Histoire du Voile

Corinthiens 11,2-16:

« Je veux que vous sachiez que la tête de chaque homme, c’est le Christ, la tête de la femme, l’homme, la tête du Christ, Dieu.

Tout homme qui prie ou prophétise la terre couverte déshonore sa propre tête.

A l’inverse, toute femme qui prie ou prophétise la tête nue déshonore sa propre tête, oui elle ne fait plus qu’une et même chose avec celle qu’on a tondue.

Oui, si une femme ne se couvre pas, qu’elle se tonde, mais si c’est honteux pour une femme d’être tondue ou d’être rasée, qu’elle se couvre.

Non, un homme n’est pas tenu de se couvrir la tête, étant image et gloire de Dieu-mais la femme est la gloire de l’homme…

La femme est donc tenue de porter sur la tête un signe d’autorité.

Genèse 24,64-65:

Rebecca se couvre au moment où elle aperçoit Isaac, son premier époux.

Cantique des Cantiques:

« Te voilà mon amie/ Si belle/ Te voilà si belle/ Derrière ton voile/ Tes yeux oh des colombes »

Et aussi:

« Ta joue derrière ton voile/ Pareille à une moitié de grenade »

Isaïe 47,2:

Le voile symbolise la pudeur et la réserve, le geste de lever son voile équivaut à exhiber sa nudité et se couvrir de honte.

Coran 24-31:

« Ô Prophète! Dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de se couvrir de leurs voiles: c’est pour elles le meilleur moyen de se faire connaître et de ne pas être offensées. »

Pendant l’Antiquité païenne, le voile était l’apanage des femmes mariées, chez les Assyriens, les prostituées, les esclaves et les femmes non mariées n’avaient pas le droit de se voiler.

L’habitude n’était pas juste de se couvrir la tête mais aussi le visage, comme l’atteste le récit de Rebecca dans l’ancien testament se couvrant le visage lorsque Isaac vient la demander en mariage.

En Grèce, d’après le récit d’Homère, Pénélope n’apparaissait aux prétendants que sous son voile, le tissus enveloppait le visage jusqu’au yeux pour retomber le long du dos; les Thébaines, elles se voilaient intégralement le visage et perçaient le tissus de deux trous pour les yeux.

En Grèce, le voile se portait en public pour des raisons de pudeur et de modestie, et les femmes non voilées se désignaient comme sexuellement disponibles; le voile signifiait la respectabilité et la dignité.

Le voile était la norme dans l’empire Romain, Valério Massimo raconte que Caius Sulpicius Gallus consul en 166 après J.C répudia sa femme pour être sortie la tête découverte.

Les femmes spartiates mariées ne paraissaient en public que le visage voilé.

Les Chrétiens de Jérusalem décrivant les femmes des arabes racontaient qu’elles ne laissaient voir en public qu’un seul de leurs yeux.

Le religieux Cancellieri décrit certaines femmes de Bologne dans son ouvrage publié en 1526 comme des perverses poussant au péché en voilant à peine leur poitrine d’un fin tissus des plus transparents attirant le regard, ce qui dévalorise les chrétiens aux yeux des infidèles.

Dans les Hymnes homériques à Aphrodite, 156, Anchise rapproche son voile en détournant le regard et baissant ses beaux yeux.

Ulysse en route vers Ithaque après avoir quitté l’île de Calypso (odyssée 333-462) fait naufrage dans l’île des Pheaciens et n’eu la vie sauve que grâce au voile offert par Ino.

En Palestine les femmes Juives se voilaient, Marie la mère de Jesus est représentée avec un voile comme toutes les femmes de son époque.

Et ce fut dans un voile qu’il est rapporté que Jesus fut enveloppé à sa naissance comme le rapporte Pierre de Jean Olivi.

Au cours des premiers siècles du Christianisme les femmes se rendaient à l’église voilées, à l’exception des petites filles, un débat eu lieu entre les premiers chrétiens certains affirmant que les femmes vierges devaient rester tête nue pour honorer leur virginité, Tertullien argumenta que Saint Paul dans son écrit sur les femmes et le voile dans l’épître des corinthiens s’adressait à toutes les femmes, les vierges comprises.

Ainsi seul les filles non pubères pouvaient à cette époque avoir la tête dévoilé.

Tertulien est considéré comme l’apologiste chrétien du voile obligatoire, lui qui affirma que toutes les chrétiennes vierges ou mariées doivent être voilées.

Par la suite alors que dans le monde pré-chrétien le voile connotait la condition de l’épouse, il acquiert en Occident une portée plus large en se corrélant à la consécration des vierges.

Pour Clément d’Alexandrie et Tertullien les femmes doivent se voiler et être des modèles de vertu pour racheter Ève, Clement d’Alexandrie allait jusqu’à imposer aux femmes le visage.

Le voile fait partie intégrante du discours sur l’identité chrétienne dans les premiers siècles du christianisme.

Dans l’encyclopédie de Diderot et d’Alembert publiée de 1751 à 1765 en pleine époque des lumières ont peu y lire au sujet de l’histoire du voile que les Romains de l’antiquité rendaient leur culte aux dieux en se couvrant la tête et que Caligula voulait qu’on l’adore tête voilée.

Puis le rôle de Paul dans l’imposition du voile dans l’église primitive y est évoqué.

En Italie on utilise l’expression « sortir en cheveux » pour désigner les filles dévergondées, cette expression vient du fait qu’une femme auparavant ne sortait que la tête couverte.

Entre 1221 et 1290 le Cardinal Latino ordonna aux prêtres de refuser d’absoudre les femmes qui ne se conformaient pas à l’obligation du voile.

Le frère Angelo Carletti (1411-1495) écrit qu’il est impudique pour une femme d’être tête nue et expliqua que Saint Augustin en faisait une question de décence non de nécessité, en revanche le frère Jean de Capistran (1385-1456) dans la lignée de Saint Paul en faisait un signe de présomption, pour lui il ne suffisait pas de cacher le sommet de la tête mais il fallait la couvrir entière afin qu’on ne voit qu’à peine la face.

Pour Grégoire d’Alexandrie, prédicateur célèbre du 15e siècle il ne suffit pas aux femmes d’être honnêtes, il faut que ça se voie, d’où la nécessité de se couvrir la tête.

Jean de Capistran dit que toutes les femmes mariées ou non doivent se voiler en dissimulant le visage presque entièrement.

Se tailler les cheveux pouvait à cette époque valoir l’excommunication et sortir tête nue était synonyme d’indécence continue Jean de Capistran.

Jusqu’au 18ème siècle l’état ne cessa d’imposer à la femme le voile et de légiférer sur les tenues acceptées ou non jugeant immoraux les coiffes que les femmes posaient sur leur tête autre que le voile qui trahissaient la pudeur et la modestie.

Dans la Rifirmanza de Terni de 1549 il est rapporté l’obligation du voile ainsi que la législation à son égard, comme par exemple l’interdiction du voile de soie au delà des 6 premiers mois du mariage puni de 100 ducats d’amende et la permission à quiconque d’arracher le voile de la tête d’une femme s’en rendant coupable.

La législation d’Orvieto de 1473 autorise les filles de moins de 12 ans à entrer tête nue à l’église.

Saint Jérôme écrivait dans son testament « le vin est nuisible mais 100 fois plus nuisible est la vue des femmes. »

À Bologne en 1561 les femmes furent interdit de porter le béret car celui ci était un couvre chef exclusivement pour les hommes et l’église veillait à maintenir la distinction entre genre masculin et féminin ains il était interdit au femme de porter des vêtements d’homme.

À Dijon à la moitié du 15e siècle enlever le voile d’une femme équivalait à l’accuser de prostitution et compromettait l’honneur de celle qui le subissait.

Les statuts de Perousse de 1342 à la rubrique 88 définissent le fait d’arracher le voile comme un acte honteux à l’égard des femmes, en référence à la dignité du voile comme symbole d’honneur personnel et familial.

La riformanza d’Orvieto de 1471 déclarait qu’aucune femme ne pouvait aller à l’église sans avoir la tête et le cou parfaitement couvert.

Les années 30 marquent la fin du voile, le rite s’effrite petit à petit avec le nouveau contexte politique (arrivé du fascisme au pouvoir, de la guerre mondiale…)

En Italie le voile blanc symbolisait le mariage quant au voile noir il était porté par les veuves.

Quant aux reines de France de la fin du Moyen âge le deuil était marqué lui par le voile blanc, Marie Stuart fut d’ailleurs représenté par François Clouet (1560) en deuil blanc avec un voile couvrant son cou.

Saint François d’Assise au moment où il accueille sainte Claire lui coupe en personne les cheveux et couvre sa tête d’un voile sombre.

L’imposition du voile par Tertullien fut ensuite conservé par l’église dans le rite de consécration de moniales.

Chaque ordre arborant un voile différent, certains imposant que le visage soit couvert, d’autres de telle ou telle couleur ou de telle ou telle longueur.

Pour une religieuse le voile signifie la retraite, l’humilité et le détachement du monde ainsi que la soumission aux autorités ecclésiastiques.

Dès la fin du XIXe siècle, le foulard a pris le pas sur le voile. Il est tombé de la tête des femmes pour se porter sur leurs épaules. Le nouveau Code de droit canonique promulgué en 1983 par Jean-Paul II est venu entériner une certaine pratique: se couvrir la tête, même dans les églises, n’est plus requis. “Nous avons perdu le voile, pour mieux dire, il est tombé en désuétude. En prenant la relève, le foulard a, d’une certaine façon, accompagné son trépas. Mais ce foulard, actuellement, on ne le voit plus autour du cou des nostalgiques: il est désormais solidement campé sur la tête des musulmanes”, conclut l’historienne.