L’Islam pour sa part, se présente à l’Africain avec sa capacité d’englober la totalité de son existence tout en préservant la spécificité de sa culture, et cela en débarrassant ses rapports avec Dieu de tous les intermédiaires que sa religion précédente avait accumulés. Car il est moins lié à une civilisation définie que le christianisme l’est en fait, et, en se faisant musulman, même s’il apprend l’arabe pour dire les prières et lire le Coran, l’Africain ne s’arabise pas pour autant. Si l’Islam n’impose pas une civilisation, on pourrait dire plus justement qu’il suscite la création d’une civilisation chaque fois qu’il opère, comme l’histoire en offre déjà plusieurs exemples, une synthèse entre, d’une part, ses valeurs spécifiques indispensables et, d’autre part, tout ce qui, dans un ensemble ethnique et culturel donné, est compatible avec elles et peut-être « islamisé ».
[L’Islam entre tradition et révolution; Roger Du Pasquier]