La connaissance de Dieu

Obéir à Dieu c’est d’abord Le connaître avant même que de Le servir.

Toute action suppose à son point de départ une connaissance qui à son tour engendre dans le cœur, un état qui passant dans les membres se traduit en action.

La connaissance de Dieu exigée de tous est cependant hiérarchisée et adaptée à la qualité des esprits auxquels elle s’adresse.

Il y a d’abord a l’échelon le plus bas, la grande masse de ceux qui croient uniquement par tradition (taqlid) par conformisme social en se bornant à accepter, sans se poser de problème, les croyances dominant dans leur milieu.

Il y a ensuite la connaissance des théologiens dogmatiques (kalam) qui entendent ne faire acte de foi qu’en vertu d’un raisonnement démonstratif générateur de certitude.

Le contenu de leur foi n’en est pas moins identique à la foi de la grande masse des fidèles.

C’est, pourrait on dire un acte de foi, réfléchi et rationnel qui confirme sous une forme intellectualisée, les croyances fondamentales de la masse.

Il y a enfin, au sommet la foi de « ceux qui savent » (‘arifun) qui dépassant le stade du pur fidéisme traditionnel ou rationnel ont cette connaissance personnelle et sentie de Dieu et la vision directe de la lumière de la certitude.

Loin de s’opposer à la foi de la masse et des théologiens, la foi de cette minorité privilégiée l’approfondit et la prolonge.

L’imam Ghazali donne ensuite une parabole pour faire comprendre cette hiérarchisation de la connaissance de Dieu.

Il évoque les trois manières de connaître la présence d’un homme à l’intérieur d’une maison.

On peut l’apprendre par un tiers.

Une erreur est possible, il se peut que la personne dont on admet les dires se trompe ou ne soit pas digne de confiance.

Ce degré de la connaissance correspond à l’acceptation confiante (taqlid) de l’opinion d’autrui ou de la tradition orale.

C’est ainsi que les gens de la masse croient, ils font confiance à ce que leurs pères, leurs mères et leurs professeurs leur ont enseigné.

Cette foi cependant est une cause d’accès au Paradis.

Mais ceux qui la professent tout en étant mis par Dieu à sa droite ne seront pas du nombre de ceux qu’Il rapprochera de Lui.

Ainsi les juifs et les chrétiens connaissent eux aussi la paix de l’âme qui naît de leur certitude d’être dans le vrai alors qu’ils sont dans l’erreur.

On peut aussi entendre la voix de l’homme qui se trouve à l’intérieur de la maison et en déduire alors qu’il s’y trouve effectivement.

La possibilité d’erreur est moins grande mais elle n’en subsiste pas moins, on peut fort bien se tromper sur la voix entendue et la confondre avec une autre ou encore n’entendre qu’une voix contrefaite.

Cette connaissance est celle du kalam qui suppose l’intervention d’un raisonnement.

On peut enfin entrer dans la maison et y voir de ses yeux, l’homme qui s’y trouve.

C’est la véritable connaissance, la vision véridique.

Cette connaissance correspond à celle qu’ont de Dieu les hommes qu’Il a rapprochés de Lui, les véridiques ou les parfaits qui « croient parce qu’ils voient ».

Cette fois englobe la foi de la masse et celle des théologiens dogmatiques mais dans ce cas l’erreur est impossible.

La politique de Ghazali d’Henri Laoust