Les rivalités entre les principautés lombardes et byzance étaient de nature à susciter l’intervention arabe, de même que la dégradation du pouvoir en Espagne wisigothique avait ouvert la voie de la conquête aux musulmans venus d’Afrique, l’éparpillement des pouvoirs provoqués par l’éviction des Lombards par les carolingiens et leur redéploiement en Italie du sud ont créé des conditions favorables à une intervention extérieure.
Les contingents musulmans furent appelés au secours dans les luttes entre les cités de Campanien et de Calabre.
Naples fut d’ailleurs pendant 9 ans une autre atroce au IXe siècle.
Hugues de Provence s’appuya sur les arabes pour combattre Béranger, son rival au trône d’Italie.
Les premières entreprises des musulmans contre l’Italie ont visé la Sicile.
Les îles étant un point d’appui indispensable pour progresser, c’est pourquoi Chypre, la Crète, Malte, pantelleria, les baléares, la Sardaigne et la corse furent successivement les objectifs à partir de différentes bases de départ, d’abord l’Égypte et la Syrie, puis l’andalus et l’ifriqya.
Cette phase active met en évidence l’incontestable adaptation des arabes au monde de la mer, qui malgré la répulsion d’Omar au recours à la navigation, leur prise de conscience fondée sur l’observation de l’héritage romain et l’exemple byzantin leur imposa la nécessité d’acquérir les technique nécessaires à la domination des mers.
Ce tournant fut pris par le calife Uthman.
Dès lors une politique navale fut mise en place pour tenir tête à la marine byzantine et agrandir le territoire.
Avant même cette évolution des contacts s’étaient noués entre la Sicile et l’Afrique lors de la conquête libyenne, par Amr ibn Al ‘as, des groupes s’étant enfuis en Sicile, une offensive musulmane fut lancée contre la Sicile en 652 par Mu’awiya Ibn khudayj.
La prise de Carthage par les arabes mettait la Sicile à leur portée.
Plusieurs offensives furent entreprises sans réel succès.
Moussa Ibn nusayr, promu gouverneur d’ifriqyab multiplia les assauts contre la Sicile et la Sardaigne.
Une vingtaine d’expéditions eurent lieu due à la capacité de riposte des byzantins.
En 700, pantelleria tomba et devint un poste avancé de la pression musulmane, de là fut lancé la conquête de la Sardaigne.
Malgré toutes les attaques, aucune opération ne réussit à désarmer les byzantins, les difficultés intérieures du Maghreb et le renforcement du dispositif byzantin découragèrent les offensives.
Après la trêve officielle, les musulmans dès le 9e siècle reprirent les offensives contre la Sardaigne et la corse et réussirent en 827 à débarquer en Sicile, alors fragilisée dans sa défense à cause des guerres civiles chez les byzantins.
Euphemius qui voulait se maintenir au pouvoir en Sicile, après l’avoir usurpé fit appel aux musulmans, ce fut un homme nommé Assad originaire du khorassan qui fut chargé de diriger l’armée musulmane.
Les musulmans débarquèrent en juin 827, Balata, représentant du pouvoir byzantin fut écrasé et l’armée ifriqiyenne marcha sur Syracuse et s’installa aux Latomies.
Rapidement la situation se détériora, l’armée byzantine harcelait les combattants et bientôt une épidémie emporta Assad, se qui déclencha un désarroi parmi les troupes.
Les musulmans se réfugièrent avec euphemius à Mineo, de là ils parvinrent à s’emparer d’agrigente.
Mais encerclé l’armée musulmane fut prise au piège et Euphémius assassiné, les musulmans virent leur jour sauvé par un contingent venu d’Andalousie à leur secours.
L’offensive repris de plus belle, Palerme tomba en 831.
L’arrivé d’Abu-l-aghlab, neveu de l’émir, à Palerme, comme gouverneur marqua un tournant, de 840 à 842 de nombreuses villes tombèrent, Al Abbas ibn al fadl succéda comme gouverneur de Palerme et les expéditions se multiplièrent sous son règne, jusqu’en Calabre, ces victoires retentirent jusqu’à Byzance qui décida d’envoyer une armée de 30 000 hommes qui malgré leur nombre furent écrasés.
La Sicile conquise, les musulmans se dirigèrent vers Malte, mais sans succès.
Les byzantins inquiets de l’occupation de la Sicile qui ouvrait la porte de la Méditerranée orientale aux musulmans, formèrent une lourde flotte de 140 bateaux et écrasèrent la défense musulmane.
Les musulmans avaient de plus en plus de mal à faire face à l’offensive byzantine, exaspérés une guerre éclata entre arabes et berbères.
Kairouan envoya alors une armée écraser l’insurrection, la paix retrouvé, la Sicile demeura alors durablement conquise et sous l’autorité d’Ibrahim II qui projeta de conquérir maintenant l’Italie puis Constantinople.
La menace parvînt rapidement à Naples qui prépara activement sa défense, Ibrahim II pris de fièvre mourut, son successeur Ziyadat Allah abandonna le projet de conquête.
Quant à la Sardaigne, dans le prolongement de la conquête espagnole, les musulmans andalous avaient déjà entrepris quelques avancées mais rien de durable, ce ne fut que 90 ans après ces premières escarmouches que l’offensive débuta dirigée par Mujahid Al Amiri, une grande partie de l’île fut alors occupée.
Les offensives contre la corse eurent lieu également de 806 à 813, la corse servait à se moment là de départ des offensives musulmanes contre l’Italie en général et elle en particulier.
Même si la présence musulmane en corse est attestée et l’influence culturelle encore visible, quelques foyers d’occupation subsistèrent mais la conquête ne fut pas totale.
L’Italie centrale et méridionale
La situation de l’Italie centrale fut fortement fragilisée depuis l’arrivée des francs en Lombardie ainsi que le retour des byzantins longtemps absent de la région.
Les musulmans installés en Sicile vont mettre à profit cette instabilité pour élargir leur territoire vers la péninsule où se trouvaient déjà disséminés des groupes de berbères convertis.
Naples en 836 contracte une alliance avec les musulmans afin de garder son autonomie par rapport au duché de Bénévent.
Le duché en lutte contre le roi d’Italie, Louis II fait appel aux musulmans.
Vers 840, venus de Sicile ils s’emparent de Tarente, puis en 847 de Bari qui leur ouvre les portes vers l’adriatique, les dissensions entre les Lombards et les byzantins facilitant la progression musulmane.
Le pape Grégoire IV fait renforcer la défense de la ville de Rome, la première attaque a lieu en août, la basilique st pierre en frappée, mais découragés par la muraille qui protège la ville, les musulmans ne cherchent pas à pénétrer la ville et se dirigent vers la mer.
Ces offensives eurent pour principal effet de soulever une immense émotion dans la chrétienté et de susciter une riposte qui réussit à expulser la garnison musulmane, mais ils ne purent rien comme Tarente et Bari où un émirat local se maintient pendant 30 ans.
Le pape se résout à payer le tribut pour éviter un second raid contre Rome.
En 875, le pape Jean VII mobilise les carolingiens pour la défense de Rome en exagérant le danger musulman, il n’hésite pas à faire appel à Basile 1er et à favoriser toutes sortes de compromis.
Profitant des conflits inter-chrétiens, les musulmans continuent leurs rapines et prennent le contrôle des routes de communications et des places fortes.
Désormais, les sarrasins d’Italie ne cherchent plus à tenir des villes, mais ils s’accrochent à quelques « marines ».
Le Pape jean X réussit à organiser une coalition, à partir de Xe siècle la lente reconquête byzantine parvînt à déloger les sarrasins de plusieurs villes, sans réussir à atteindre ceux de Calabre, épaulés par la Sicile toute proche.
Les musulmans résisteront jusqu’au quart de XIe siècle où ils lâcheront prise à cause de plusieurs facteurs: les troubles intérieurs en Afrique du Nord, la perte de la Crète, la division de l’émirat sicilien et les tentatives de reconquête de l’occident par les byzantins.
L’Italie du Nord
Les incursions musulmanes ont progressé vers l’intérieur de l’Europe, dans le massif alpin en particulier.
Elles venaient de l’Andalousie ainsi que de Sicile.
Au 11e siècle les Normands appelés en renfort permettront de reconquérir la Sicile qui sera alors définitivement rattachée à la chrétienté, néanmoins la conquête de la Sicile par les normands n’est pas comparable à la reconquista espagnole, car les normands n’avaient aucune attache à la Sicile à la différence des espagnoles et n’avaient aucun préjugés politiques ou religieux, ils se saisirent uniquement d’une opportunité d’agrandir leur territoire, c’est pourquoi malgré la reconquête une large communauté musulmane continua de vivre dans l’ouest de l’île où ils jouissaient de liberté et d’une totale autonomie.
Au début du 13e siècle, une révolte éclata dans cette région, cette subversion pouvait raviver les liens avec le Maghreb et les insurgés faire appel à leurs frères musulmans, une violente répression fut alors décrétée.