-Moubarak El Mili bras droit de l’imam Ibn Badis dit « lorsque les enfants d’une nation étudient l’histoire et apprennent ce que leur passé a de glorieux, ils n’acceptent plus le dénigrement et le rabaissement. Ils ressentent la fierté de la souveraineté et la joie de vivre. Ainsi ils rejettent la domination des oppresseurs. »
-En perdant sa culture l’algérien a perdu sa dignité.
-L’arme de la colonisation est l’assimilation, pour atteindre son but le colon devait faire disparaître l’influence des chefs en émancipant les individus et en créant la propriété individuelle.
-L’administration française ne reconnaît aucun droit aux musulmans, la condition pour entrée dans la république est leur abandon du statut personnel coranique, l’assimilation est la seule possibilité pour l’algérien d’obtenir des droits, l’assimilation est donc la volonté politique de la France d’arracher les algériens à leur identité arabo-islamique.
-En 1919 le parlement français met au point une série de loi pour protéger les privilèges des colons, on les appellera « les lois jonnart » ces lois proposent aux musulmans l’assimilation juridique, l’Algerien se naturalise français perdant son statut de musulman et son identité, ceci n’est qu’un os à ronger car en pratique le statut des algériens même naturalisés ne changeait pas, ils restaient inférieur juridiquement et politiquement.
L’association des savants algériens émis un décret qualifiant d’apostat quiconque se naturaliserait.
-De plus pour obtenir la naturalisation des démarches difficiles étaient exigées, pour l’obtenir il faut renoncer définitivement à son statut, à sa foi et ses valeurs, en définitive apostasier.
-Pour être naturalisé l’algérien doit abandonner sa législation sur les domaines du mariage et de l’héritage par exemple.
-La France s’engagea à donner des droits aux musulmans participant à la première guerre mondiale, des dizaines de milliers d’algériens moururent mais la France ne teint pas ses promesses.
L’émir Khaled rappela à la France ses engagements, les algériens avaient rempli leur part du contrat en libérant la France.
Celui ci ne cessa de rappeler que l’appel à la naturalisation n’était qu’une utopie et que jamais l’administration n’accepterait de naturalisation massivement les algériens et insista pour montrer que la France devait accepter que les algériens puissent être naturalisés tout en restant musulmans.
Celui ci ne cessait de rappeler aux algériens leur passé glorieux et leur histoire, cette dignité puisée dans les valeurs de l’islam agaçait le colon.
La France tenta alors de diaboliser l’émir Khaled, lui reprochant d’avoir lu Al Fatiha dans un regroupement de 2000 personnes ce qui était un appel à la guerre sainte.
-En contestant la naturalisation les oulémas s’attirent l’hostilité de l’administration voyant dans leur refus une reconnaissance d’illégitimité de la colonisation.
-Le Oulémas craignent que la jeunesse s’éloigne de son identité pour se dissoudre dans le modernisme.
-La chute du Dey en Algérie entraîne la fin du droit islamique, en 1859 le droit pénal est supprimé, la France instaure le 31/12 un ordre colonial pour les musulmans, elle fixe alors le « système de l’indigénat » fondé par Bugeaud en 1844 qui attribue à ses officiers le droit de punir par une justice impitoyable.
-Afin de transférer les richesses des algériens aux européens l’administration s’attaque à la législation islamique, trouvant son alibi dans des slogans tel que « modernisation » et « rationalisation » des textes.
-Ibn Badis principal acteur du mouvement de réforme « islah » commence son cheminement à Constantine, puis a Quairouan et le finalise au Hidjaz.
Installé à la Mecque il établi son plan de réforme avec El Ibrahimi.
De retour en Algérie son influence ne cesse de grandir, à la fin des années 30 sa réputation et son appel retentit à travers tout le monde musulman.
-Dans un premier temps il se consacre à restaurer les principes fondamentaux des dogmes islamiques, recentrant la pensée de ses élèves sur le tawhid.
-Il fonde par la suite son journal par le biais duquel il diffuse sa pensée réformiste auprès de la masse.
Il réforme l’apprentissage du Coran, il ne s’agit plus juste de le réciter mais de l’étudier, de le comprendre et il instaure une nouvelle matière dans le programme des écoliers: l’histoire!
-En 1931 il fonde l’association des oulémas musulmans algériens, regroupant une élite proche de la population et formée aux sources authentiques de l’islam.
Ces structures culturelles fondées par l’association auront un impact majeur sur la société, réformant le mode de vie et la pensée des algériens en un temps record et ce malgré les entraves de l’administration.
-Cette époque verra naître de grandes personnalités comme Malek Bennabi.
-A la veille de la 2nde guerre mondiale l’administration gèlera les activités de l’association, Ibn Badis ayant refusé d’apporter sa caution morale à l’effort de guerre français.
Malgré les pressions il resta inflexible.
-Ibn Badis et El Ibrahimi avaient conclu que le colonialisme était tant par la force que par le spirituel avec les actions des chefs de confréries alliés dociles du colonisateur, marchands de religion qui influençaient en mal insidieusement le peuple algérien, l’acculturation était le résultat des ces deux causes, la réforme ne pouvait venir que du retour des musulmans au Coran.
-Pour lui la survie de l’Algérie dépend de la préservation de son identité.
-Son but principal renouveler le tawhid dont le sens a été altéré par nombreuses voies soufis qui ont introduit dans le dogme et le culte des superstitions et des innovations, n’hésitant pas à les comparer aux moines et rabbins ayant fait commerce de la religion.
-Le tawhid est le catalyseur de la dynamique sociale et le moteur de l’histoire, il libère la morale en abolissant toute forme de culte voué à autre qu’Allah, il libère l’homme de tout sectarisme en affirmant l’infaillibilité au Coran et à la sunna uniquement, le tawhid enlève toute légitimité aux structures intermédiaires entre l’homme et Dieu, il est une libération sociale en rendant les hommes égaux devant Dieu, il émancipe les consciences de toute soumission passive ou résignée à
toute servitude imposée.
-Ibn Badis désigne le suivi des pieux prédécesseurs comme la voie du bonheur ici et du bonheur éternel, les musulmans doivent les prendre pour modèle.
-S’en prenant aux hérétiques il dit « ces tendances aberrantes n’aboutissent qu’à évacuer la religion de son contenu culturel et moral et n’en conserve le que les apparences trompeuses pour des fins purement intéressées. »
-Ibn Badis met en garde la jeunesse contre le danger majeur qui les guette: la modernité.
Pas la modernité des sciences mais la modernité qui au nom du progrès technique et de l’essor économique a laminé toutes les valeurs qui font l’humanité, créant un mode de vie traduit par un dérèglement total des mœurs.
-L’administration exclue les algériens de l’école pour motif : activités politiques anti françaises pour le simple fait de refuser de consommer du porc ou pour avoir fait la prière, ainsi l’administration sélectionne les futures élites de la population algérienne.
-Le modernisme pour Ibn Badis c’est un monde désacralisé où toutes les valeurs humaines les plus fondamentales cèdent le pas devant la valeur marchande des objets; c’est ce monde qui fait des hommes de simples instruments au service des choses.
-Censuré par l’administration certains algériens ayant adhéré à la pensée réformiste d’Ibn Badis se mirent à écrire des romans à travers lesquels ils propagent le message de l’islam de façon indirecte et non censurable, parmi ceux ci « Myriam dans les palmes » l’histoire d’une musulmane mariée a un colonel français de qui elle a deux enfants a qui elle inculque les valeurs de l’islam secrètement.
-Ould cheikh à travers son roman montre que l’islam n’est pas responsable du retard des musulmans comme les instituteurs des écoles coloniales l’affirment mais que les innovations introduites dans la religion, les mœurs nouvelles ont oblitéré le tawhid et fait apparaître le chirk ce qui causa le déclin du monde musulman .
-L’imam Ibn Badis explique que les musulmans d’aujourd’hui à cause de leur ignorance et leur division sont une grande épreuve pour les occidentaux car ils les repulsent de l’islam et eux sont une épreuve pour nous car leur puissance nous fait les imiter au point de les suivre même dans leurs vices.
-Ibn Badis eut une attitude différente des autres savants au sujet de Mustapha Kemal, il dit « les turcs n’ont pas aboli le califat dans son sens islamique. Ils ont simplement supprimé un régime qui leur était propre et mis fin au symbole illusoire par lequel on cherchait à séduire les musulmans. »