En 160 de l’hégire (777), Sulayman ibn Yaqẓān al-Arabī, le gouverneur de Barcelone et Gerone, souhaitait prendre son indépendance dans son petit bout d’Espagne. Il traverse alors les Pyrénées afin de demander l’aide de Charlemagne, offrant sa soumission et celle de Abu Tawr et al-Husayn al Obadi, les gouverneurs de Huesca et Saragosse. Le roi des Francs saute sur l’occasion et envoie quelques mois plus tard une grande armée au-delà des Pyrénées, en plein Dar al Islam. La menace pour l’émir d’al Andalus, ‘Abd al-Raḥmān, est de taille, mais il en réchappe sans avoir eu à brandir le sabre. Une révolte des Saxons plus au nord oblige Charlemagne à plier bagage, qui trouva, à sa grande surprise, les portes de Saragosse fermée par son gouverneur, revenu sur sa décision, bien décidé à rompre l’alliance. Une armée abbasside avait même été envoyée depuis Bagdad par le calife al-Mahdī en vue de renverser le pouvoir omeyyade de Cordoue; mais elle n’arriva jamais. Durant la retraite, les Francs sont pris à revers par les Basques. En représailles, Charlemagne met à sac la ville de Pampelune, mais est une nouvelle fois attaquée à Roncevaux par les mêmes Basques ; ils infligent aux Francs une lourde défaite au cours de laquelle le neveu de Charlemagne, Roland, est tué. L’affaire va donner naissance à la fameuse chanson de Roland, chantée plus tard tel un affront fait aux Sarrasins que l’on imagine dans l’inconscient collectif comme les auteurs du crime, qui, pourtant, y était totalement absents.