La « civilisation » gréco-romaine entre mythe et réalité

L’histoire de la société gréco-romaine a subi un embellissement dans notre époque où le besoin d’un attachement à un repère historique est devenu une nécessité.

Le but est de présenter cette société comme le seul modèle de société humaine et l’unique apport civilisationnel.

La mystification de cette société a connu son apogée au siècle des lumières et lors du colonialisme et dans la conscience des écoliers le conditionnement est tel qu’ils sont persuadés que les grecs et les romains sont seuls à l’origine de la société, de la science, de la civilisation…

Les professionnels de l’histoire possèdent un monopole qui leur permet « d’historiser »le monde monde à leur manière sans la moindre objectivité.

A l’opposé d’autres historiens, tel Ibn Khaldoun insiste sur l’examen partial de l’histoire, des sociétés passées, des faits connus ou des écrits des individus.

Les historiens actuels n’ignorent pas que les informations disponibles sont fragmentaires, partiales et en général incorrectes et falsifiées, ce qui exige une analyse approfondie.

Ibn khaldoun dit « les écrits historiques doivent être étudiés selon un esprit critique textuel qui inclut le plus grand nombre de témoins des narrations, des mémoires, des lettres, des documents juridiques; ainsi que par des informations livrées par les vestiges concrets de civilisations, comme l’architecture, l’art, l’artisanat et les tombes. »

Les historiens aujourd’hui sont plus des chroniqueurs que des auteurs khaldouniens impartiaux, ils attachent aux événements, aux convictions de leur engagement personnel.

L’histoire qui nous provient par de chroniques datant d’avant les lumières étant avant la renaissance aux mains du despotisme de l’église, qui l’a remanié afin d’y retiré toutes traces non chrétiennes puis à la renaissance au main du clergé qui étant le seul à connaître l’écriture produit uniquement des chroniques qui leurs sont connus, sanctifiant les uns et décriant les autres, c’est pour Ibn Khaldoun refuse de commenter l’histoire à travers ces seuls sources.

Ibn Khaldoun dit « lorsque l’esprit reçoit avec impartialité une information, il l’éprouve et l’examine comme il se doit, jusqu’à distinguer clairement si elle est véridique ou mensonge…ce qui introduit le mensonge dans les informations est la trop grande confiance envers ceux que l’on suit. Il convient d’exercer à cet égard son esprit critique. »

J.Heers déclare dans « le moyen âge, une imposture » que de très longs temps du passé ont échappé en France, aux mépris et aux condamnations et que les sociétés grecques et romaines ne sont jamais remises en cause, malgré ce qu’on sait de leurs mœurs déplorables, l’exposé est limité à quelques hauts faits qui s’orientent vers le culte des héros.

L’antiquité gréco-romaine est proclamée en France comme modèle d’excellents gouvernements, d’exemples de « république » et de peuples très à attachés à la liberté, tous les écrits louent la démocratie athénienne sans esprit critique.

Chaque rédacteur analyse les institutions dans les moindres détails, régime des assemblées…tout en taisant les rigueurs de l’esclavage, de la citoyenneté réservé à un si petit nombre, la corruption politique et les effroyables pratiques démagogiques et tout en ignorant l’exploitation éhontée des colonies, les razzias d’hommes et de richesses, les répressions sanglantes infligées aux rebelles désarmés et aux vaincus.

Ainsi l’hallucination de la société européenne est marquée par la vision d’une période de libertés et de créations inédites représentées par cette « antiquité » exemplaire.

Puis après de longs siècles dans un état comateux et une existence végétative (le moyen-âge) apparaît enfin « la renaissance ».

Miraculeusement elle réveille les hommes qui métamorphosent leur attitude devant la vie et l’univers en puisant la « civilisations » dans le creuset de l’antiquité gréco-romaine.

Pourtant durant 5 siècles la tyrannie romaine écume le monde, sur plus de 25 millions d’habitants dans l’empire on ne compte que 200 000 citoyens (c’est à dire ceux qui jouissent de citoyenneté et sont reconnus hommes libres) c’est ce qu’on appelle la république romaine.

De plus dans le domaine culturel les romains sont sans doute le seul peuple de l’antiquité qui ne nous ait rien apporté.

Depuis l’avènement de la chrétienté le latin est la base de la culture de l’homme occidental alors que les romains ne possédaient que 2 choses: la force militaire qui leur a permis de piller le monde et leur organisation bureaucratique et lorsque cet empire romain s’est écroulé Rome est devenue une bourgade féodale.

L’histoire khaldounienne de Rome démontre que le peuple romain passa la majeur partie de son existence dans la luxure grâce aux produits des colonies, dans la débauche et la violence.

La barbarie incarnait pour ce peuple un raffinement qui se caractérisait par une imagination débordante dans l’art de se distraire sous forme de manifestations sanglantes dans les arènes.

De même ils excellaient dans le culte de la personnalité si bien qu’ils vouaient une vénération quasi divine à leurs empereurs tyranniques et leurs esclaves consacraient leur énergie à subvenir aux désirs sordides et perverses leurs maîtres « démocrates »…

La démocratie :

Fiers de leur sang, seuls les Eupatrides ont accès aux magistratures: ils sont rois, jugés ou généraux et ils apprennent aux autres à « bien penser ».

Ils parlent aux dieux au nom de la cité, offrant les sacrifices qu’il faut, seuls prêtres d’une religion toute civique.

Or ces nobles, les Eupatrides représentent une cinquantaine de familles dans la cité d’Athènes et sont les seul à êtres armés tandis que les « crève-la-faim » forment une plèbe énorme.

Le propriétaire, l’Eupatride, veille à la manière d’un seigneur féodal sur son domaine dont il perçoit 5/6e de la récolte.

Les sociétés gréco-romaine institutionnalisent une organisation socio-économique fondée sur l’esclavage.

L’esclavage est un héritage gréco-romain qui a persisté aussi longtemps qu’à la force des préjugés, entretenus par la culture et les structures sociales gréco-romaines assurant qu’il existe des races humaines inférieures.

Certes l’esclavage existe dans la plupart des sociétés et n’est pas une exclusivité de la société gréco-romaine mais celle ci développe un esclavage de type industriel où les conditions de vie sont les plus cruelles de l’antiquité.

Les esclaves de perse, d’assyrie ou d’Égypte pouvaient accéder à certaines fonctions et être affranchis tandis que les esclaves gréco-romains sont placés dans la catégorie des matières premières qui se vendent et s’achètent.

Le commerce le plus lucratif et le plus actif est le commerce des esclaves.

Les hommes libres dans la société grecque ne rassemble environ de 40 000 citoyens qui ont droit de cité et plus de 100 000 esclaves et quelques dizaines de milliers de familles d’étrangers résidants et enfin les femmes privées de droit sauf celui de procréer, sur une population totale d’à peu près 300 000 personnes.

La démocratie athénienne n’admet la citoyenneté qu’aux seuls citoyens majeurs Eupatrides de sexe masculin.

La justification de l’esclavage parsème les textes des plus grands philosophes de l’antiquité, tel Platon dans la république, pour Aristote l’esclavage est le corollaire de l’existence des hommes libres, réduire des hommes en esclavage est un droit naturel, il y a pour lui des êtres qui sont esclaves par nature et qu’il est normal de les y contraindre par la guerre qui est selon sa définition « une chasse qui permet d’acquérir les hommes qui nés pour obéir, refusent de se soumettre. »

Il ajoute que du point de vue économique, l’esclave n’est autre qu’un « instrument animé. »

Un des legs de la civilisation gréco-romaine se retrouve dans l’esprit des premiers mouvements de colonisation, légitimant l’asservissement d’ethnies spécifiques.

Le modèle de la cité grecque

La cité est le nom donné dans le monde gréco-romaine à toute communauté souveraine d’hommes libres qui ont droit de cité et appelés citoyens.

La cité est indépendante et régie par des lois qui sont le privilège des citoyens à l’exclusion de tout autre (étranger, batard et esclave).

Cette législation est le fondement de la cité grecque dont le modèle se diffuse ensuite à Rome et se développe par l’expansion territoriale pour se constituer en royauté plus apte à piller les contrées voisines .

La liberté et particulièrement la liberté d’expression ou la démocratie est prohibée à l’exception des dirigeants qui en ont le privilège.

L’activité politique implique l’obéissance arbitraire des citoyens.

En 131 avant JC, Rome entre en contact de plus en plus marqué avec la Grèce et adopte une partie de ses mœurs et croyances.

Conclusion

Hormis quelques notions d’urbanisme ou artistique, la société gréco-romaine demeure primitive quant à sa manière de penser (mythique et superstitieux) et dans son mode de vie.

L’expression « civilisation » qui lui est appliquée est inadaptée, cette civilisation qu’on nous dépeint est opposée à la réalité de cette société gréco-romaine dont les legs octroyés à l’humanité sont insignifiants.