En 1936 Ibn Badis décida d’envoyer une délégation à Paris pour réclamer « les droits du peuple algérien ».
Il fut reçu avec Bendjelloul et F.Abbas par Léon Blum.
Malek Bennabi critiqua sévèrement cette initiative, qu’il interpréta comme une déviation de la trajectoires l’islah Algerien.
Pour Malek Bennabi marqué par l’ardeur des premiers temps de la prédication d’ibn Badis à Constantine, la venue à Paris reflétait un glissement politique, qu’il qualifia ironiquement de « boulitique. »
Le geste signifiait pour lui une abdication des dignes représentants de la conscience algérienne au profit d’hommes politiques déculturés qui récupèrent ainsi à leur profit le capital confiance dont étaient investis les animateurs de l’islah et qui faisait cruellement défaut à une formation de notables sans assise populaire comme « la fédération des élus. »
L’alliance d’Ibn Badis avec bendjelloul et F.Abbas était accompagnée enfin aux yeux de Bennabi de l’abandon de la morale du devoir enseignée au peuple algérien dans le réseau des madrassa au profit d’un discours électoraliste .
La réforme en profondeur de la société lui semblait devoir être poursuivie en résistant à l’attrait du verbe facile sur les tréteaux des réunions électorales dont l’état d’esprit lui rappelait l’atmosphère des fêtes régulièrement organisées par les confréries combattues par l’islah.
D’où l’étonnement de voir les oulémas accepter le culte de nouvelles idoles politiques laïcs juste après avoir combattu le culte rendu aux saints .
Pour lui la devise était « la vraie baraka est dans l’action. »
Ceux qui voulaient faire croire qu’elle résidait dans la démagogie « boulitique » lui semblaient être aussi condamnables que ceux qui accréditèrent la thèse du pouvoir magique des cheikhs.