Les religions laïques ou l’irreligion de l’avenir
De nos jours l’indifférence religieuse s’est extraordinairement développée, on peut y voir le résultat d’une épidémie morale, que les circonstances ont entretenue.
La nature répugne une irréligion complète.
L’ivresse que leur causent les premières expériences du libertinage de l’esprit et de la volonté leur impose des attitudes; affranchis de la tutelle divine, ils se croient libres et par conséquent maîtres d’eux mêmes.
Mais les ivresses prolongées du libertinage tombent et l’étourdissement qu’elles produisaient s’atténue peu à peu, le vide laissé par la perte de la foi se fait sentir, il produit une gêne.
Il n’est pas possible de supprimer radicalement chez l’homme l’instinct religieux.
Après avoir chassé le catholicisme, la France souffra de ce manque de religiosité, il lui fallait quelque chose de nouveau, la bourgeoisie parisienne trouvèrent réponse à ce manque dans les cercles encyclopédistes, ou rousseau et voltaire devinrent les nouveaux messies et la philosophie des lumières leur nouvelle religion.
Il ne restait qu’à lui donner l’expression d’un culte, pour soumettre les foules.
Robespierre disciple de Rousseau, tenait le « contrat social » comme un évangile, il en vivait et voulait que la France en vécut.
Cette profession de foi civile prêchée par rousseau devait être religion d’état pour Robespierre, ne serait être un bon citoyen celui qui ne s’y soumet pas.
Or une religion sans culte est vaine et un culte suppose des fêtes et des cérémonies qui entraînent et éduquent le peuple fidèle.
Pour répondre à ce besoin, le décret du 18 floréal en II prescrivit la célébration des glorieux événements révolutionnaires.
Le genre humain, la république, la liberté…furent célébrés, le tout en l’honneur d’être suprême.
La popularité de ces rites dura aussi longtemps que Robespierre fut en vie, puis disparurent à sa mort, adepte du déisme de rousseau, il ne su réagir efficacement au culte de la raison et de la patrie qui remplaça alors le culte déiste.
Marie Joseph Chénier déclara « vous saurez fonder sur les débris des superstitions détrônées, la seule religion universelle qui n’a ni secrets, ni mystères, dont le seul dogme est l’égalité, dont nos lois sont les orateurs, dont les magistrats sont les pontifes, et qui ne fait brûler l’encens de la grande famille que devant l’autel de la patrie, mère et divinité commune. »
Le culte de la raison fut inauguré à paris le 10/11/1793.
Une actrice personnifia la Liberté.
L’église métropolitaine de notre dame reçut le titre de temple de la raison.
De nombreuses églises paroissiales se virent infliger la même honte.
Le conseil général de la commune de Paris ordonna ces profanations sacrilèges.
Les sociétés populaires et les représentants en mission propagèrent ce culte dans les départements.
Ils eurent quelques succès.
Les « déesses Raison » ne manquèrent pas, il n’y eut pas besoin de les prendre chez les actrices, les bourgeois offraient d’eux mêmes leurs filles.
On eut ainsi La Liberté, l’égalité, La république, La Patrie.
Ce changement de vocable ne faisait rien au culte.
Ses promoteurs y voyaient surtout un moyen puissant de déchristianisation.
La convention élaborait sa religion civique, dans l’espoir d’attacher les citoyens à la constitution, à la patrie et aux lois.
Elle prescrivit le culte décadaire et les fêtes nationales, plus particulièrement le 14/07 et 10/08, la foule prit plaisir aux solennités politiques, quant aux fêtes en l’honneur des victoires de La Liberté, de la Souveraineté du Peuple…leurs caractères trop philosophiques les rendit incomprises, rendues obligatoires par la force, cela suffit à les rendre odieuses.
Ces cultes tombant en désuétude, la théophilanthropie fit son apparition, une sorte d’église rationaliste, une religion naturelle, antérieure au christianisme, embrassant toutes les religions et les morales.
La théophilanthropie se contente d’un petit nombre de vérités acquises, comme l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme, son avantage est d’accepter les athées et ceux qui ne professent aucune religion, car elle a un caractère de société morale et non de religion qui divise alors les hommes, en croyant ou impie.
Les théophilanthropes ont leur cérémonial, ils débutent leurs cérémonies par une invocation au Père de la nature, suivie d’un examen de conscience.
Puis suivent des discours et des chants.
Après les dévots célèbrent la saison en cours.
Cela fait, on procède aux mariages, baptêmes et aux funérailles.
Ce culte disposa à Paris de 18 églises, ses fidèles venaient de l’aristocratie révolutionnaire.
Malgré le soutien gouvernementale, la théophilanthropie échoua.
Les créateurs de ces cultes révolutionnaires suivent une orientation commune, ils tendent à faire entrer dans la patrie la notion de la divinité, terme de la religion, à confondre la religion avec le lien politique ou social qui unit l’individu à la collectivité humaine.
Ce qui les amène à transposer dans l’ordre social ou politique, dans l’ordre humain par conséquent et naturel, l’idéal que la religion place au delà vers Dieu.
La franc-maçonnerie dans l’organisation de la société dans religion joue un grand rôle, par les initiations le maçon franchit les diverses étapes du panthéisme pour échouer dans un matérialisme abject.
L’homme devenu Dieu se proclame libre de tout penser, de tout faire, il s’adore lui même.
Une comédie sacrilège veut être la religion universelle, qui doit absorber les religions.
Le vide creusé devant l’intelligence par la diminution de la foi et l’affaiblissement de la religion dans la société fait divaguer l’homme.
L’humanité ne peut être organisée sans la religion, mais toutes ces fausses religions inventées depuis la révolution ont été impuissantes à tenir leurs promesses.
Elles n’ont de force que pour nier et détruire, elles ne peuvent remplacer la vraie religion.
Les partis politiques, les groupes économiques, les écoles de philosophie, les églises rivales, les nations séparées, ne sont que des échafaudages du sanctuaire laïque.
La religion laïque s’organise et se propage via l’enseignement officiel, elle a 4 dogmes constitutifs, le progrès, la science, la raison et la conscience.
Le but de la religion laïque est de disposer l’homme à se rendre un culte.
Cette religion met les enfants à sa portée en rendant l’école obligatoire, lés instituteurs se servent de la morale pour inculquer la religion laïque.
Ses fondateurs qui la voulaient laïque avant tout, prétendirent libérer de toute foi religieuse l’enseignement de la morale.
La raison pensaient ils, suffirait à établir son obligation.
Mais l’expérience a démontré le contraire, la morale réclame une base religieuse, ainsi leur laïcisme se mua en religion.
Valois dit « le laïcisme est une religion, l’instituteur est son prêtre, l’état démocratique son pontife suprême et infaillible.
L’école est pour la France démocratique ce que furent les cathédrales pour la France du moyen âge, chargées de guider et modeler la vie.
Les saints sont remplacés par des héros laïques, notre siècle n’est pas si incrédule qu’il le paraît, la foi laïque possède nombre de dévots et de dévotes.
Ces héros qui cherchent à poursuivre un idéal sur terre que Dieu n’a promis que dans l’au delà, or cette mystique ne peut suffire à orienter l’existence humaine, il faut un but précis à la morale, par laquelle l’homme dirige ses actes.
Cette religion sans Dieu et sans au delà est un phénomène unique dans l’histoire.
Le modernisme prétend absorber toutes les religions en les faisant évoluer vers la religion idéale dont il a le monopole, l’évolution n’étant pas spontanée il faut la provoquer et la diriger:
L’évolution se produit avec douceur afin que les croyants ne la soupçonne pas et qu’elle échappe à la vigilance de l’autorité religieuse.
Cette évolution doit mener les idées religieuses vers la libre pensée.
Peu de religieux acceptent d’abandonner leurs idées religieuses pour celles-ci mais ceux qui le font sont alors choisis et destinés à des postes d’influence dans le but d’influencer les masses.
Le modernisme condamné à la pauvreté intellectuelle, il n’y a plus d’idée propre, ces adeptes n’ajoutent que leur médiocrité.
Quant aux croyants qui croient en la réconciliation avec la démocratie, leur naïveté incurable les poussent dans les bras des modernistes, lesquels n’auraient jamais rien obtenu sans le concours de ces croyants naïfs, qui ne voient que des malentendus partout, d’une indulgence sans borne pour les adversaires de la foi, qui réservent toutes leurs rigueurs pour les croyants qui refusent de se prêter aux combinaisons de leur pacifisme.
Ils sont prêts à toutes les concessions.