L’imam Ghazali sait que la religion véritable repose sur la pureté de l’âme, le renoncement aux biens terrestres, la lutte contre les mauvaises passions.
Tout cela il le sait, il le prêche mais cette notion n’est elle pas toute superficielle, la réalise-t-il dans son être intime, son âme ne reste-t-elle pas attachée aux jouissances mondaines, n’est elle pas assujettie aux tentations de la vanité?
Le meilleur de son action, son enseignement, n’est il pas dicté par le désir de distinctions publiques et de l’approbation de la foule?
Que de fois, dans la tourmente de son âme, il se décide à abandonner sa chaire, à fuir le monde pour aller chercher dans l’isolement la paix pour son âme, la certitude pour son esprit.
Vers la fin de l’an 1095, il traverse une grâce crise de terreur religieuse et en tombe malade.
Il se tourne alors vers Dieu et tente l’expérience religieuse qui lui apportera la délivrance des souffrances, la paix de l’âme et la certitude de l’esprit.
Brusquement, il rompt les liens qui l’attachent au monde, abandonne sa brillante situation et sa famille, distribue ses biens et quitte Bagdad, en quête d’une retraite silencieuse.
Il se rend d’abord à Damas où il s’enferme dans une dépendance de la mosquée des omeyades.
Il y passe deux ans s’adonnant à l’ascétisme.
Il part ensuite en pèlerinage à la Mecque, qu’il fait suivre pas neufs années de retraites spirituelles, de ces méditations, il comprend qu’il s’était engagé dans une fausse voie en demandant au Philosophes et aux spéculateurs des preuves qu’ils étaient impuissants à lui fournir car la certitude religieuse est donné par « la lumière divine » que Dieu place dans le cœur du croyant et non par la dialectique.
C’est en pleine possession de son génie que Ghazali se penche sur la « maladie de son temps » et décide d’entreprendre une révision générale de l’attitude religieuse des musulmans.
Il écrit l’Ihya.
En même temps une vocation d’apostolat, de révéler aux hommes ce qui l’a sauvé, s’empare de lui.
Il décide de revenir au monde, il rentre à Bagdad et prêche en public des extraits de son livre.
Ce retour au monde n’est pas une rechute, l’homme qui revient n’est pas celui qui s’était enfui de Bagdad il y a onze ans, c’est un autre homme plein d’humilité et d’abnégation qui remonte en chaire.
Source « visages de l’islam » Haïdar Bammate