Conférence du Docteur Moheydine Hajjar le 16/04/2019 sur Shakib Arslàn
Il est un des penseurs du panarabisme islamique qui a une production intellectuelle des plus abondantes.
Un historien disait « le 19e siècle à débuté avec l’occupation de la Lybie et a finit avec l’occupation de la Palestine. »
Durant cette période le monde arabe a subit de fort bouleversement politique, les problèmes que le monde arabe a connus sont les mêmes que ceux qu’il connaît aujourd’hui, l’intérêt d’étudier Shakib Arslan se trouve dans le fait qu’il les a déjà abordés.
Également le colonialisme d’hier combattu par l’émir Arslan, se trouve au centre du problème aujourd’hui car ce colonialisme est toujours présent mais sous une autre forme, quant à la situation économique et la pauvreté elle occupe toujours une place importante dans le monde arabe.
De même la laïcisation des régimes politiques et des peuples ainsi que l’occidentalisation restent d’actualité.
Né au 20/11/1869 dans ce qui est aujourd’hui le Liban, il est surnommé le « prince de l’éloquence, Emir Al Bayan » grâce à sa production intellectuelle importante et son éloquence.
A 14 ans ses poésies étaient déjà publiées dans les journaux, à 18 ans son premier recueil de poème fut publié.
En 1885, il rencontre Mohammed Abdou.
En 1892, il rencontre Jamaludine Al Afghani.
Il aura plusieurs postes à responsabilités dans l’empire Ottoman qu’il finira par abandonner dès 1902 pour se consacrer à l’écriture.
Chaque semaine il rédigeait des articles pour 40 journaux différents.
Homme de terrain et non simple idéologue, en 1911 il rejoint les ottomans en Lybie pour combattre l’occupant italien.
En 1914, il reprend ses activités politiques au sein de l’empire Ottoman, partisan des thèses des jeunes turcs qui militaient pour qu’arabe et turc soient unis dans la gestion des affaires politiques alors réservés aux turcs.
En 1921, il participe au congrès arabe qui suite à guerre mondiale se dresse contre le colonialisme et le protectorat anglais et français.
Il se fait remarquer pour ses déclarations enjoignant aux arabes de s’allier aux pays européens qui n’ont pas d’intérêt dans les pays arabe (l’Allemagne et l’Italie).
Ses prises de position sont toujours fonction des intérêts de l’islam, en 1911 il combat les italiens et en 1921 il recommande de s’allier à eux.
Dès 1925, il s’exile à Genève, il y restera 25 ans.
Il y fonde le journal « la nation arabe » et y milite pour les droits des pays arabes colonisés.
En 1929, il effectue le Hajj, principal argument pour prouver son adhésion au sunnisme à ceux qui cherche à le renvoyer à la religion « druze ».
Les suisses lui interdisent de quitter le territoire, depuis Genève il deviendra le théoricien du panislamisme, il accueillera chez lui des visiteurs du monde entier (Inde, Russie, pays arabe, Balkans…)
En 1946, il rentre au Liban après une vingtaine d’année d’exil, il est accueilli en héros.
40 jours après son arrivé il décède, ces quarante jours seront les seuls de sa vie où il ne rédigera rien.
Parmi les journaux publiant régulièrement ses articles, Al Manar, d’où sera extrait son livre « pourquoi les musulmans sont en retards. »
Ses articles sont pour la plupart diffusés à ses frais.
Kurd’Ali lui demandera de participer à la revue de l’académie, il lui répondra par une longue lettre ou il dit dit qu’y contribuer est pour lui un devoir.
En suisse, 1440 articles furent écrits et publiés de sa main (soit 8 gros volumes).
Sa pensée :
⁃ L’éducation et la culture sont les clefs de la constitution d’un état islamique fort et solide.
⁃ L’enseignement actuel en orient est plus dangereux que la colonisation, que les croisades et les attaques économiques
La solution au problème des musulmans
0. élever la jeunesse sur une bonne croyance
0. Mémoriser le Coran
0. Apprendre l’arabe
0. Préparation morale des étudiants qui iront étudier en occident
0. S’occuper des priorités (développement économique…)
« Notre apprentissage des sciences en Europe ne signifie pas sortir de nos croyances, de nos mœurs, de notre éthique, de nos goûts et de notre personnalité nationale et sociale. »
Sa politique
0. chercher l’intérêt des musulmans
0. Baser son activité sur le travail et non sur les déclarations
0. servir l’islam se fait par les actes, les déclarations vides n’étant que perte de temps et n’ont vocations qu’à flatter l’individu
Shakib Arslan est également un pionnier de la pensée économique, celle ci ayant selon lui un rôle majeur pour résister à la colonisation et un moyen efficace pour faire renaître les peuples économiques.
En 1913, il déclare « la guerre économique lancée par l’occident contre l’orient est une introduction au contrôle politique et militaire. »
Ses articles se proposent d’analyser les objectifs des états occidentaux et proposent des solutions.
Parmi ses solutions :
0. les richesses des musulmans doivent être exclusivement aux musulmans et non profiter aux dirigeants ottomans uniquement
0. Il faut consolider l’industrie locale
0. Atténuer l’importation
Ces trois propositions ont pour but de faire cesser la pauvreté et de rendre les pays musulmans indépendants
Il proposera au roi Faissal d’Iraq, de cesser de vendre le pétrole pour l’exploiter afin de produire de l’électricité.
Religion :
Les causes du retard des musulmans sont:
0. l’abandon des injonctions coraniques
0. L’abandon des sciences naturelles
0. Le fait de se limiter aux formalités de la religion
0. la perte de confiance en soi
0. Se rabaisser devant les européens, celui qui se sent rabaissé le devient
0. Le fait que certains musulmans soutiennent les colons contre leurs frères
0. L’absence du sens de sacrifice
0. L’absence de coopération entre les musulmans comme cela existe en Occident via les associations…
0. La dégradation des mœurs
0. La dégradation des gouverneurs qui gèrent les pays selon leurs intérêts
0. La corruption des savants qui justifient les actes de ces gouverneurs
0. L’absence de réformisme
0. La propagande colonialiste
Les solutions :
0. l’étude la bonne croyance
0. L’étude de la science moderne
Le réformisme selon Shakib Arslan
L’islam est le moyen de renaissance, mais il fait face à deux obstacles.
0. l’ingrat qui veut occidentaliser les musulmans, qui veut les écarter de leur personnalité, leur histoire et leur culture
« qui veulent construire un futur sans passé. »
0. les rigoureux qui refusent le colonialisme mais se renferment sur eux mêmes, faisant stagner les musulmans et n’arrivant pas à aborder les délits de l’époque, ils deviennent l’argument des ingrats pour justifier que l’islam sera facteur de décadence et de retard civilisationnel
Sa thèse
Union des musulmans sur un dogme commun qui est l’essence de la civilisation islamique
L’évolution de son combat :
0. pendant la première guerre mondiale il insiste sur l’union et la coopération arabe et turc
0. Après la guerre mondiale il insiste sur la nécessité de préserver le califat suite aux protectorats et à la colonisation ainsi que sur la nécessité de s’unir pour combattre les alliés et chasser les colons
0. Après la chute du califat, il va développer le panarabisme islamique, les turcs s’étant isolés des arabes, il veut unir les arabes sur : – la religion -la langue -les intérêts communs
Il prend également pour ennemi le panarabisme naissant qui se veut laïc, insistant sur la nécessité de s’unir autour de l’islam, seul facteur de renaissance.
Ce panarabisme accuse l’islam d’être la cause du retard des musulmans, alors que pour l’émir l’islam et le nationalisme sont la solution.
« la grandeur des arabes est due à l’islam et ses traditions, l’occidentalisation ne doit pas être un modèle. »
Pour l’émir, l’arabité regroupe toute ethnie liée à l’arabe, musulmane ou non ainsi que tous non arabe musulman, relié à l’arabité par l’islam et la langue arabe.
Ibn taymiya a dit « l’Arabe est celui que l' »arabité » domine, même si ses ancêtres ne sont pas Arabes ; par contre, celui qui a abandonné l’arabité n’est pas un Arabe, fût-il descendant d’Arabe. »
Zamarchari, linguiste perse « je préfère être insulté en arabe qu’élogé en persan. »
En mai 1931, il essaye de relancer la révolution en levant pour libérer la région de l’occupation occidentale.
Il est en contact durant toute sa vie avec les chefs nationalistes du monde entier.
Pour lui, l’état saoudien naissant était un modèle à suivre pour sa combinaison entre la religion et l’arabité.
Il s’opposa au Dahir Berbère, mis en avant par la France au Maroc.
N’ayant pas réussi à christianiser les berbères, la France voulu les écarter de l’islam et du reste de la oumma en les poussant à abandonner les lois musulmanes .
Les raisons de la fondation se son journal « la nation arabe »
« Deux buts ont présidé la fondation de cette revue, faire connaître la nation arabe telle qu’elle est et exposer au monde occidental ses revendications. »