L’émir Abd Al Qader raconte:
Dans tout le territoire Ottoman, il fut surpris de la consommation excessive de l’alcool, des bagarres que cela entraînaient et de la présence de gens ivre dans les rues.
Quand il blâmait cela, on lui répondait que ces vices étaient une des conséquences des coutumes européennes introduites en Turquie.
Ce à quoi il répondait « je n’ai rien vu de semblable en France où le vin est d’ailleurs si abondant, parce que le peuple est pénétré de sentiments que n’ont pas les gens de l’orient qui hantent les tavernes uniquement pour se griser. »
Et il ajoutait que les chrétiens vivant dans l’empire Ottoman, à qui les boissons ne sont pas interdites, n’en abusent pas au point de noyer leur raison dans un spiritueux quelconque, tandis que les musulmans auxquels toutes les boissons enivrantes sont rigoureusement défendues, peuvent maintenant boire impunément pour le plus grand interêt du trésor Ottoman.
Il continue en disant, l’horreur pour un musulman devrait être grande pour le vin, qu’il ne put jamais se permettre d’en prendre une seule goutte, ni l’employer comme remède, ni en faire un objet de commerce ou de spéculation.
On voulait que la rigueur fut poussée jusqu’à s’interdire l’usage des vases qui auraient servi au boissons enivrantes.
Certains muftis disaient d’ailleurs que le simple plaisir pris à regarder une bouteille de vin constituait un péché.
Il raconta ensuite une anecdote, le cadi Abou Yahya vivait dans la cour d’un calife qui s’adonnait à la boisson, il ne cessait de lui reprocher son acte, lui rappelant l’interdiction de l’alcoolisme.
La prince supportait patiemment ses reproches, un jour lassé de ses réprimandes décida de tendre un piège à ce cadi.
Il fit appeler son esclave Nassibin dont la beauté était incomparable et lui dit « demain de bonne heure, vous iriez au jardin et vous vous tiendrez dans la chambre la plus élevé, ou j’ai préparé un repas et des boissons enivrantes, j’enverrai le cadi vous rejoindre et vous irez à lui avec votre luth, vous lui proposerez de boire avec insistance.
Nassibin obéit à son maître et s’approchant du cadi se mit à chanter:
Le cadi enchanté par sa voix prit le verre qu’elle lui tendit mais il le refusa.
Elle mangea quelques fruits et lui en proposa, il les accepta.
Elle continua à chanter jusqu’à il s’écria « la coupe », elle l’a lui présenta, il but un verre, puis un second, puis un troisième, jusqu’à être totalement ivre et à perdre l’équilibre.
Le calife arriva alors et lui reprocha son ivresse.
Celui ci répliqua « êtes vous mon Dieu pour me juger sur les fautes? »
Puis il lui dit soyez généreux faites moi don de Nassibin.
Le calife lui dit « prenez l’esclave mais gardez vous à l’avenir de me reprendre sur mes goûts pour la boisson. »
Source » un derviche Algérien en Syrie »