De l’Islam traditionnel à la découverte de la réalité profonde de l’Islam en passant par le militantisme religieux

Voici un extrait du livre « L’esthétique de la religion de l’Islam » du cheikh Farid Al Ansari.

Je vais vous raconter mon expérience personnelle à ce sujet (la dimension esthétique du dogme musulman). Elle comporte vraisemblablement ce qui donne une idée sur ce dont souffrent les mouvements religieux dans la société aujourd’hui. Peut-être que cela nous permet d’identifier l’origine du mal.

Dans ma compréhension de la religion en général et du dogme en particulier, je suis passé par trois étapes :

La première étape est la compréhension que j’ai héritée de mon environnement islamique traditionnel. Pour moi, la religion était un rituel propre aux vieux. Quand les jeunes s’en mêlaient, c’était juste à titre surérogatoire. L’expression « Il n’est de dieu, sauf Allah » était dans mon esprit plus une devise -shi`âr- qu’un témoignage -shahâda-. Ce que je comprenais de cette formule ne dépassait pas le fait qu’elle constitue une simple porte d’entrée en Islam et d’accès au statut du musulman comme pensent l’ensemble des gens. Seulement -et qu’Allah en soit loué !- cette conception n’a pas duré longtemps dans mon esprit. Déjà durant ma tendre jeunesse, j’appris l’existence de quelque chose qui porte le nom de « mouvement islamique » grâce aux échos qui me parvenaient à propos de ce mouvement et de ses conflits, en particulier dans le milieu estudiantin des universités. J’étais à cette époque-là encore un élève au collège.

Celle-là était la deuxième étape de ma vie religieuse. Cette étape marqua la disparition dans mon esprit de la première image traditionnelle. Je remplaçai celle-ci par ce que je commençais à recevoir comme littérature réformatrice et comme nouveaux slogans de prédication du genre « L’Islam c’est une religion et un état », « L’Islam c’est un Livre et une épée », etc.

Ensuite ma conscience commença à évoluer dans ce sens vers la conviction que la phrase « Il n’est de dieu, sauf Allah » trace un mode de vie et que le droit de légiférer -al-hâkimiyya- appartient à Allah. Ainsi la conscience islamique commença à s’élargir petit à petit dans mon cœur jusqu’à mon adhésion au « Mouvement de Conscience Islamique ». Au sein de ce mouvement j’agissais en fonction de ces concepts et je les défendais. Je peux vous dire, en toute sincérité, que j’ai passé une bonne période à œuvrer dans le cadre de ces conceptions sans trouver dans mon for intérieur le moindre goût de la religion. Telle est la vérité. Je n’accuse pas ces conceptions d’imperfection. Pas du tout ! Mais les circonstances dans lesquelles j’ai reçu les idées étaient très mauvaises. Ma nouvelle conscience s’était ouverte sur une étape de « réaction non équilibrée » dans l’histoire moderne de la communauté. Cela a fait que j’ai reçu toutes les nouvelles conceptions dans un contexte de confrontation avec l’Occident, de combat de la laïcité, d’opposition au marxisme et de lutte contre la tyrannie politique et l’injustice sociale. J’ai acquis beaucoup de qualités d’avocat tandis que je n’ai acquis du comportement du croyant que peu de choses. J’ai vécu avec les gens plus que je n’ai vécu avec Allah.

Ces circonstances ont influé sur ma compréhension de la profession de foi « Il n’est de dieu, sauf Allah », si bien que je ne l’ai comprise que dans un seul et unique sens, à savoir que le pouvoir de légiférer -al-hâkimiyya- appartient à Allah. Durant une bonne période, il m’apparaissait que tout ce qui est en dehors de la réforme de la question du jugement et de la législation à l’échelle de l’état, n’était qu’un détail de la religion qui ne méritait aucun intérêt. Nous avions des activités qui allaient dans cette direction.

J’ai commencé à constater qu’il y avait avec moi, sur le même front, des gens qui font des discours toute la nuit, mais qui ne respectent jamais l’heure de la prière prescrite. Quand ils prient, c’est sans concentration, sans humilité et sans sérénité. Ils prient avec une telle rapidité qu’à les voir, on dirait des corbeaux qui becquètent le sol. Nous avons pris goût à l’art oratoire. Oui nous avons suivi les passions et nous avons négligé la prière, à part le peu de temps que nous consacrions à celle-ci. J’ai commencé à voir de graves fléaux menacer le rang islamique : la fatuité, l’amour du pouvoir et le désir de s’afficher sur le devant de la scène médiatique. Je me suis vraiment aperçu de l’existence d’une autre tentation que je ne connaissais pas auparavant, à savoir la tentation des caméras ou la tentation du microphone comme l’a appelée un bon ami qui a le sens de l’humour. J’ai constaté qu’une fragilité en matière de religion ravageait comme la peste les rangs des fidèles, laissant ici et là et de manière successive des victimes parmi les frères et les sœurs à part égale. Le muezzin était en train de lancer son appel : « Accourez à la prière ! Accourez à la réussite ! » et pendant ce temps-là le meeting avec ses banderoles éblouissantes continuait sans se soucier de cet appel. Les rangs religieux furent frappés par les fléaux de la société malade tels que la lascivité, le relâchement des mœurs et la course derrière les plaisirs de la vie et ses tentations.

Je commençai alors à faire des reproches à mon âme et à lui demander : « C’est quoi cette manière de pratiquer la religion ? », « C’est quoi cette réforme ? ». Au lieu de rivaliser de savoir, de crainte pieuse et de scrupule, les jeunes du « nouvel éveil de l’Islam » se mirent à rivaliser en se risquant à frôler les limites des choses équivoques et à se concurrencer : qui d’entre eux est capable de faire paître son troupeau le plus près d’un enclos réservé sans l’empiéter[1] -prétendent-ils- ? La course vers le précipice s’est lancée. Où réside donc le problème ? Les voilà les programmes éducatifs qui se succèdent -on philosophe et on compose des livres sur ce sujet- et les voilà les imprimés qui s’entassent, mais sans utilité ! Ils croupissent sur les étagères des locaux et des bureaux des mouvements jusqu’à nouvel ordre. Qu’est-ce qui ne marche pas correctement ? Une question qu’on a souvent posée, mais personne n’entreprit des investigations dans ce sens.

Troisième étape.

L’affaire demeura incohérente pour moi jusqu’au jour où j’ai rencontré un de mes éminents professeurs de qui j’ai appris l’art de la prédication et l’art de la recherche théologique. Il y eut entre lui et moi une séance de discussion autour de certains concepts dans le noble Coran et nous avons parlé de certains exemples, notamment le concept de « al-ilâh » dans le Coran. Il attira à ce moment-là mon attention sur l’étymologie de ce terme et que celui-ci se réfère à son sens cordial, affectif. Il me donna quelques détails linguistiques sur le fait que ce terme désigne l’amour -comme je l’ai expliqué précédemment-. Ce fut pour moi une vraie surprise, non seulement au niveau de la compréhension, mais aussi au niveau sentimental. Oui je me rappelle bien avoir lu, depuis un certain temps, quelque chose de ce genre, mais mon adhésion totale à mes conceptions et mon enfermement dans le dogme de l’unicité relative à la gouvernance divine -tawhîd al-hâkimiyya-, si je puis me permettre l’expression, m’ont empêché de contempler l’unicité relative à l’amour qui est la base et la clé de l’unicité relative à la divinité/l’adoration -tawhîd al-ulûhiyya- et à partir de laquelle se sont ramifiées les diverses branches du tawhîd, dont le tawhîd relatif à la gouvernance lui-même. J’ai pris le particulier pour l’universel et j’ai pris le subsidiaire pour l’essentiel. Dans ma compréhension, j’étais en contradiction avec moi-même. Comme beaucoup d’autres, mon cheminement religieux était défectueux. Je suis resté sur cette voie jusqu’à ce qu’Allah m’inspire, par Sa grâce, d’observer un moment de recul vis-à-vis de mon âme et qui m’a permis de passer à une nouvelle étape.

C’est alors que commença un travail de remise en question de toute ma vie. J’ai vraiment découvert l’existence d’une chose qui s’appelle « la douceur de la foi », une chose qui relève du goût et non de la conception, une chose réelle et non le fruit de l’imagination. Je suis revenu au Coran et je me suis rendu compte que j’étais très loin de sa splendeur et de sa beauté. Je suis revenu à la Sunna et je me suis aperçu que j’étais le plus ignorant des gens au sujet des vertus morales de Muhammad (صلى الله عليه وسلم) . Je me suis mis à réviser ce que j’avais déjà lu au sujet du dogme et j’ai découvert des pages rayonnantes de ce qu’avaient écrit les pieux prédécesseurs. Je les avais lues sans y prêter la moindre attention parce que j’étais aveuglé par un voile d’idées préconçues. C’était comme si je ne les avais jamais lues.

Ma surprise était plus sentimentale qu’intellectuelle. Je lisais les mots « amour », « aspiration », « crainte », « espoir », sans qu’ils suscitent dans mon cœur le moindre souffle de vie. Prenons l’exemple du livre fath al-majîd sharh kitâb at-tawhîd du shaykh `Abd Ar-Rahmân b. Hasan Âl Ash-Shaykh. Il est un résumé du dogme des pieux prédécesseurs -al-`aqîda as-salafiyya-. J’ai affronté avec ce livre ma famille et mes proches pendant une bonne période. Je n’avais pas franchi à cette époque-là l’étape de l’adolescence. Je me suis servi de ce livre pour combattre les innovations, les égarements et le blâmable, que ce soit dans le domaine de la croyance ou du culte. J’avais comme modèle le maître de nos enseignants et le savantissime le Dr Muhammad Taqî Ad-Dîn Al-Hilâlî. Paradoxalement, je constatais que beaucoup de ces « innovateurs » -mubtadi`a- étaient plus assidus que moi aux prières prescrites. Je n’accuse pas le livre en question, mais j’accuse mon esprit et ma manière de lire et d’utiliser ce que j’ai lu. J’utilisais le dogme salafî comme un bâton en bois, sourd et muet, avec lequel je frappais les autres. Je n’étais pas conscient du fait qu’il est une voie éducative et une miséricorde pour les mondes. Ce qui suscita davantage mon étonnement, c’est comment je n’avais pas fait attention à l’existence de ce sens dans le livre en question.

Quand l’auteur de ce livre (fath al-majîd) a cité les explications par les savants de la formule « Il n’est de dieu, sauf Allah », il a dit : « Le shaykh de l’Islam (Ibn Taymiyya) a dit : « al-ilâh (le dieu) est celui qui est adoré et obéi. En effet, al-ilâh a le sens de sa forme passive al-ma’lûh (le divinisable). Et le ma’lûh est celui qui est en droit d’être adoré. Pourquoi mérite-t-Il d’être adoré ? Parce que les attributs qu’il porte impliquent nécessairement de l’aimer à l’extrême et de se soumettre à lui à l’extrême ». Il a également dit : « Le dieu (al-ilâh) est l’aimable -mahbûb- et l’adorable -ma`bûd-, celui auquel les cœurs recourent par amour … et trouvent de la sérénité dans son amour. Seul Allah a droit à tout cela. C’est pourquoi la formule « Il n’est de dieu, sauf Allah » est la parole la plus véridique, et les tenants de cette profession de foi sont les gens d’Allah et Son parti … De la validité de sa réalité dépend la validité de toute question, de tout état et de tout goût. Si le serviteur ne fait rien pour rendre sa réalité intérieure et ses manifestations extérieures compatibles avec cette profession de foi, alors la corruption frappera ses connaissances et ses œuvres ». Ibn Al-Qayyim a dit : « Le dieu -al-ilâh- est celui vers lequel les cœurs se tournent en l’aimant, en le vénérant, en revenant repentants à lui, en l’honorant, en le magnifiant, en se montrant humbles à son égard, en se soumettant à lui, en le craignant, en plaçant leur espoir en lui et en s’en remettant à lui … Ibn Rajab a dit : « Al-ilâh est celui qui est obéi sans la moindre contrariété et ce, dans un esprit de révérence, de vénération, d’amour, de crainte, d’espoir et de confiance … ». Al-Biqâ`î a dit : « La formule « Il n’est de dieu, sauf Allah » implique une négation absolue de l’existence de quelqu’un qui est en droit d’être adoré, excepté le Roi suprême. Cette connaissance est le rappel le plus important qui sauve des horreurs de l’Heure [de la résurrection] … » At-Tayyibî a dit : « Al-ilâh est construit sur le schème fi`âl et il a le sens [de la forme passive] maf`ûl comme kitâb qui a le sens de maktûb (écrit). Il a la même étymologie de « aliha -ilâhatan- », c’est-à-dire : « adorer -adoration- » ». L’auteur (le shaykh `Abd Ar-Rahmân) a dit : « Ces explications sont courantes dans les paroles des savants. Ils sont tous d’accord à ce sujet »[2].

Comme c’est étonnant ! … Où avais-je la tête quand je lisais ce genre de paroles : « … et trouvent de la sérénité dans son amour … Celui vers Lequel les cœurs se tournent … ». Il s’agit donc bien d’un dogme cordial et sentimental et d’une question qui fait l’accord des savants ! C’est quoi cet aveuglement derrière lequel j’ai haleté en pataugeant dans les polémiques et les controverses qui n’étaient d’aucune utilité ? Le voilà mon cœur qui était resté vide de la finesse de l’amour et des goûts de l’adoration ! Cela n’était-il pas un égarement évident ? J’avais en effet mal compris le dogme des pieux prédécesseurs durant une longue période.

Après avoir vu de mes propres yeux les effets négatifs d’une formation dogmatique qui repose sur la psychologie des réactions crispées et sur la mentalité inquisitrice, j’eus la conviction ferme que nous avons un besoin urgent de relire le dogme des pieux prédécesseurs depuis ses sources. Le besoin se fit également sentir de relire les œuvres de leurs éminents représentants qui étaient des guides et des maîtres ayant marqué l’histoire et ayant contribué à la construction de la structure civilisationnelle de la communauté et au renouvellement de sa vie. Parmi ces figures, il y a les quatre imâms Abû Hanîfa, Mâlik b. Anas, Ash-Shâfi`î et Ahmad b. Hanbal, puis ceux qui se sont distingués après eux comme la mémoire des hadiths -al-hâfiz- du Maroc Abû Yûsuf `Umar b. `Abd Al-Barr, le réformateur de son époque le shaykh de l’Islam Ibn Taymiyya et le disciple de celui-ci Ibn Al-Qayyim.

Une grosse erreur conceptuelle a été commise dans la lecture des œuvres de ces personnalités et de leurs semblables. Dans certaines de ses manifestations, la lecture par la tendance salafiste contemporaine du patrimoine qu’ils ont légué était une lecture fragmentaire et projective. Elle est fragmentaire car cette tendance le lisait avec un seul œil. Elle ne voit de sa réalité que ce que lui offre cette vision fragmentaire limitée. Elle ne conçoit pas sa réalité dans sa globalité universelle.

Prenons l’exemple du shaykh de l’Islam Ibn Taymiyya. Beaucoup de livres contemporains ne le décrivent que comme un homme de guerre et de combat et un spécialiste dans la classification des gens de l’Enfer, sans les doctrines des gens du Paradis. Quiconque veut marquer quelqu’un d’un sceau de la Géhenne, il n’a qu’à brandir la fameuse phrase : « Le shaykh de l’Islam Ibn Taymiyya a dit … ». C’est comme si Ibn Taymiyya n’avait été créé que pour qu’on utilise ses paroles comme des arguments contre les gens de l’égarement, ni plus ni moins. C’est comme si ses textes et ses fatwas s’étaient transformés en verdicts qu’on dicte à l’accusé avant son exécution. Où est Ibn Taymiyya le prédicateur ? Où est Ibn Taymiyya l’éducateur ? Où est Ibn Taymiyya le mystique qui chemine vers son Seigneur à travers les « positions » de la crainte, de l’espoir, de l’aspiration, de l’amour ? Où est Ibn Taymiyya avec ses goûts spirituels et ses états élevés ? Ses livres et ses fatwas regorgent tellement de notions esthétiques et de sages finalités, en matière de prédication, d’éducation et d’enseignement, qu’il est difficile de les cerner et de les étudier de manière exhaustive. Son disciple, l’imâm sage Ibn Al-Qayyim, rapporte de lui beaucoup de choses à ce sujet. Où est donc parti tout cela ?

Quant au fait que la lecture [d’Ibn Taymiyya -à titre d’exemple-] soit une lecture projective, c’est parce qu’on s’est servi de lui, pour exprimer les problèmes psychologiques et politiques de notre époque de manière littérale. On a donné à ses textes des interprétations qui trahissent un état réactionnel, non équilibré, d’ordre psychologique et social, face aux situations créées par la tyrannie politique et le climat de divergences doctrinales entre les tendances, les groupes, les pays et les alliances. Nous avons projeté notre époque dans son époque et nous avons habillé nos situations des situations qu’il a vécues, sans tenir compte des différences entre les constantes et les choses changeantes, qu’il s’agisse des textes ou de l’établissement des principes de motivation -tahqîq al-manât-. Cela trahit une transgression des normes scientifiques et une déviation méthodologique. De ce fait, la manière dont certains ont mis en scène la personnalité d’Ibn Taymiyya était mauvaise. Ils l’ont présenté comme quelqu’un qui n’a ni goût, ni sensibilité. Ils ne lui ont attribué que des insultes, des injures et des anathèmes. Dieu sait combien le shaykh de l’Islam est loin de tout cela et combien il en est innocent !

Si quelqu’un examine de manière exhaustive les fatwas d’Ibn Taymiyya et ses œuvres, il en tirera une multitude d’exemples qui débordent de réalités esthétiques et qui témoignent d’un goût spirituel raffiné de ce shaykh, aussi bien dans la théorie que dans la pratique. Si ce n’était la crainte de sortir de l’objet du livre, nous aurions exposé ce qui se dégage de certains de ces textes comme soupirs, gustations et fins états spirituels. Tu n’as qu’à lire les indications suivantes pour t’en rendre compte ; au sujet du samâ` (audition mystique) dans son sens légal[3], Ibn Taymiyya a parlé des états -ahwâl- qui adviennent au croyant quand il écoute le noble Coran, il a cité quelques versets et quelques hadiths à ce sujet, puis il a dit : « Tel était le samâ` des Anciens de la communauté, des plus grands de ses shaykhs et de ses imâms, tels que les Compagnons, les Suivants et les shaykhs qui vinrent après eux, comme Ibrâhîm b. Adham, Al-Fudayl b. `Iyyâd, Abû Sulaymân Ad-Dârânî, Ma`rûf Al-Karkhî, Yûsuf b. Asbât, Hudhayfa Al-Mar`ashî et leurs semblables. `Umar b. Al-Khattâb t disait à Abû Mûsâ Al-Ash`arî t : « Ô Abû Mûsâ, rappelle-nous notre Seigneur ! » Il récitait alors le Coran et eux d’entendre et de pleurer … En fait d’extases sublimes, de nobles gustations, d’accroissement de connaissances et des états grandioses, ce samâ` comporte des choses qu’aucun discours ne pourrait embrasser et aucun livre ne pourrait contenir ; de même que dans la méditation du Coran et sa compréhension il y a, comme accroissement de science et de foi, quelque chose dont aucun exposé ne pourra cerner ».

————————————————- [1] NDT : Allusion au hadith : « Les choses licites sont bien évidentes et les choses illicites sont bien évidentes. Entre les deux, il y a des choses équivoques que beaucoup de gens ignorent. Ainsi quiconque se met à l’abri des choses équivoques, préserve sa religion et son honneur. Et quiconque se laisse tomber dans les choses équivoques tombe dans les choses illicites, comme le berger qui fait paître son troupeau autour d’un enclos réservé, qui risque à tout moment de l’empiéter. Or chaque souverain a un domaine réservé : celui d’Allah est l’ensemble de Ses interdits. N’y a-t-il pas dans le corps humain un morceau de chair -mudgha- qui, s’il est bon, tout le corps le sera et s’il est corrompu, tout le corps le sera ? N’est-ce pas le cœur ? » [Hadith rapporté par Al-Bukhârî et Muslim].

[2] Fathu al-majîd sharh kitâb at-tawhîd de `Abd Ar-Rahmân Âl Ash-Shaykh, p. 53-54.

[3] N D T : Le sens du mot samâ` dépend du contexte dans lequel on l’utilise. Dans le contexte sunnite, il désigne tout simplement le « fait d’entendre ou d’écouter », l’ « audition ». Parfois, ce mot désigne la cérémonie soufie que certains ont appelée « concert spirituel » ou « audition mystique, musicale ». Cette deuxième forme de samâ` est blâmable, elle constitue une innovation en matière de religion -bid`a-. Il est question ici du samâ` coranique.