Les extrémistes seraient ceux qui veulent appliquer la shari’a et les modérés ceux qui s’en détournent.
Comment ce qui a été révélé comme Miséricorde pour l’univers peut être devenu le symbole de la terreur?!
La shari’a est réduite au code pénal dans l’esprit de nombreuses personnes, alors que les versets évoquant cet aspect ne dépassent pas une trentaine de versets sur les 6236 versets.
En diabolisant la shari’a on désigne alors l’islam comme l’ennemi et on peut ainsi légitimer des lois discriminatoires portant atteinte aux droits fondamentaux des musulmans.
La définition de la shari’a est ce qu’Allah a légiféré pour Ses serviteurs en matière de religion.
Al Qortobi en commentaire du verset suivant « à chacun d’entre vous Nous avons assigné une législation « shir’a » et un plan à suivre » dit: les mots shara’a et shari’a se rapportent à la voie qu’on emprunte pour être sauvé.
La shari’a s’applique à plusieurs domaines:
⁃ des prescriptions concernant le culte
⁃ Concernant le droit de la famille
⁃ Les échanges commerciaux
⁃ Le code pénal
⁃ Le domaine de la politique et des relations internationales
Les versets traitant de ces prescriptions se nomment ayat Al ahkam.
Ceux ci sont aux nombres de 500 dans le Quran.
La shari’a est donc l’ensemble des lois qu’Allah à prescrit à travers le Coran et la sunnah, le fiqh lui correspond aux déductions des prescriptions juridiques pratiques à partir des sources de la shari’a.
La shari’a est la finalité alors que le fiqh est le moyen d’y parvenir.
Le droit positif correspond aux lois établies par les hommes pour organiser leur vie et leurs rapports sociaux.
La source de la shari’a est divine, celle du droit positif humaine.
Le droit positif naît et se développe au sein du groupe qu’il organise et limite par des règles.
Ses règles s’accroissent et s’affinent en fonction des besoins du groupe.
Le droit est né avec la formation de la famille et du clan puis il a cessé de se développer avec le développement du groupe, le chef d’état ayant maintenant remplacé le chef de famille…
L’état à unifié les habitudes des gens et imposer des lois à tous, ce droit qui gérait hier les tribus et variait d’une tribu à l’autre, gère maintenant des pays et unifie les règles des habitants tout en étant différent de lois d’un autre pays, mais ces lois tendent à s’imposer sur le monde avec le processus de mondialisation.
Voici en résumé la naissance et l’évolution du droit positif.
Quant à la shari’a ce ne fut pas un petit nombre de loi qui se multiplièrent par la suite en fonction des problématiques rencontrées ou de l’évolution des besoins du groupe mais une révélation complète, une législation parfaite, globalisante et répondant à toutes les situations, ne souffrant d’aucune imperfection ou insuffisance.
Elle ne s’adresse pas à un peuple, plus qu’un autre mais à l’humanité entière.
C’est une législation universelle, répondant au besoin de l’individu, de la famille, du clan, de l’état, des relations internationales en temps de paix ou de guerre…
Ce n’est pas une législation valable pour une époque ou une période donnée mais la législation de toute époque, qui traverse le temps jusqu’à la résurrection.
Les différences entre la shari’a et le droit positif :
1- le droit positif est une production humaine, la shari’a émane d’Allah, chacune des deux reflète les caractéristiques de son créateur. Le droit positif reflète l’imperfection de l’homme et sa faiblesse, c’est pourquoi il est amené à changer, à être modifié en fonctions du développement du groupe car il est impossible pour l’homme de prévoir ce qui se passera demain et de la loi répondant à ce moment là à ce besoin nouveau.
Quant à la shari’a son créateur est Allah, elle reflète l’omnipotence de Son Créateur ainsi que sa perfection.
Allah le parfait connaisseur l’a élaborée de manière à cerner le présent et l’avenir car Sa science englobe toute chose, elle n’a donc nullement besoin de changement ni de modification quel que soit le développement de l’homme ou le changement d’époque.
2- le droit positif est un ensemble de lois temporaires que le groupe élabore en vue d’organiser ses affaires et ses besoins, ces lois sont donc en retard par rapport au groupe, puisqu’une fois la situation nouvelle se présentant les hommes doivent légiférer une loi pour lui apporter une réponse.
Quant a la shari’a ces lois sont éternelles et non sujettes au changement, elles sont suffisamment souple et générale pour englober les besoins du groupe en dépit de l’évolution du temps et du développement du groupe et en dépit de la multiplication des besoins.
Le droit positif est une codification des habitudes alors que la shari’a est une codification de la morale.
La shari’a n’est pas une législation utopique et idéaliste supposant un être humain qui n’existe pas comme Platon et sa cité idéale ou une société imaginaire tel le communisme l’a souhaiterait sans distinction sociale entre les individus…la shari’a se veut au contraire réaliste et pragmatique, considérant l’humain tel qu’Allah l’a créé, avec ses bas instincts, son égoïsme, sa moralité et son immortalité…
Son réalisme est tel qu’elle ne s’est pas contentée de la dimension religieuse et morale pour préserver les biens mais a établi une dimension également pénal, car si la moralité suffit à certains, seul la sanction en dissuade les autres.
Dans son réalisme bien que l’Islam appelle à la paix la shari’a a pris en compte le principe de la guerre et l’a encadré, bien que l’islam incite au mariage dans son réalisme la shari’a a instauré le divorce, elle a considéré les situations particulières liées à la contrainte en instaurant certaines souplesses alimentaires ou autres.
Dans son réalisme elle reconnaît le changement de contexte et sa souplesse permet de s’y adapter.
La shari’a n’a jamais été un frein à l’évolution de la communauté ou de la civilisation musulmane, au contraire elle est le guide servant d’orientation, ses sources poussent l’homme vers le bien et empêchent le mal et la corruption.
La shari’a a su pendant les siècles où elle était au pouvoir s’adapter aux différentes situations selon les époques et les environnements.
« Qu’est ce que la shari’a » Mouncef zenati