plus jamais trouvé d’assise solide.

Les nations se sont divisées à cause des différentes ethnies et des parties, et les peuples se sont entr’égorgés par cupidité ou haine.

Cette civilisation contemporaine a montré sa totale incapacité à assurer le bien-être de la société humaine et à lui procurer

Nous ne demandons pas à ce que soient appliquées les règles du Coran en nous en tenant à l’application des peines les plus dures que peut admettre la partition, car on ne peut émettre un jugement sur une chose sans tenir compte des autres considérations sur lequel il se fonde.Il n’existe de châtiment que si, au préalable, on s’est préoccupé des conditions qui empêchent la réalisation de la faute et du crime et que son auteur n’ait donc plus aucune circonstance atténuante.

La première des entreprises est donc l’instruction qui est un devoir pour tout musulman et toute musulmane, c’est un droit pour eux inaliénable et c’est la responsabilité des autorités de dispenser aux hommes et aux femmes l’enseignement islamique, ses règles et que son message parvienne à tous…Dieu le Très Haut n’a mentionné les peines et les châtiments que dans quelques versets seulement et Il ne les a précisés qu’à une seule reprise ; en revanche, le Coran est empli d’appels intimes aux cœurs pour les encourager au bien, à la piété et au noble caractère : Il n’est pas une conversation à trois sans qu’Il soit le quatrième, à cinq sans qu’Il ne soit le sixième, qu’ils soient moins ou davantage. Il est avec eux ou qu’ils se trouvent puis Il les informera de ce qu’ils faisaient le jour du Jugement dernier, car Dieu est en toute chose savant ». C’est aux autorités, de même, de promouvoir et d’enseigner aux hommes et aux femmes les autres sciences dont la nation a besoin telles que l’agriculture, le commerce, la médecine, l’ingénierie, l’aviation, l’art de la guerre…

La deuxième obligation qui repose sur les épaules de l’autorité c’est de pourvoir chaque citoyen du bien minimal qui lui permet de vivre dignement. La loi divine exige que tout citoyen dans une nation islamique, qu’il soit musulman ou non, possède un toit qui le protège du froid de l’hiver et de la chaleur de l’été, des ennemis et des intrus.Le gouvernement doit pourvoir également à sa nourriture et à tout ce qui concerne sa personne et son corps ; aux vêtements comme aux soins de santé.Ce sont autant de droits que le gouvernement doit respecter ; il ne s’agit pas d’aumônes que l’on distribue aux gens et chaque citoyen doit pouvoir pratiquer une activité qui lui permette de profiter de tous les services de la nation…

Ainsi fut créée la Ligue arabe ; quand les Anglais avaient besoin qu’elle fût créée et quand ils voulurent réunir les populations de leur côté afin de protéger leurs seuls intérêts impériaux. Les Anglais ont toujours été – et c’est là le cœur de la leçon – comme un architecte vigilant qui connaît parfaitement les endroits fragiles de la construction qu’il entreprend et dont il sait qu’il pourra faire usage le jour ou il sera dans son intérêt de la détruire.

Il fût un temps durant lequel la Ligue arabe a pensé qu’elle était devenue une structure forte qui pouvait revendiquer ses droits de façon autonome. Or, le vigilant architecte ne pouvait l’autoriser à dépasser les limites qui lui étaient imparties. Il a donc pensé et considéré la situation en cherchant l’occasion palestinienne et il poussa la Ligue à s’aventurer dans une guerre dont, déjà, il connaissait les résultats et les conséquences

Votre colonisation

Vous persévérez à nous considérer comme des marchandises que l’on achète ou que l’on vend avec de l’argent : il est donc impossible que nous nous entendions. Il est nécessaire que vous teniez compte de la réalité de l’évolution des choses dans le monde musulman et que vous changiez cette mentalité de commerçant avec laquelle vous êtes entrés sur nos terres.

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