Le Coran se présente en un seul volume, composé d’environ 500 pages et divisé en 114 sourates.
Les sourates sont généralement disposées suivant leur longueur relative, les plus longues au début, les moyennes au milieu et les plus courtes à la fin.
Tel n’était pas le Coran du vivant du Prophète.
Si le texte reste rigoureusement le même que sous sa dictée, l’aspect en a considérablement changé.
Chaque fragment du Coran révélé au Prophète était ensuite récité par lui, appris par ses auditeurs, diffusé entre les compagnons.
Tous attendaient la révélation avec ardeur, les ennemis du Prophète eux mêmes ne restaient pas indifférents à sa récitation, ce qui nous laisse imaginer l’intérêt qu’il devait inspirer à ses partisans.
Pour ces derniers, le Coran c’est la nourriture de l’esprit, la règle de conduite, le texte de la prière, l’instrument de prédication: c’est leur hymne et leur histoire; c’est leur loi fondamentales et leur code pour toutes les circonstances de la vie.
Le texte sacré n’est pas seulement un ensemble de récitations orales, il est aussi une écriture.
Chaque fragment révélé et récité était aussitôt écrit.
Le prophète (paix et salut d’Allah sur lui) avait 29 secrétaires chargés de d’écrire la révélation au fur et à mesure qu’il l’a recevait.
Elle était tantôt écrite sur des feuilles, des planches, des parchemins, des pierres plates…
Les plus connus d’entre eux sont:
– Abu Bakr
– Umar
– Othman
– Ali
– Mu’awiya
– Az Zubayr ibn Al Awwam
– Sa’id ibn Al As
– Amr ibn Al As
– Ubbay ibn Ka’b
– Zayd ibn Thabit
Mais ce sont Mu’awiya et Zayd qui étaient les plus particulièrement attachés à ce service.
Les fidèles reproduisaient le texte révélé dans des manuscrits personnels pour leur usage privé, la conversion de Umar nous apprend que sa sœur possédait une feuille où se trouvait les premiers versets de la sourate numéro 20.
A cette époque il n’existait pas d’exemplaire complet, il était éparpillé parmi les fidèles.
Et ce afin de laisser la porte ouverte a sa construction progressive, on était donc obligé d’attendre l’achèvement de la révélation avant de le mettre en un seul corps.
Pour autant chaque passage a toujours eu sa place déterminée dans telle ou telle sourate, ainsi de nombreux compagnons surnommés « les porteurs du Coran » étaient spécialisés dans la lecture du Livre et connaissaient par cœur chaque sourate dans sa forme indiquée, provisoire ou définitive.
Ibn Mas’ud par exemple, se flattait d’avoir appris plus de 70 sourates de la bouche du Prophète.
Chaque année durant le Ramadan le prophète révisait le texte déjà révélé en présence de l’ange Jibril, la dernière année il le révisa deux fois avec lui, ce qui fit présager au Prophète l’approche de son heure.
Un an après sa mort, la nécessité se fit sentir de rassembler le texte, l’idée fut suggérée par Umar au calife Abu Bakr après la bataille d’Al Yamama où 70 « porteurs du Coran » moururent.
La tâche fut confié à Zayd Ibn Thabit, secrétaire du prophète, qui notait la révélation sous la dictée du Prophète lui même, qui en plus d’être un « porteur du Coran », avait assisté à la dernière récitation que le Prophète en avait faite.
Pour recueillir le Coran, il devait certifier chaque écrit par deux témoins l’ayant écrit et non juste l’ayant mémorisé, et surtout l’ayant écrit sous la dictée du Prophète lui même.
L’ouvrage terminé, Zayd le remit à Abu Bakr, qui avant sa mort le confia a Umar, qui avant sa mort, le 3e calife n’ayant être déjà élu le confia à sa fille Hafsa.
Uthman en tant que calife Institua un comité de copistes chargés de copier le Coran original détenu par Hafsa afin de le propager dans l’état islamique en pleine expansion, depuis treize siècles le Coran est imprimé tel quel sans n’avoir jamais été modifié.
Noeldeke en conclut qu’il faut voir là la meilleure preuve que le texte « était aussi complet et fidèle qu’on pouvait l’attendre. »
Leblois affirme « le Coran est aujourd’hui le seul Livre sacré qui ne présente pas de variantes notables. »
W.Nuir dit « la recension de Uthman est arrivée de main en main jusqu’à nous sans altération. »
Attribuer la source du texte à Uthman est une erreur car il n’a fait que rendre public le manuscrit constitué sous le califat d’Abu Bakr qui n’est autre que la reproduction intégrale de la révélation faite au Prophète.
Shwally proclame « nous avons déjà apporté la preuve que les éditions de Zayd sont identiques et que l’édition de Uthman n’est qu’une copie du codex de Hafsa. »
Ni du vivant du Prophète, ni à l’époque des trois premiers califes on n’utilisait de ponctuation, la prononciation exacte du mot étant connue de tous, la tradition nous apprend que dans son enseignement, le Prophète n’a pas toujours suivi une prononciation unique.
Ainsi le mot مالك peut être lu: mâlik mais aussi Malik, fatabayyanu (informez vous), fatathabbatû (agissez en circonspection) et ces différentes lectures sont également traditionnelles.
Dès les premiers temps de l’islam, ces différentes façons de lire étaient répandus, souvent ignorés des uns et des autres.
Al Boukhary rapporte qu’un jour Umar fut très furieux contre Hicham Ibn Hakim qui récita sourate « Al fourqane » différemment de la façon dont il l’avait apprise lui même du prophète.
Celui ci affirma l’avoir appris de la bouche du prophète.
Il le conduisit chez le prophète qui lui demanda de réciter, puis il dit c’est bien comme ça qu’elle a été révélé, il en fut de même avec Umar.
Puis il ajouta « en vérité le Coran est révélé en sept lectures ou variantes, récitez-le suivant celle d’entre elles qui vous sera facile. »
Toutes les variantes se réclament de la même source.
Source « initiation au Coran » Mohammed AbdAllah Draz