Personne n’était jamais revenu
Ayyouba est né au début du 17ème siècle à la confluence de la rivière falémé et du fleuve Sénégal.
A cette époque les temps des grands empires qui avaient rayonné sur l’ouest africain, comme l’empire Songhaïs, n’est qu’un lointain souvenir, la vallée du fleuve Sénégal est maintenant divisée en multiples royaumes.
Le plus puissant d’entre eux est le fouta-toro, plus haut sur le fleuve se trouve le royaume de Galam, et sur la rive gauche la contrée de Bambouk, ces deux régions sont connus pour leurs mines d’or et donc proies aux guerres de pouvoir.
Aux confins du fouta Toro se trouve Boundou, où est né Ayyouba, c’est un lieu retiré oui les savants aiment se retrouver pour étudier et méditer loin de l’insécurité de la cité.
C’est ici que le grand père d’Ayyouba, Ibrahima a fondé le village de Thiambé, qui est un village musulman accueillant les étudiants de toute la région.
Ayyouba passa la bas une enfance paisible, il étudia le Coran et l’arabe auprès de son père, Souleymane, imam du village.
Parmi ses camarades d’étude, Samba, le fils du Roi de Fouta, que son père a envoyé au village pour étudier.
A 15 ans après avoir finit ses études, Ayyouba se mari et devient l’imam du village, samba lui retourne à fouta.
Mais le cousin de son père Boubakar, rêvant de pouvoir monte alors une armée et s’insurge contre le roi, le tuant et prenant sa place.
Samba et sa mère fuient et se réfugient au village Thiambé auprès d’ayyouba.
Samba n’a plus qu’un objectif venger son père et reprendre son royaume.
Les habitants du village ne sont pas de grands combattants, épris du désir de vengeance il réussit à mobiliser quelques hommes de Galam, dans un premier temps ceux ci vivent de pillage, les habitants décident alors de solliciter l’aide des français, qui ont un fort sur la côte à partir duquel ils gèrent leurs commerces avec l’Europe, pour les débarrasser de samba et ses hommes.
Ayyouba quant à lui continue paisiblement sa vie d’imam de village, il a désormais deux enfants, il voyage régulièrement à la recherche de la science.
Samba dans sa quête de pouvoir s’allia avec le chef maure, celui ci lui conseilla avant de lancer une attaque contre Boubakar de faire une alliance avec le fort français.
Accompagné de son fils, il alla à la rencontre du Sieur Charpentier, pour le convaincre de lui vendre un canon et de ne pas intervenir dans son insurrection.
Les français hostiles à Boubakar qui avait un jour pillé une de leurs chaloupes, acceptèrent de ne pas entraver leur marche, sans pour autant accepter de se joindre à eux.
Samba lança l’offensive, vengea son père et repris le pouvoir à Fouta.
Quant à Ayyouba il avait depuis épousé une seconde femme, qui accoucha d’une fille.
Il avait alors 30 ans et n’aspirait qu’à vieillir parmi les siens mais son destin allait être tout autre.
Au mois de février 1731, le père d’Ayouba appris qu’un navire européen était arrivé sur le fleuve, il décida d’envoyer son fils acheter du papier, le papier était très prisé par les savants musulmans qui l’utilisaient pour y écrire le Coran.
Ayyouba prépara sa caravane et pris la route vers la Gambie, son père lui conseilla de longer le fleuve mais de ne surtout pas le traverser car de l’autre côté de celui ci se trouvait le pays des Mandingues.
Ils étaient réputés pour les attaques des voyageurs dont les hommes étaient ensuite prisonniers pour être revendus en tant qu’esclave aux européens.
La demande croissante des européens en esclave avait développé les razzias et l’insécurité.
Après un long voyage, il arriva en ville, l’agitation était à son comble, les commerçants étaient venus de toute l’Afrique pour y vendre les esclaves et acheter les marchandises venues d’Europe.
Sur place il ne trouve pas le papier qu’il était venu chercher, il décide d’acheter alors du bétail et reprends vite la route.
Pressé de rentrer il traverse le fleuve, avec son compagnon de route Lamine, il s’arrête sous un arbre pour se reposer et faire paître leurs bétails.
Soudainement des hommes armés les attaques, ils se défendent comme ils peuvent mais plus nombreux les ravisseurs arrivent à avoir le dessus.
Ligotés, les hommes leurs rasent les cheveux et la barbe, leurs volent leurs bétails et se dirigent vers la ville afin de les vendre aux européens en quêtent de nouveaux esclaves !
Arrivés en ville ils furent achetés par le capitaine Pike qui les fit embarquer pour l’Amérique, entassés dans le fond du bateau, le voyage fut difficile, sur les 169 esclaves, 19 moururent.
Après avoir débarqué en Amérique, ayyouba fut acheté par Alexander, qui le renomma Simon et l’envoya travailler dans son champs de tabac.
Ne réussissant pas à s’acclimater il tomba malade, son maître craignant de perdre son investissement, l’envoya garder le bétail, cette tâche lui permis de reprendre de la force et de se cacher pour prier.
Ses forces récupérer une seule chose lui importait maintenant s’enfuir, mais son maître l’avait placé sous la surveillance d’un jeune blanc qui en plus de le suivre là où il allait, s’amusait à lui jeter de la terre au visage et lui faire vivre l’humiliation.
Au bout de quelques jours il décide de s’enfuir, il court à travers les bois, sa fuite sera de courte durée, arrêté par des habitants, il est interrogé par un avocat, Thomas Bluett afin de retrouver son maître, Ayyouba ne parle pas anglais le dialogue est impossible, il lui tend un verre de vin qu’Ayyouba refuse, des mots qu’il prononce Thomas Bluett ne comprend que Allah et Muhammad, il en déduit qu’il est musulman.
Il fait venir un viel esclave qui parle Wolof, Ayyouba lui raconte son histoire, l’avocat parvient à identifier son maître.
Ayyouba en profite pour demander qu’on envoi à son père une demande de rançon afin qu’il le libère.
Alexander et Thomas Bluett acceptent, ils envoient une lettre accompagné de la sienne aux frères Hutt, deux négociants anglais qui ont fait fortune de leur commerce avec la Gambie.
A réception de la lettre, les frères Hutt n’ayant aucun moyen de la faire parvenir au père d’ayyouba la font lire à leurs amis, qui la font lire aux leurs et rapidement la lettre fait le tour des salons bourgeois de Londres, la noblesse anglaise touchée par son histoire décident de payer son affranchissement et de le faire venir auprès d’eux.
Les frères Hutt prennent la mer et se rendent en Amérique afin de le libérer.
Thomas Bluett est chargé de l’accompagner durant le voyage, Ayyouba est heureux, enfin libre même si il ne sait pas encore pourquoi on le libère et où il va.
Durant le trajet, Ayyouba impressionne ces compagnons de voyage par ces nombreuses prières, Thomas Bluett tente de lui apprendre l’anglais, à leur arrivée à Londres il parle parfaitement l’anglais.
Invité à toutes les tables, tous sont curieux de le rencontrer, de connaître son histoire, d’en apprendre plus sur l’islam, sur la vie en Afrique…
Voici la lettre qu’il avait envoyé à sa famille :

De longues discussions naissent entre Ayyouba et Thomas au sujet de Dieu, de Jésus et de la religion, Thomas qui voulait convaincre Ayyouba de se convertir au christianisme est éblouie par les connaissances d’Ayyouba qui lui démontre qu’adorer Jesus, un prophète, n’est autre que du polythéisme et que seul Dieu peut être adoré.
Son départ pour l’Afrique se précise, ses hôtes lui offrent de nombreux cadeaux et multiplient les invitations avant son départ, tous veulent rencontrer ce « gentleman » noir qui maîtrise plusieurs langues, qui leur parle de l’Afrique et ses trésors, ses animaux, ses traditions…
Un peintre nommé William, demande à Ayyouba la permission de le représenter, au départ il refuse justifiant l’interdiction des images pouvant mener à l’idolâtrie, à force de discussions il finit par accepter.
Une fois son visage peint, le peintre demande à Ayyouba dans quelle tenue il souhaite être représentée, il répond en tenue traditionnelle.
William lui réplique qu’il est impossible pour lui de le faire car il n’a jamais vu de tenue traditionnelle, Ayyouba lui rétorque « vous arrivez à représenter Jesus que vous n’avez jamais vu à en faire une idole mais vous n’arriverez pas à représenter une tenue traditionnelle ?! »
Une fois le portrait finit, le peintre peint sa sacoche rouge ou est rangé son exemplaire du Coran dont il ne se sépare jamais afin de pouvoir le lire à tout moment.
Ayyouba avait quitté l’Afrique vendu comme esclave, sans avoir d’exemplaire du Coran avec lui, mais l’ayant mémorisé, il l’écrivit tout entier de tête et depuis son exemplaire du Coran ne le quittait plus.
A ce moment les européens débattaient sur les noirs, sont ils des êtres humains ou non, Ayyouba profita de sa situation pour faire évoluer les mentalités et défendre la cause de ses frères esclaves en insistant sur l’importance de les libérer.
Étonnés de sa culture, son savoir et ses mœurs, il contribua grandement à faire évoluer les mentalités de ceux qui le côtoyèrent.
Il demanda avant son départ à ses hôtes de rechercher son camarade Lamine qui avait été fait prisonnier en même temps que lui et qui était toujours réduit en esclavage en Amérique, afin qu’il soit à son tour libéré, ses hôtes s’engagèrent à le faire.
Arrivé en Gambie, accompagné de Francis Moor chargé de veiller sur lui

Au cours du voyage, ils croisent un groupe de Mandingues, ce qui met Ayyouba hors de lui, il sort son pistolet et veut en découdre avec eux pour se venger, Francis Moore le calme et réussit à le convaincre de parler avec eux.
Assis au dessous d’un arbre, Ayyouba leur demande des nouvelles de leur chef.
Ils lui racontent qu’il est mort, le capitaine Pykes qui lui rachetait ses captifs lui avait offert un pistolet, qu’il portait autour de son coup, par accident il se tira une balle dans le cou.
Ayyouba se jette prosterné au sol, à l’étonnement de tous.
Quand il se releva il proclama « louanges à Allah qui l’a fait mourir par l’arme avec laquelle il m’a capturé. »
Il continua en disant « malgré tout je lui pardonne car sans ça je n’aurai jamais découvert ce pays qu’est l’Angleterre, ni appris l’anglais et connu tous ces gens que j’ai rencontré. »
Il demanda à de qu’on envoi un messager dans son village pour annoncer son retour.
Quelques semaines plus tard, le messager est de retour avec quelques amis d’ayyouba venus du village, fou de joie Ayyouba va à leur rencontre mais quand il voit le visage du messager il sait que quelque chose de grave est arrivé.
Le messager lui annonce la mort de son père, heureusement celui ci a vécu assez longtemps pour recevoir les lettre qu’ayyouba lui avait envoyé d’Angleterre.
Ayyouba pleura pendant plusieurs jours.
Mais ça n’est pas tout, une de ses femmes s’est remariée et apprenant son retour s’est enfuie avec son nouveau mari.
Ayyouba après quelques jours de tristesse annonce qu’il la pardonne car personne n’en était jamais revenu…
Après un long voyage, Ayyouba voit enfin apparaître son village au loin, il accélère le pas, ses proches l’accueillent avec joie, Ayyouba pleure, les siens aussi!
Il retrouve sa première femme qui lui est resté fidèle, ses enfants et ses frères, après des retrouvailles émouvantes il raconte à tous son voyage.
Le lendemain Samba son ami d’enfance lui rend visite, il lui raconte ce qui s’est passé durant ses 5 ans d’absence, son cousin l’a détrôné le poussant à fuir à nouveau et se réfugier dans la région indépendante du Boundou.
Thomas Hutt qui l’avait accompagné jusqu’au village voulait profiter de son voyage pour acquérir certaines matières premières prisées en Angleterre.
Les français qui tenaient plusieurs ports de la région apprirent sa présence, ils envoyèrent une lettre à Ayyouba pour lui demander de ne pas aider Thomas Hutt dans ses projets en échange de somme importante d’argent.
Ayyouba ne donna pas suite, les français diffusèrent alors à tous les ressortissants un ordre visant à l’arrêter.
Ayyouba lors d’une de ses sorties fut arrêter par les français et enfermés dans le port de saint Joseph, il ne pouvait prévenir ni sa famille, ni ses amis anglais.
Il fut décidé qu’il serait mis dans le prochain bateau pour les Antilles afin d’y être vendu.
Quelques jours plus tard, une caravane de vendeurs d’esclaves arrivèrent au port de saint Joseph et demandèrent des vivres, ce qui leur fut refusé, ils attaquèrent alors les soldats du fort, l’insécurité fut telle que le port fut abandonné et Ayyouba libéré, il retournera alors dans son village aspirant à vivre auprès de sa famille en sécurité et restera jusqu’à la fin de ses jours sous surveillance des français.