La reine dont la flèche trouve toujours son but

Quand les Portugais débarquèrent en Angola ils firent face à la reine Ngola Mbandi Nzinga, dont le nom signifie « La Reine Dont la Flèche Trouve toujours Son But ».

Celle ci monta une armée pour repousser l’envahisseur, l’armée était composé d’hommes prêt à mourir bravement ce qui obligea face à tant de résistance le roi portugais à tenter une négociation avec elle.

Accueillie au palais du gouverneur par le Vice-Roi du Portugal en personne, Don Joao Correira Da Souza, Nzinga fut dirigée vers le salon où devaient avoir lieu les pourparlers.

Mais en entrant dans ma pièce elle eut un imperceptible mouvement de raideur; elle venait d’apercevoir, posés par terre sur un tapis, face à l’unique fauteuil de velours rouge visiblement destiné au Vice-Roi, deux coussins de brocard frangés de fils d’or; elle comprit d’emblée que ces coussins étaient destinés à son assise.

Cette différence de traitement suggérant un état d’inféodation lui déplut souverainement.

D’un geste sec elle ordonna à une de ses suivante d’approcher.

La servante n’eut point besoin d’explication pour comprendre le courroux de sa maîtresse.

Elle se mit précipitamment à genoux sur le tapis et, prenant appuis sur ses coudes, pencha le buste en avant et lui présenta son dos. Un bourdonnement d’effarement saisit l’assemblée des officiers portugais.

Nzinga se posa sur ce fauteuil improvisé et y demeura pendant toute la durée de l’entretient.

Son sens de la répartie et son habileté politique dominèrent entièrement la rencontre, disent les chroniques portugaises de l’époque.

Elle ne céda en rien sur ce qui semblait relever de la dignité de son peuple et parvint à obtenir le recul des troupes étrangères hors des frontières antérieurement reconnues et le respect de la souveraineté du Matamba.

Au moment de clore la négociation, le vice-Roi suggéra que le Matamba se mette sous la protection du roi du Portugal.

Ce qui supposait en réalité le paiement d’un impôt de vassalité consistant à la livraison de douze à treize mille esclaves par an à l’administration coloniale!

Mais c’était mal connaître son interlocutrice. « Sachez, Monsieur, objecta-t-elle, que si les portugais ont l’avantage de posséder une civilisation et des savoirs inconnus des Africains, les hommes du Matamba, eux, ont le privilège d’être dans leur patrie, au milieu des richesses, que malgré tout son pouvoir le roi du Portugal ne pourra jamais donner à ses sujets.

Cette femme d’exception résista aux armées occidentales pendant trente ans de campagnes quasi ininterrompues sans jamais capituler!
Ralliant à sa cause plusieurs états voisins.

Les portugais renoncèrent finalement à leurs prétentions sur le Matamba et un dernier traité fut ratifié le 24 Novembre 1657 par Lisbone.