L’association ne pouvant s’attaquer directement à l’administration, s’attaqua « au clergé officiel » composé d’imams et de muftis qui incarnaient l’instance légitime de l’islam algérien.
L’imam Ben Badis s’attaqua aux imams et à leurs prêches du vendredi « de nos jours, la plupart des prédicateurs de notre pays prononcent en guise de prêches du vendredi de longs sermons compliqués, n’ayant aucun rapport avec les circonstances actuelles, ni avec les maux des musulmans. »
En juillet 1932, Bachir El Ibrahimi et les sympathisants réformistes de Tlemcen appelèrent au boycott du mufti de la ville, rémunéré par l’administration.
L’association demanda à l’université El Azhar d’émettre une fatwa interdisant la prière derrière des imams nommés par un état non musulman, la fatwa obtenue, la France coloniale inquiète demanda au mufti de Constantine de consulter le mufti de Tunis en juin 54 afin d’invalider cette fatwa.
L’administration ne pouvait laisser ce types d’attaques se développer car elles portaient atteinte à l’un des principaux relais de l’administration auprès de la population indigène.
Bachir El Ibrahimi s’efforça d’élargir l’audience de l’association au milieu francophone et à la jeunesse.
Bachir El Ibrahimi présentait « l’islam algérien » comme une vitrine du régime colonial qui poursuivait la domestication de la population musulmane.
Les oulémas publièrent dans le journal « le jeune musulman » en 1952 « l’islam authentique est situé aux antipodes de l’islam algérien. Ces deux phénomènes ne peuvent se rencontrer ni chez une même personne, ni chez un même groupe de personnes, ni dans la même mosquée.
En un mot « l’islam authentique appartient à Dieu, l’islam algérien à César.
Cet islam algérien est régi par des règlements dont la responsabilité incombe non à l’administration coloniale usurpatrice, ni à l’assemblée algérienne mais à la France elle même. Reconnaître l’islam algérien c’est accepter l’ingérence coupable de l’administration dans les affaires du culte, c’est ni plus ni moins donner des associés à Dieu. »
Pour l’association toute manifestation du culte musulman officiel était l’occasion de déployer cette rhétorique.
Il considérait par exemple que les annonces faites par la commission de la lune et des fêtes religieuses présidée par le mufti d’Alger devait être nulles et l’association publiait ses contre-proclamation.