De la réforme protestante au déisme

Mikhaïl Bakounine explique : « le protestantisme est beaucoup plus commode.

C’est la religion bourgeoise par excellence.

Elle accorde juste autant de liberté qu’il en faut aux bourgeois et a trouvé le moyen de concilier les aspirations célestes avec le respect que réclament les intérêts terrestres.

Aussi voyons nous que c’est surtout dans les pays protestants que le commerce et l’industrie se sont le plus développés.

Mais il était impossible pour la bourgeoisie de la France de se faire protestante.

Pour passer d’une religion à une autre, à moins qu’on ne le fasse par calcul, comme le font quelquefois les juifs en Russie et en Pologne, qui se font baptiser trois, quatre fois afin de recevoir chaque fois une rémunération nouvelle, pour changer de religion, il faut avoir un grain de foi religieuse.

Eh bien, dans le cœur exclusivement positif du bourgeois français, il n’y a point de place pour ce grain.

Il professe l’indifférence la plus profonde pour toutes les questions, excepté celle de sa bourse avant tout, et celle de sa vanité sociale après elle.

Il est aussi indifférent pour le protestantisme que pour le catholicisme.

D’ailleurs la bourgeoisie française n’aurait pu embrasser le protestantisme sans se mettre en contradiction avec la routine catholique de la majorité du peuple français, ce qui eût constitué une grave imprudence de la part d’une classe qui voulait gouverner la France.

Mais la bourgeoisie a trouvé une religion plus appropriée, le déisme de

La religion professée hautement par toute la classe bourgeoise. »

Source « Dieu et l’état »

Mahboubi Moussaoui commente « pour d’avantages de commodité, les penseurs issus de la bourgeoisie (philosophes des lumières) ont imaginé un dieu qui ne communique pas avec sa création et de ce fait ne se mêle pas des affaires des hommes.

Ainsi il n’y a pas de religion fondée sur un dogme comprenant une loi divine et des croyances comme une vie après la mort.

En l’absence de dogme et de lois, le champs d’action des hommes devient plus large qu’avec le protestantisme.

Ainsi pour aller au delà des limites imposées par le catholicisme, les bourgeois passent par la réforme protestante.

Mais en allant vers le déisme, les déistes rejettent la totalité de la religion chrétienne.

Source « ce qu’est la France »